Travailler pour les finances du Vatican, c'est « une façon de servir l’Église », estime Ernst von Freyberg, qui témoigne de ses objectifs de « transparence », afin que la lumière de « l’Évangile » soit victorieuse de « l'ombre » y compris dans les transactions financières.
L'avocat d’affaires et industriel allemand, Ernst von Freyberg, a été nommé président de l'« l’Institut pour les oeuvres de religion » (IOR), en février dernier (cf. Zenit du 15 février 2013). Il parle du rôle de l'Institut dans un entretien publié par L'Osservatore Romano du 1er juin 2013.
Pas de but lucratif
L'IOR, explique-t-il, est « au service de l’Église dans le monde », il fournit « une protection pour les fonds des institutions de l'Église, du clergé et des employés du Vatican » mais également soutient financièrement le Vatican « par le surplus généré », si surplus il y a.
L'Institut compte 19.000 clients et près de 7 milliards d'euros sous sa gestion, précise le président, qui souligne que ces clients « ont le choix » et ont choisi l'IOR car ils se sentent « en sécurité » et « bien servis ». En effet, l'IOR n'est pas « une entreprise à but lucratif » et a pour mission « de servir ses clients dans les bons moments comme dans les mauvais moments ».
Beaucoup d'ordres religieux et de diocèses qui placent leurs fonds à l'IOR les utilisent entièrement « au service de l’Église dans le monde entier », pour « des hôpitaux, des cliniques, des missions, des écoles.... ». Ils font « un travail formidable au service des pauvres », et l'IOR « les aide dans cette mission », estime-t-il.
Ernst von Freyberg insiste : « nous ne faisons pas cela pour un gain économique, mais dans le seul intérêt de servir l’Église. Tout ce que nous gagnons sert à la mission de l'Église. Il faudra beaucoup de temps pour que ce message passe... nous allons prendre un jour à la fois, mais dans deux ou trois ans, la perception de l'IOR va changer ».
En résumé, « l'IOR fournit un service extraordinaire pour l’Église catholique et pour tout ce qu'elle fait dans le monde ». Mais il doit « fournir ses services de façon à ne pas occulter le message de l'Eglise » : que « l'ombre soit écartée » et que « brille l’Évangile ».
Une façon de servir l'Eglise
Les objectifs du président concernent trois domaines : d'une part, les systèmes internes de l'IOR doivent être exemplaires, avec « une tolérance zéro pour l'activité illégale ».
Par ailleurs, ajoute-t-il, une « meilleure communication », dans la « transparence », est nécessaire, aussi bien avec « la Curie » qu'avec les « clients » et « avec le monde en général ». Dans cette optique, l'IOR s'est déjà engagé à publier son rapport annuel et à créer un site web (cf. Zenit du 16 mai 2013).
Enfin, d'ici « la fin de l'été », l'équipe entend « créer la base pour l'avenir de l'IOR », en améliorant les procédures et en ajustant les structures.
Évoquant son poste de travail, Ernst von Freyberg souligne qu'il n'a pas posé de candidature : il a été « appelé », probablement pour « son expérience et sa fidélité à l’Église », et il a accepté l'offre comme « une excellente façon de servir le pape et l’Église ».
Le président assiste de temps en temps à la messe du matin avec le pape, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, et se dit très marqué par ses homélies « très inspirantes », notamment par l'une d'entre elle où le pape avait exhorté à « distinguer entre les fantômes et la réalité ». A l'IOR, fait observer Ernst von Freyberg, « il y a tellement de "fantômes" du passé que le plus grand risque est que nous chassions les fantômes et que nous ne nous concentrions pas sur la réalité ».
Au terme d'une messe, le pape a serré la main de chacun des employés de l’Institut : « ce signe d'affection est un rappel fort de notre responsabilité en tant qu'Institut lié à l’Église », souligne-t-il.
Alors que l'Autorité d'information financière (AIF), a signalé six cas de transactions suspectes au cours de l'année 2012, déjà sept ont été rapportées pour 2013 : « ce sont de bonnes nouvelles », se réjouit Ernst von Freyberg, qui constate la réussite du système d'anti-blanchiment. En outre, rappelle-t-il, « ce ne sont que des transactions suspectes. Il se pourrait bien qu'il n'y a rien derrière ».
Quoiqu'il en soit, le président est décidé à « être absolument certain que nous avons des comptes propres et des transactions propres ».