Une nouvelle chaire au service de la classe politique de l’Afrique est créée au sein de l’Aire internationale de recherche de l’Université pontificale du Latran. Elle est dédiée au cardinal Béninois Bernardin Gantin (1922-2008).
Le cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical « Cor Unum », M. Thomas Boni Yayi, président de la république du Bénin, Mgr Patrick Valdrini, recteur de l’Université du Latran, et le Prof. Martin Nkafu Nkemnkia, directeur du département des sciences humaines et sociales – Etudes africaines de l’Université, ont participé à la présentation de la Chaire « socialisation politique en Afrique », ce matin, 23 mai 2013, au Vatican.
Le monde chrétien et la culture
Le cardinal Gantin était un grand ami de Benoit XVI, qui a rendu hommage à « sa sagesse prudente, sa solide foi et son attachement sincère au Christ … une vie dépensée pour l’Eglise », vie qui était « une synthèse merveilleuse de la culture et de l’identité africaines, et des valeurs évangéliques » (23 mai 2008).
Lors de son voyage au Bénin en 2011, Benoît XVI est allé se recueillir sur la tombe du cardinal (cf. Zenit du 19 novembre 2011). Ils avaient tous deux été créés cardinaux le même jour, le 27 juin 1977, par Paul VI.
Le cardinal Sarah a précisé que cette Chaire était dédiée au cardinal Gantin « pour ce que sa vie a représenté pour le peuple du Bénin, pour l’Eglise en Afrique et pour l’Eglise Universelle. Un modèle de chrétien en communion avec le Successeur de Saint Pierre apôtre : l’évêque de Rome ».
Sa contribution, a-t-il poursuivi, appelle « à une participation du monde chrétien à la culture et à la politique en tant que forme principale de service pour l’amélioration de la société et le bien-être spirituel de l’homme ».
Le cardinal a souhaité que la nouvelle Chaire « puisse être le début d’une réflexion sur la politique en contexte africain » et « une préparation des futurs responsables de la société africaine de demain, selon les orientations de la Doctrine sociale de l’Eglise ».
Renouvellement des institutions politiques
Le Prof. Martin Nkafu Nkemnkia a décrit quant à lui le fonctionnement et l’organisation de la Chaire, « une Chaire internationale capable d’élaborer les principes philosophiques et politiques et de développer en même temps les réalités sociales du vécu culturel du continent africain ».
Cette initiative « offre l’occasion de réfléchir sur les défis, les stratégies et les perspectives futures de la politique comme service à la communauté, au peuple et à la nation dans le contexte africain », a-t-il ajouté.
« De par sa variété ethnique, l’Afrique demeure un véritable laboratoire politique et social », a-t-il estimé : « la démocratie en Afrique peut être une nouvelle voie pour les sociétés modernes qui, à travers le progrès scientifique et technologique, ne désirent pas déprimer les principes fondamentaux à la base de la cohabitation civile ».
Il s’agira de « faire ressortir la contribution que le continent africain peut offrir au débat culturel international, en exprimant dans le domaine de la Doctrine Sociale de l’Eglise, son apport pour le renouvellement des institutions politiques à l’ère de la post-globalisation ».
La Chaire sera aussi au service de « la formation d’une classe dirigeante, motivée par de vraies racines éthiques afin de dépasser les difficiles situations de crise et de corruption, tant du personnel politique que de la même société civile, à travers une juste vision économique et une forme équilibrée de services que la politique peut offrir ».
Développement durable de l’Afrique
M. Thomas Boni Yayi, venu du Bénin spécialement pour l’inauguration, a expliqué que la Chaire cardinal Gantin « travaillera en symbiose avec la Fondation cardinal Gantin, créée par le gouvernement du Bénin en liaison avec la Conférence épiscopale du Bénin, le 13 mai 2009 ».
Avec la Fondation, la Chaire « organisera des recherches et des enseignements à l’intention des hommes politiques africains en général et des élus locaux en particulier », a-t-il expliqué. Elle contribuera « à la création au Bénin de l’Académie du Développement local », qui « rassemblera des experts de très haut niveau pour la formation et le suivi sur le terrain des élus locaux et des populations », au service du développement durable.
Dans les mois à venir, la Chaire organisera un atelier à l’intention des maires africains, sur le thème : « Le management du développement local en vue de la lutte contre la pauvreté », a-t-il annoncé.
A Rome, la Chaire Gantin a aussi pour objectif « d’organiser des enseignements et des recherches sur la socialisation politique en Afrique », a souligné Thomas Boni Yayi, précisant que la socialisation politique « ne se réduit pas à la transmission d’une culture politique nationale, mais aboutit à la formation d’une identité partisane, résultant de l’existence d’une pluralité de cultures au sein de la société (cultures de classes, cultures locales) ».
Si cette socialisation « favorise une reproduction sociale des comportements et des attitudes politiques, elle n’élimine pas toutefois les possibilités d’adaptation ou de changement d’opinion », a-t-il estimé.