« Dieu n’utilise pas de baguette magique », a déclaré le pape François durant son homélie de ce 12 avril: c'est pourquoi il invite les catholiques à la « persévérance », et non pas au « triomphalisme » qui constitue une "grande tentation" de la vie chrétienne.

Le pape François a célébré sa messe quotidienne, ce matin à 7h, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe. Comme chaque matin, des personnes travaillant au Vatican étaient invitées : aujourd’hui c’était au tour des employés de la Librairie éditrice du Vatican (LEV) de se joindre au pape. L’Osservatore Romano publie des extraits de son homélie.

Dieu sauve dans le temps

Le pape a évoqué la première lecture, où Gamaliel intervient devant le grand conseil du sanhédrin en ces termes : « Ne vous occupez plus de ces gens-là, laissez-les. Car si leur intention ou leur action vient des hommes, elle tombera. Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber. Ne risquez donc pas de vous trouver en guerre contre Dieu » (Ac 5, 34-42).

Gamaliel est « un homme sage », a estimé le pape François, car « il nous donne un exemple de la façon dont Dieu agit dans notre vie. Quand tous ces prêtres, pharisiens, docteurs de la loi, étaient si nerveux, rendus fous par ce que faisaient les disciples, et voulaient les tuer, lui il dit : mais arrêtez-vous un peu ! ».

En effet, « donner du temps au temps » est « un sage conseil pour notre vie, car le temps est le messager de Dieu. Dieu nous sauve dans le temps, non dans le moment », a souligné le pape : « Quelquefois il fait des miracles, mais dans la vie ordinaire, il nous sauve dans le temps ». Même les conversions, qui « nous changent » doivent ensuite perdurer, « faire histoire ».

« Le Seigneur nous sauve dans l’histoire, dans notre histoire personnelle. Le Seigneur n’agit pas comme une fée avec sa baguette magique. Non. Il donne la grâce et dit, comme il le disait à tous ceux qu’il guérissait : “Va, chemine”. Il nous le dit aussi à nous : “Chemine dans ta vie, rend témoignage de tout ce que le Seigneur fait”».

Le pape a donc invité les chrétiens à prendre la décision suivante : « Je veux suivre le Seigneur, mais ce n’est pas une décision d’un moment, c’est une chose de toute la vie, de tous les jours ». En ce sens, il s'agit de dire en se levant chaque matin : “Seigneur, aller avec toi, aller avec toi”.

Persévérance contre triomphalisme

Le pape a aussi dénoncé l’attitude contraire : le « triomphalisme », qui est « une grande tentation de la vie chrétienne ». Même les apôtres ont été tentés, a-t-il fait remarquer, donnant l’exemple de Pierre qui affirme, sûr de lui : « Moi Seigneur je ne te renierai jamais ».

« Telle est la tentation du triomphalisme : croire qu’en un instant tout est fait », a commenté le pape, alors qu’en réalité « tout commence : nous devons avancer sur le chemin de la vie ».

Le triomphalisme, a-t-il poursuivi, c’est aussi ceux qui veulent faire Jésus roi (Jn 6, 1-15). Or ce « triomphalisme n’est pas du Seigneur », qui a vécu « humblement » : « il a grandi comme un enfant normal, a vécu l’épreuve du travail, et l’épreuve de la croix. Et puis, à la fin, il est ressuscité. Le Seigneur nous enseigne que dans la vie tout n’est pas magique, que le triomphalisme n’est pas chrétien ».

La juste attitude pour le chrétien est de « persévérer sur le chemin du Seigneur, jusqu’à la fin, tous les jours. Je ne dis pas recommencer à nouveau tous les jours : non, poursuivre le chemin. Toujours poursuivre. Un chemin avec des difficultés, et avec tant de joies. Mais le chemin du Seigneur ».

« Demandons la grâce de la persévérance. Et que le Seigneur nous sauve des rêves triomphalistes. Le triomphalisme n’est pas chrétien, n’est pas du Seigneur. Le chemin de tous les jours en présence de Dieu : c’est la route du Seigneur. Prenons-la », a conclu le pape.

A la fin de la célébration, le pape François a salué un à un tous les employés de la LEV, dont le directeur, le P. Giuseppe Costa, qui a présenté trois ouvrages du cardinal Bergoglio-pape François en cours de publication en italien : “Franchir le seuil de la foi”, lettre à l’archidiocèse de Buenos Aires pour l’Année de la foi; “Nous en tant que citoyens. Nous en tant que peuple. Vers un bicentenaire de justice et de solidarité (2010-2016)”, discours du 16 octobre 2010, pour le bicentenaire de l’Argentine; et “Je vous demande de prier pour moi”, qui recueille toutes les interventions du pape, de sa première allocution après son élection, le 13 mars, au Regina Coeli du lundi de Pâques.