« N’ayons pas peur des engagements définitifs, des engagements qui impliquent et concernent toute la vie ! De cette façon notre vie sera féconde ! », a exhorté le pape François lors du chapelet qu’il a présidé ce soir en la basilique Sainte-Marie-Majeure.
Le pape François a en effet célébré sa « prise de possession » de Sainte-Marie-Majeure, ce 4 mai 2013. La prise de possession des quatre basiliques papales de Rome fait partie des rites de l’inauguration du pontificat: il s’agissait aujourd’hui de la dernière basilique, après Saint-Pierre le 19 mars, Saint-Jean-du-Latran le 7 avril et Saint-Paul-hors-les-Murs le 24 avril.
Accueilli par le chapitre de la basilique à son arrivée, le pape a embrassé un crucifix, avant de vénérer l’antique icône de la Vierge « Salut du Peuple Romain » (Salus Populi Romani), placée près de l’autel.
C’est auprès de cette icône, objet d’une dévotion particulière au moins depuis le XIIIe siècle, que le pape avait déposé des fleurs au lendemain de son élection, le 14 mars dernier. C’était la première visite de son pontificat.
Pour sa deuxième visite, le pape a présidé la prière du chapelet, entouré de croyants du diocèse. Le cardinal Santos Abril y Castelló, archiprêtre de la basilique, a introduit la célébration par un mot d’accueil.
Après les litanies dédiées à la Vierge Marie, le pape a donné une méditation, improvisant quelques paroles de remerciement pour le cardinal Abril y Castelló, « cet ami et frère », connu « à l’autre bout du monde ». Le cardinal espagnol a en effet été nonce apostolique en Argentine.
« Marie, en bonne mère, nous éduque à être comme Elle, capables de faire des choix définitifs, avec cette pleine liberté, par laquelle elle a répondu “oui” au plan de Dieu dans sa vie », a notamment expliqué le pape, rappelant que la liberté n’était pas « faire tout ce que l’on veut », ni « passer d’une expérience à l’autre sans discernement » : « la liberté nous est donnée afin que nous sachions faire les bons choix dans la vie », et surtout « des choix définitifs ».
En repartant, le pape a salué la foule, béni de nombreux enfants et des personnes handicapées.
Méditation du pape François
Chers frères et sœurs,
Ce soir nous sommes ici devant Marie. Nous avons prié sous sa conduite maternelle, afin qu’elle nous aide à être toujours plus unis à son Fils Jésus; nous lui avons apporté nos joies et nos souffrances, nos espérances et nos difficultés; nous l’avons invoquée avec le beau titre de “Salus Populi Romani” en demandant pour nous tous, pour Rome, pour le monde, qu’elle nous donne la santé. Oui, car Marie nous donne la santé, elle est notre santé.
Jésus Christ, par sa passion, mort et résurrection, nous apporte le salut, nous donne la grâce et la joie d’être enfants de Dieu, de l’appeler en vérité par le nom de Père. Marie est mère, et une mère se préoccupe surtout de la santé de ses enfants, elle sait toujours prendre soin d’eux, avec un grand et tendre amour. La Vierge protège notre santé. Qu’est-ce que cela signifie ? Je pense en particulier à trois aspects : elle nous aide à grandir, à affronter la vie, à être libres. Elle nous aide à grandir, elle nous aide à affronter la vie, et elle nous aide à être libres.
Una maman aide ses enfants à grandir et veut qu’ils grandissent bien ; pour cela, elle les éduque à ne pas céder à la paresse – qui dérive aussi d’un certain bien-être -, à ne pas s’installer dans une vie facile, où l’on se contente de posséder des choses. La maman prend soin des enfants afin qu’ils grandissent toujours plus, qu’ils se fortifient, qu’ils soient capables de prendre des responsabilités, de s’engager dans la vie, de tendre vers de grands idéaux. L’Evangile de saint Luc dit que, dans la famille de Nazareth, Jésus « grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.» (Lc 2,40). La Vierge fait justement ceci avec nous, elle nous aide à grandir humainement et dans la foi, à être solides et à ne pas céder à la tentation d’être hommes et chrétiens de façon superficielle, mais à vivre de façon responsable, à tendre toujours plus vers le haut.
Une maman pense aussi à la santé des enfants en les éduquant à affronter les difficultés de la vie. On n’éduque pas, on ne prend pas soin de la santé en évitant les problèmes, comme si la vie était une autoroute sans obstacles. La maman aide les enfants à regarder avec réalisme les problèmes de la vie et à ne pas se perdre en eux, mais à les affronter avec courage, à ne pas être faibles, et à savoir les dépasser. Une mère « sent » l’équilibre sain entre la sécurité et les zones de risque. Une maman sait faire cela. On ne peut pas toujours être sur la route de la sécurité, sinon on ne peut pas grandir. Mais on ne peut pas non plus être toujours sur la route du risque… une maman sait orienter. Une vie sans défis n’existe pas et un jeune homme ou une jeune fille qui ne sait pas y faire face en risquant le jeu, n’a pas de colonne vertébrale ! Rappelons-nous la parabole du bon samaritain: Jésus ne propose pas l’attitude du prêtre et du lévite, qui évitent de secourir celui qui était tombé sur des brigands, mais l’attitude du samaritain, qui voit la situation de cet homme et y fait face de façon concrète.
Dans sa vie, Marie a vécu de nombreux moments pas faciles, de la naissance de Jésus, quand «il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune» (Lc 2,7), jusqu’au Calvaire : (cf. Jn 19,25). Et comme une bonne mère elle nous est proche, afin que nous ne perdions jamais le courage face aux adversités de la vie, face à notre faiblesse, face à nos péchés: elle nous donne la force, nous indique le chemin de son Fils. Jésus, de la croix, dit à Marie, en montrant Jean : «Femme, voici ton fils !» et à Jean: «Voici ta mère!» (cf. Jn 19,26-27). En ce disciple nous sommes tous représentés: le Seigneur nous confie dans les mains pleines d’amour et de tendresse de sa Mère, pour que nous sentions son soutien pour affronter et vaincre les difficultés de notre chemin humain et chrétien. N’ayez pas peur des difficultés ! Affrontez-les avec l’aide de la « Maman ».
Un dernier aspect : une bonne maman ne se contente pas d’accompagner ses enfants dans leur croissance, sans éviter les problèmes, les défis de la vie; une bonne maman aide aussi à prendre des décisions définitives, dans la liberté. Ce n’est pas facile ; mais une maman sait le faire. Mais que signifie liberté ? Ce n’est certainement pas faire tout ce que l’on veut, en se laissant dominer par les passions, ni passer d’une expérience à l’autre sans discernement, ni suivre les modes actuelles; la liberté ne signifie pas « jeter tout ce qui ne nous plaît pas par la fenêtre ». La liberté nous est donnée afin que nous sachions faire les bons choix dans la vie ! Marie, en bonne mère, nous éduque à être comme Elle, capables de faire des choix définitifs, avec cette pleine liberté, par laquelle elle a répondu “oui” au plan de Dieu dans sa vie (cf. Lc 1,38).
Chers frères et soeurs, il est difficile, aujourd’hui, de prendre des décisions définitives ! Le provisoire nous séduit. Nous sommes victimes d’une tendance qui nous pousse au provisoire… comme si nous désirions rester adolescents toute la vie ! N’ayons pas peur des engagements définitifs, des engagements qui impliquent et concernent toute la vie ! De cette façon notre vie sera féconde !
Toute l’existence de Marie est un hymne à la vie, un hymne d’amour à la vie: elle a enfanté Jésus dans la chair et a accompagné la naissance de l’Eglise sur
le Calvaire et au Cénacle. La « Salus Populi Romani » est la maman qui nous donne la santé pour grandir, pour affronter et dépasser les problèmes, pour nous rendre libres en vue des choix définitifs; la maman qui nous enseigne à être féconds, à être ouvert à la vie et à être toujours féconds de bien, féconds de joie, féconds d’espérance, à ne jamais perdre l’espérance, à partager la vie avec les autres, la vie physique et spirituelle.
Nous te le demandons ce soir, O Marie, Salus Populi Romani, pour le peuple de Rome, pour nous tous: donne-nous la santé que toi seule peut donner, pour que nous soyons toujours signes et instruments de vie.
Traduction de Zenit, Anne Kurian