L'avenir d'un peuple: les jeunes et les personnes âgées

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Vol pour Rio, rencontre du pape avec les journalistes

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Isoler les jeunes ou les personnes âgées, c’est « commettre une injustice », estime le pape François : « Un peuple a un avenir s’il va de l’avant avec ces deux réalités : avec les jeunes, avec la force, parce qu’ils le portent vers l’avant ; et avec les personnes âgées parce que ce sont elles qui donnent la sagesse de la vie ».

Lundi 22 juillet au matin, au cours du voyage en avion vers le Brésil, à l’occasion de la XXVIIIème JMJ de Rio de Janeiro (22-29 juillet 2013), le pape François a salué les 71 professionnels de la communication à bord de son avion. Il n’a pas donné de conférence de presse mais leur a adressé un petit discours et les a ensuite rencontrés un par un.

Le dialogue du pape avec les journalistes a été introduit par le directeur de la salle de presse vaticane, le P. Federico Lombardi. Nous avons présenté un résumé de cette rencontre, hier, lundi 22 juillet (http://www.zenit.org/fr/articles/le-pape-francois-pour-une-societe-inclusive), voici maintenant la transcription intégrale du texte.

Dialogue avec les journalistes

P. Lombardi : Saint-Père, soyez le bienvenu parmi cette communauté volante de journalistes, de professionnels  de la communication. Nous sommes très émus de vous accompagner dans votre premier voyage intercontinental, international, après vous avoir suivi à Lampédouse avec beaucoup d’émotion ! Par ailleurs, c’est votre premier voyage sur votre continent, au bout du monde. C’est un voyage avec les jeunes. Cela éveille donc un grand intérêt. Comme vous le voyez, nous avons occupé tous les sièges disponibles pour les journalistes sur ce vol. Nous sommes plus de 70, et ce groupe est composé selon des critères très variés : il y a des représentants des télévisions – rédacteurs et cameramen -, il y a des représentants de la presse écrite, des agences de presse, de la radio, des professionnels d’internet… Pratiquement, tous les médias sont donc représentés par des personnes qualifiées. Et les cultures, les différentes langues, sont aussi représentées. Nous avons sur ce vol un bon groupe d’Italiens et puis il y a aussi les Brésiliens qui sont même venus du Brésil pour voyager avec vous : nous avons dix Brésiliens venus exprès dans ce but. Il y a dix personnes des États-Unis d’Amérique, neuf de France, six d’Espagne ; et puis il y a des Anglais, des Mexicains, des Allemands ; et sont aussi représentés le Japon, l’Argentine, naturellement, la Pologne, le Portugal, la Russie. Nous sommes donc une communauté très variée. Parmi les personnes présentes, nombreuses sont celles qui suivent souvent les voyages du pape à l’étranger et elles n’en sont donc pas à leur première expérience ; au contraire, certaines d’entre elles ont beaucoup voyagé, elles connaissent ces voyages bien mieux que vous. D’autres, en revanche, sont là pour la première fois parce que, comme par exemple les Brésiliens, elles suivent spécifiquement ce voyage. Alors nous avons pensé vous accueillir dans ce groupe, avec la voix de l’un de nous, ou plutôt l’une de nous, qui a été choisie – je crois sans problèmes particuliers de concurrence – parce qu’elle est certainement la personne qui a fait le plus de voyages à l’étranger avec le Saint-Père : elle est en compétition avec le docteur Gasbarri quant au nombre de voyages effectués. Et puis c’est quelqu’un qui vient de votre continent, qui pourra donc s’adresser à vous en espagnol, dans votre langue ; et c’est aussi une personne, entre autres, qui est une femme, et il était donc juste qu’elle nous représente. Je passe donc tout de suite la parole à Valentina Alazraki, qui est la correspondante de Televisa depuis de nombreuses années, mais elle est toujours jeune, comme vous le voyez, et nous sommes contents de l’avoir avec nous parce qu’elle s’est cassé un pied il y a quelques semaines et nous avons eu peur qu’elle ne puisse pas venir. Finalement, elle a réussi à être dans les temps, on lui a enlevé son plâtre il y a deux ou trois jours et elle est déjà dans cet avion. C’est donc elle qui se fait l’interprète des sentiments de notre communauté volante pour vous.

Valentina Alazraki (en espagnol) : Pape François, bonjour ! Mon seul mérite, qui me vaut le privilège de vous souhaiter la bienvenue, est le très grand nombre d’heures de vol que j’ai à mon actif. J’ai participé au premier voyage de Jean-Paul II au Mexique, mon pays. À l’époque, j’étais la mascotte, maintenant je suis la doyenne, 34 ans plus tard ! C’est pour cette raison que j’ai le privilège de vous souhaiter la bienvenue. Nous avons appris de vos amis et collaborateurs en Argentine que les journalistes ne sont pas précisément « des saints pour lesquels vous avez une dévotion ». Peut-être aurez-vous pensé que le Père Lombardi vous a amené dans la fosse aux lions… Mais la vérité est que nous ne sommes pas si féroces et que nous avons beaucoup de plaisir à pouvoir être vos compagnons de voyage. Nous aimerions que vous nous voyiez comme cela, comme des compagnons de voyage en cette occasion, et dans toutes celles qui suivront. Évidemment nous sommes des journalistes et si aujourd’hui, demain ou dans les jours qui viennent, vous désirez répondre à des questions, nous ne dirons pas non, parce que nous sommes des journalistes. Nous avons vu que vous avez confié ce voyage à Marie en allant à Sainte Marie Majeure, et vous irez à Aparecida, et j’ai pensé vous offrir un petit cadeau, une toute petite Vierge pèlerine pour qu’elle vous accompagne au cours de ce pèlerinage et de tant d’autres encore. Il se trouve que c’est la Vierge de Guadalupe, cependant ce n’est pas parce qu’elle est la reine du Mexique, mais parce qu’elle est la patronne de l’Amérique ; ainsi, aucune Vierge ne s’en offensera, ni celle d’Argentine, ni celle d’Aparecida, ni aucune autre. Je vous l’offre avec énormément d’affection de la part de chacun de nous et dans l’espérance qu’elle vous protègera au cours de ce voyage et de tous les prochains.

Père Lombardi : Et maintenant nous donnons la parole au Saint-Père, naturellement, pour qu’il nous dise au moins quelques mots d’introduction à son voyage.

Pape François : Bonjour. Bonjour à tous. On a dit, j’ai entendu, des choses un peu étranges : « Vous n’êtes pas des saints pour qui j’ai une dévotion », « Je suis ici au milieu des lions », mais pas si féroces, hein ? Merci. C’est vrai, je ne donne pas d’interview mais parce que je ne sais pas, je ne peux pas, c’est comme ça. Pour moi, c’est un peu fatigant de le faire, mais je vous remercie pour votre compagnie. Ce premier voyage a pour but précis d’aller trouver les jeunes, mais pas pour les trouver isolés de leur vie, je voudrais les trouver justement dans le tissu social, dans la société. Parce que, quand nous isolons les jeunes, nous commettons une injustice, nous leur enlevons leur appartenance. Les jeunes ont une appartenance, une appartenance à une famille, à une patrie, à une culture, à une foi… Ils ont une appartenance et nous ne devons pas les isoler ! Mais surtout, ne pas les isoler de l’ensemble de la société ! Ils sont, véritablement, l’avenir d’un peuple ; c’est vrai, cela ! Mais pas seulement eux. Eux, ils sont l’avenir parce qu’ils ont la force, ils sont jeunes, ils iront de l’avant. Mais à l’autre extrême de la vie, les personnes âgées sont aussi l’avenir d’un peuple. Un peuple a un avenir s’il va de l’avant avec ces deux réalités : avec les jeunes, avec la force, parce qu’ils le portent vers l’avant ; et avec les personnes âgées parce que ce sont elles qui donnent la sagesse de la vie. Et bien souvent, je pense que nous commettons une injustice à l’égard des
personnes âgées, nous les laissons de côté comme si elles n’avaient rien à nous donner ; elles ont la sagesse, la sagesse de la vie, la sagesse de l’histoire, la sagesse de la patrie, la sagesse de la famille. Et nous en avons besoin! C’est pour cela que je dis que je vais trouver les jeunes, mais dans leur tissu social, principalement avec les personnes âgées.

Il est vrai que la crise mondiale ne fait pas de bien aux jeunes. J’ai lu la semaine dernière le pourcentage des jeunes sans travail. Pensez que nous courons le risque d’avoir une génération qui n’a pas eu de travail, et c’est du travail que vient la dignité de la personne, quand elle peut gagner son pain. Les jeunes, actuellement, sont en crise. Nous nous sommes un peu habitués à cette culture du déchet : avec les personnes âgées, c’est ce qui se fait trop souvent ! Mais maintenant aussi avec tous ces jeunes sans travail, la culture du déchet les atteint eux aussi. Nous devons rompre avec cette habitude d’éliminer ! Non ! Une culture de l’inclusion, une culture de la rencontre, faire un effort pour insérer tout le monde dans la société ! C’est un peu le sens que je veux donner à cette visite aux jeunes, aux jeunes dans la société. Je vous remercie beaucoup, très chers « saints sans dévotion » et « lions pas si féroces » ! Mais merci beaucoup, merci beaucoup. Et je voudrais vous saluer, chacun de vous. Merci.

Père Lombardi : Merci mille fois, Sainteté, pour cette introduction si éloquente. Et maintenant ils vont tous venir vous saluer : ils passeront par ici, comme cela ils pourront venir et chacun d’eux pourra vous connaître, se présenter ; que chacun dise d’où il vient, quelle télévision, quel journal il représente. Comme cela, le pape pourra le saluer et le connaître…

Pape François : Nous avons dix heures…

[Les journalistes passent un par un pour rencontrer le pape…]

Père Lombardi : Vous avez vraiment tous fini ? Oui ? Magnifique ! Nous remercions vraiment de tout cœur le pape François parce que cela a été, je crois, pour chacun de nous, un moment inoubliable et je crois que c’est une grande introduction à ce voyage. Je crois que vous vous êtes un peu gagné le cœur de ces « lions », de sorte que pendant le voyage, ils seront vos collaborateurs, c’est-à-dire qu’ils comprendront votre message et le diffuseront avec une grande efficacité. Merci, Sainteté.

Pape François : Je vous remercie vraiment et je vous demande de m’aider et de collaborer pendant ce voyage, pour le bien, pour le bien, le bien de la société, le bien des jeunes et le bien des anciens, tous ensemble, vous et moi, n’oubliez pas ! Et moi, je reste un peu comme le prophète Daniel : un peu triste, parce que j’ai vu que les lions n’étaient pas si féroces ! Merci beaucoup, merci beaucoup ! Je vous embrasse tous ! Merci !

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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ZENIT Staff

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