« Un milliard de personnes vont au lit le ventre vide » chaque soir, dénonce le Saint-Siège, pour qui cette situation est « une honte », alors que la planète a suffisamment de ressources pour tous.
Mgr Francis A. Chullikatt, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies de New-York, a pris la parole lors de la 3e session du Groupe de travail sur les objectifs du développement durable, sur le thème « La sécurité alimentaire et la nutrition, l’agriculture durable, la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse », le 23 mai 2013.
Suffisamment de nourriture pour tous
« Près d’un milliard d’êtres humains vont au lit le ventre vide chaque jour », et « la malnutrition reste le plus grand risque sanitaire dans le monde avant le SIDA, le paludisme et la tuberculose », a dénoncé l’archevêque, pour qui cette situation est un « scandale » et une « honte ».
Le « monde sans misère » est « aujourd’hui à portée de main », a-t-il estimé, car la communauté internationale a la capacité de « produire suffisamment de nourriture pour tous les êtres humains » : la production alimentaire mondiale « dépasse maintenant ce qui est nécessaire » pour « l’accès universel à des quantités suffisantes d’aliments et de nutrition ».
Mais ce voeu « restera à jamais insaisissable et imaginaire » si rien n’est fait pour juguler « les distorsions du marché par la spéculation financière excessive sur les denrées alimentaires, les conflits armés, le détournement des ressources alimentaires pour la production d’énergie, le gaspillage des ressources alimentaires et l’échec à fournir un accès aux marchés pour les producteurs des pays en développement ».
Impératif du respect de la dignité humaine
Le Saint-Siège a condamné « le spectacle grotesque des denrées alimentaires détruites afin de préserver des prix de marché plus élevés pour les producteurs », pratique « qui privilégie le profit économique sur les besoins de ceux qui meurent de faim ».
La nourriture étant un « droit fondamental de tous les êtres humains », elle « ne doit jamais être traitée comme n’importe quelle autre marchandise », a souligné Mgr Chullikatt.
De même, a-t-il poursuivi, la faim n’est pas « un simple souci technique ou environnemental, solvable par une équation mathématique et des programmes draconiens de contrôle de la population », mais c’est « un problème moral et humain », qui requiert « le respect de la dignité humaine dans tous les aspects de la production et de la consommation alimentaire ».
Propager une culture de partage
A cette lumière, la lutte contre la malnutrition nécessite « non seulement le désir de l’esprit », mais aussi « une détermination responsable du cœur » dans « un engagement de vraie solidarité, qui propage une culture de partage ».
Il s’agit d’aller « au-delà des discussions de rentabilité économique pure » et de « promouvoir le développement intégral de tout l’homme et de tous les hommes ».
Le Saint-Siège a appelé à fournir « un financement adéquat » et « des ressources technologiques » aux agriculteurs des pays en développement. Il a souhaité une « réforme agraire ouverte et inclusive », afin que les propriétés foncières et les moyens de production agricole « ne soient pas concentrés entre les mains de quelques-uns ».
Cette réforme, a fait observer Mgr Chullikatt, exige de promouvoir « des politiques qui investissent dans la famille » et dans « la formation solide, la mise à jour constante et l’assistance technique » des agriculteurs et des coopératives.
« L’accès à la nourriture est intrinsèquement et indissolublement liée à la protection et à la promotion du droit fondamental à la vie, à chaque étape et à chaque âge », c’est pourquoi « l’élimination de la faim est un impératif moral », a-t-il conclu.