Comme il le fait souvent, le pape François a proposé un examen de conscience aux quelque 50 000 personnes rassemblées place Saint-Pierre pour l’audience générale de ce mercredi 22 mai. Le pape a en effet proposé ces questions: « Nous devrions tous nous demander : comment est-ce que je me laisse guider par l’Esprit-Saint, de sorte que ma vie et mon témoignage de foi soient signes d’unité et de communion ? Est-ce que, dans le milieu dans lequel je vis, j’apporte la parole de réconciliation et d’amour qu’est l’Évangile ? »
Le pape invite à devenir « dans notre monde des instruments de l’unité et de la communion ».
Catéchèse du pape en italien
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans le Credo, aussitôt après avoir confessé notre foi dans l’Esprit-Saint, nous disons : « Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique ». Il y a un lien profond entre ces deux réalités de foi : c’est l’Esprit-Saint, en effet, qui donne vie à l’Église, qui guide ses pas. Sans la présence et l’action incessante de l’Esprit-Saint, l’Église ne pourrait pas vivre et ne pourrait pas accomplir la tâche que Jésus ressuscité lui a confiée d’aller de toutes les nations faire des disciples (cf. Mt 28, 18).
Évangéliser est la mission de l’Église, pas seulement la mission de quelques-uns, mais la mienne, la tienne, c’est notre mission. L’apôtre Paul s’exclamait « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16). Chacun de nous doit être un évangélisateur, surtout par sa vie ! Paul VI soulignait que « évangéliser est… la grâce et la vocation propre de l’Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser » (Exhort. apost. Evangelii nuntiandi, 14).
Qui est le véritable moteur de l’évangélisation dans notre vie et dans l’Église ? Paul VI écrivait clairement : « Il [l’Esprit-Saint] est celui qui, aujourd’hui comme aux débuts de l’Église, agit en chaque évangélisateur qui se laisse posséder et conduire par lui, et met dans sa bouche les mots que seul il ne pourrait trouver, tout en prédisposant aussi l’âme de celui qui écoute pour le rendre ouvert et accueillant à la Bonne Nouvelle et au Règne annoncé » (ibid. 75). Alors, pour évangéliser, il est nécessaire, encore une fois, de s’ouvrir à l’horizon de l’Esprit de Dieu, sans crainte de ce qu’il nous demandera et de là où il nous conduira. Confions-nous à lui ! Il nous rendra capables de vivre notre foi et d’en témoigner et il illuminera le cœur de ceux que nous rencontrons. C’était cela l’expérience de la Pentecôte : les apôtres, réunis avec Marie au Cénacle, « virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent alors remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » (Ac 2, 3-4). L’Esprit-Saint, en descendant sur les apôtres, les fait sortir de la salle où ils étaient enfermés par peur, les fait sortir d’eux-mêmes et les transforme en annonciateurs et témoins des « merveilles de Dieu » (v. 11). Et cette transformation opérée par l’Esprit-Saint se réfléchit sur la foule accourue sur place et originaire « de toutes les nations qui sont sous le ciel » (v. 5), parce que chacun entendait les paroles des apôtres comme si elles étaient prononcées dans leur propre langue (v. 6).
Il y a là un premier effet important de l’action de l’Esprit-Saint qui guide et anime l’annonce de l’Évangile : l’unité, la communion. À Babel, d’après le récit biblique, la dispersion des peuples et la confusion des langues avaient commencé, fruit du geste de suffisance et d’orgueil de l’homme qui voulait construire, par ses propres forces, sans Dieu, « une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux » (Gn 11, 4). À la Pentecôte, ces divisions sont dépassées. Il n’y a plus d’orgueil vis-à-vis de Dieu, ni de fermeture des uns par rapport aux autres mais il y a l’ouverture à Dieu, on sort pour annoncer sa Parole : une langue nouvelle, celle de l’amour que l’Esprit-Saint a répandu dans nos cœurs (cf. Rm 5, 5) ; une langue que tous peuvent comprendre et qui, si on l’écoute, peut s’exprimer dans toute existence et dans toute culture. La langue de l’Esprit, la langue de l’Évangile, est la langue de la communion, qui invite à dépasser les fermetures et l’indifférence, les divisions et les oppositions. Nous devrions tous nous demander : comment est-ce que je me laisse guider par l’Esprit-Saint, de sorte que ma vie et mon témoignage de foi soient signes d’unité et de communion ? Est-ce que, dans le milieu dans lequel je vis, j’apporte la parole de réconciliation et d’amour qu’est l’Évangile ? Parfois, il semble que ce qui est arrivé à Babel se répète aujourd’hui : divisions, incapacité de se comprendre, rivalités, envies, égoïsme. Et moi, qu’est-ce que je fais de ma vie ? Est-ce que je fais l’unité autour de moi ? Ou est-ce que je divise, par mes bavardages, mes critiques, mes envies ? Qu’est-ce que je fais ? Réfléchissons-y. Apporter l’Évangile, c’est commencer par annoncer et vivre la réconciliation, le pardon, la paix, l’unité, l’amour que l’Esprit-Saint nous donne.
Souvenons-nous des paroles de Jésus : « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 34-35).
Un second élément : le jour de la Pentecôte, Pierre, rempli de l’Esprit-Saint, se met debout « avec les onze », « élève la voix » (Ac 2, 14) et, « en toute assurance » (v. 29), annonce la bonne nouvelle de Jésus qui a donné sa vie pour notre salut et que Dieu a ressuscité des morts. Voilà un autre effet de l’action de l’Esprit-Saint : le courage d’annoncer la nouveauté de l’Évangile de Jésus à tous, avec assurance (parresia), à voix haute, en tout temps et en tout lieu. Et cela se produit encore aujourd’hui pour l’Église et pour chacun de nous : le feu de la Pentecôte, l’action de l’Esprit-Saint libèrent sans cesse de nouvelles énergies pour la mission, de nouvelles voies où annoncer le message du salut, un nouveau courage pour évangéliser. Ne nous fermons jamais à cette action ! Vivons l’Évangile avec humilité et courage ! Témoignons de la nouveauté, de l’espérance, de la joie que donne le Seigneur dans notre vie. Éprouvons « la douce et réconfortante joie d’évangéliser » (Paul VI, Exhort. Apost. Evangelii nuntiandi, 80). Parce que évangéliser, annoncer Jésus, nous donne de la joie ; l’égoïsme, en revanche, nous rend amers, tristes, nous démoralise ; l’évangélisation nous tire vers le haut.
J’indique simplement un troisième élément, mais qui est particulièrement important : une nouvelle évangélisation, une Église qui évangélise, doit toujours partir de la prière, de la demande, comme pour les apôtres au Cénacle, du feu de l’Esprit-Saint. Seule une relation fidèle et intense avec Dieu nous permet de sortir de nos fermetures et d’annoncer l’Évangile avec parresia. Sans la prière, notre agir devient vide et notre annonce n’a pas d’âme, elle n’est pas animée par l’Esprit-Saint.
Chers amis, comme l’a affirmé Benoît XVI, aujourd’hui, l’Église « sent surtout le vent de l’Esprit Saint qui nous aide, nous montre la vraie voie ; et ainsi, avec un nouvel enthousiasme, il me semble, nous sommes en chemin et nous rendons grâce au Seigneur » (Paroles à l’Assemblée ordinaire du synode des évêques, 27 octobre 2012). Renouvelons chaque jour notre confiance dans l’action de l’Esprit-Saint, ayons confiance qu’il agit en nous, qu’il
est en nous, qu’il nous donne le zèle apostolique, qu’il nous donne la paix, qu’il nous donne la joie. laissons-nous guider par lui, soyons des hommes et des femmes de prière, qui témoignent courageusement de l’Évangile, devenant dans notre monde des instruments de l’unité et de la communion de Dieu. Merci !
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat