Le martyrologe romain fait aujourd’hui mémoire des « saints ancêtres de Jésus-Christ ».
En cette veille de la Nativité du Christ, l’Eglise commémore en effet ensemble « tous les saints ancêtres de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham, fils d’Adam », qui plurent à Dieu et furent trouvés justes et fermes dans la foi jusqu’à la mort, sans aucun compromis. C’est d’eux en effet qu’est né dans notre histoire le Christ selon la chair, lui qui est « au-dessus de tous, Dieu béni dans les siècles ».
Les évangiles selon saint Matthieu (1, 1-17) et selon saint Luc (3, 23-38) proposent chacun une généalogie du Christ dont le sens est d’abord théologique.
Saint Matthieu lui confère une importante particulière en la plaçant en tête de son récit. L’évangéliste l’organise en trois fois quatorze générations: d’Abraham à David, de David à la déportation à Babylone, de Babylone au Christ.
Il mentionne quatre femmes, tenues en grande estime dans la tradition juive, par lesquelles le salut du peuple est advenu en dépit du péché des hommes: Thamar, Rahab, Ruth, et « la femme d’Urie ». Thamar, dont la Bible dit qu’elle fut « juste »; Rahab, la prostituée par qui passe le salut du peuple élu; Ruth, qui s’attacha aux coutumes et au Dieu d’Israël, bien qu’issue des Nations; la femme d’Urie, mère de Salomon, qui relie le Messie à la royauté davidique. La réalisation du salut promis avance de génération en génération en dépit des obstacles.
La généalogie matthéenne s’achève par ce verset étonnant qui contient une « anomalie », signe d’une intervention divine dans la chaîne des filiations de père en fils: « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus que l’on appelle Christ » (v. 16). C’est la paternité légale de Joseph qui est ainsi mise en valeur. Mais aussi la nature extraordinaire de la naissance du Christ « de Marie ».
Luc, lui, part de Joseph pour remonter jusqu’à Adam, l’homme sans nombril, « fils de Dieu », signifiant l’universalité du salut.
Mais au-delà des généalogies théologiques, ce sont tous ceux, connus et inconnus, dont le Christ descend selon la chair qui se réjouissent en ce jour de la venue de ce Sauveur emmailloté de langes que les bergers et les mages d’Orient vont adorer à Bethléem de Juda, en écoutant les anges et en suivant l’étoile.