ONU : les migrants une "source d'inspiration"

Déclaration de Mgr Chullikatt

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« La quête courageuse des migrants pour le bien de leur famille les prédispose naturellement à servir d’inspiration pour leurs communautés d’accueil », estime le Saint-Siège.

Mgr Francis A. Chullikatt, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies de New-York, est intervenu dans le cadre de la 46e session de la Commission sur la population et le développement, le 24 avril 2013.

Les migrations aujourd’hui

Si l’économie mondialisée a contribué au renforcement « des liens d’amitié et de fraternité au sein de la famille humaine », cependant « l’accroissement des inégalités sociales et économiques est une source de division dans le monde », a fait observer l’archevêque.

Les situations de « précarité socio-économique insoutenable » mais aussi de « guerres et crise humanitaire » ont contraint « de plus en plus d’individus, des familles et des communautés entières à « quitter leurs foyers et leurs familles dans l’espoir d’un avenir plus sûr dans d’autres pays et communautés », a-t-il ajouté.

Si « les États sont dotés d’un droit de protéger l’intégrité de leurs frontières territoriales », cependant ce droit se mesure au droit de toutes les personnes à « accéder à un niveau de vie conforme à leur dignité humaine » et si ce n’est pas possible là où ils sont, à « migrer », a-t-il rappelé.

Mais aujourd’hui, les attentes des migrants sont confrontées à la dure réalité. Mgr Chullikatt a dressé en effet un tableau sans appel de l’état actuel de la migration : « les familles sont divisées par la force, les enfants sont rendus vulnérables, les travailleurs sont victimes d’abus, et les migrants sont incarcérés sans respect des droits de l’homme et de leur dignité ». En outre, « les femmes migrantes reçoivent des menaces de violence sexuelle et de traite comme si elles étaient de simples marchandises ».

Une source d’inspiration

Pour ne pas aggraver la situation, le Saint-Siège en appelle à des solutions « profondes et durables » : en l’occurrence, le contrôle des frontières ne doit pas manquer de « traiter les migrants avec justice et miséricorde plutôt que comme des criminels dangereux ou des éléments indésirables de la société ». En outre, « indépendamment de leur statut juridique », les droits primaires des migrants doivent être respectés : « droit à la vie, au développement, à l’éducation, à l’habillement, à la nourriture, à un logement et à des soins de santé de base ».

Le « premier pas vers la solution » doit être « la franche reconnaissance de la présence de migrants parmi nous, et une reconnaissance de leur humanité », a estimé Mgr Chullikatt, faisant observer que « la quête courageuse des migrants pour le bien de leur famille les prédispose naturellement à servir d’inspiration pour leurs communautés d’accueil ».

Les migrants sont « une source d’immense potentiel économique et social » : en effet, « leur présence, leur courage et leur volonté de travailler » est « une aubaine » économique et « un enrichissement du bien commun à travers les cultures et les valeurs qu’ils portent », a-t-il ajouté.

En résumé, « la migration apporte aux pays d’accueil de nombreux avantages » ne serait-ce que parce que les familles de migrants sont « des ressources humaines vitales dans les régions du monde confrontées au vieillissement rapide de la population, où les taux de fécondité sont souvent bien en dessous du seuil de renouvellement ».

La seule réponse appropriée

En ultime analyse, a poursuivi Mgr Chullikatt, les actions de l’ONU doivent se focaliser sur les pays d’origine : « la seule réponse appropriée au phénomène actuel des migrations doit être le développement des pays d’origine » qui ne sont pas encore « capables de répondre aux aspirations légitimes de leurs peuples ».

En d’autres termes, pour le Saint-Siège, « le développement des pays pauvres est l’enjeu réel et urgent », qui appelle « l’engagement actif et concret » de la communauté internationale.

Au contraire, « redoubler les contrôles aux frontières ou le resserrement des restrictions de visa ne sert qu’à renforcer la résolution des migrants et la prise de risque », a-t-il mis en garde.

Et l’adoption de « politiques draconiennes de contrôle des populations », notamment par « l’avortement forcé et la stérilisation » dans les pays d’origine n’est pas non plus la solution, a souligné Mgr Chullikatt, dénonçant « l’impact destructeur » de la « promotion forcée des notions nocives, telles que les droits reproductifs ».

« Les Etats, au contraire, ont le devoir de soutenir la famille, unité fondamentale de la société, de manière à fournir un soutien pour demain », a-t-il conclu.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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