« Nous représentons un mouvement social libre, apolitique, areligieux, d’une ampleur exceptionnelle et historique », a fait observer Tugdual Derville, vendredi dernier, 5 avril, à Lyon. Sébastien de Pothuau, coordinateur d’une soirée débat autour du projet de loi Taubira avec des responsables musulmans, fait le point.
« De nombreuses composantes de la société française ne veulent pas d’un projet de loi légalisant l’adoption par des couples de même sexe. Selon le sondage IFOP de mars 2013, 63% de Français ne sont pas favorables à l’adoption par des couples de même sexe, ou ne se prononcent pas », souligne le communiqué.
C’est dans cette perspective qu’un grand débat public s’est tenu ce vendredi 5 avril dernier, dans plusieurs salles louées par le lycée professionnel et technologique La Mâche, Lyon 8eme.
En particulier, de nombreux citoyens français de la communauté musulmane étaient présents, vigoureusement mobilisés tellement ils voient leur conscience heurtée par le projet de mariage pour tous.
Ainsi ce débat public, rassemblant des Français de toutes cultures, et toutes origines, a pu mettre à jour les fondements de l‘opposition au «mariage pour tous » et conduire à des pistes de solutions concrètes dans le respect des droits et des devoirs de chacun.
Ce débat public était co-organisé par les « Musulmans pour l’Enfance », et par « Alliance Vita ».
Les « Musulmans pour l’Enfance » est un collectif né dans la mouvance de la puissante contestation sociale au projet de loi Taubira instituant le mariage et l’adoption pour des couples de même sexe .Très rapidement ce collectif a réussi le tour de force d’affréter de nombreux bus pour la manifestation historique de 24 mars à Paris. Il se prépare avec détermination a la manifestation du 26 mai prochain.
Alliance Vita est une association fondée en France fin 1993 qui rassemble aujourd’hui plus de 37 000 soutiens. Elle agit selon deux axes:- L’aide aux personnes confrontées à des épreuves de la vie par l’accompagnement individuel (sites d’écoute SOS bébé et SOS fin de vie)- La sensibilisation du public et des décideurs à la protection de la vie humaine.
Le débat public du 5 avril dernier sur le thème « Pourquoi s’engager ensemble contre le Mariage pour tous? » a été animé par trois intervenants : l’Imam de Chambéry, Farid Slim, Camel Bechikh, porte-parole national de La Manif pour Tous, et Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA.
L’Imam de Chambéry, Farid Slim, a insisté sur le fait que toutes les nations sont nées d’un homme et d’une femme : « Nous devons préserver la filiation, qui est source de la vie. » Pour Farid Slim, il est très significatif que le vote de contestation des musulmans de mai 2012 a pu favoriser l’élection de F. Hollande. Mais, selon lui, ces électeurs, citoyens français de confession musulmane, se réveillent pour le retrait de cette loi Taubira et ceci va conditionner leur prochains choix électoraux.
Pour Camel Bechikh, il se passe une « convergence très forte », entre des personnes si différentes: « quel espoir ! »
Il voit comment sur ce sujet, la communauté musulmane peut constituer une richesse pour la France « si on crée des passerelles entre tous ». Il décrit l’émergence de ce mouvement « irrépressible et pacifique » de la « Manifpourtous » et le regroupement de tant d’associations différentes qui n’avaient apparemment rien en commun.
Tugdual Derville a rappelé la raison de sa présence dans ce débat: la devise d’Alliance VITA : « Solidaire des plus fragiles ». Il a dit son « son souhait de contribuer à structurer le mouvement social anarchique et puissant qui émerge, en un courant de pensée, l’Ecologie Humaine, qui organisera très prochainement des assises dans le but de réfléchir au respect de tout l’Homme et de tout Homme ».
Tugdual Derville analyse les raisons du « socle de convergence » si fort entre personnes issues d’une telle diversité. Pour lui, « c’est l’enfant » : « L’enfant en tant que bien le plus précieux, le plus fragile et le plus rare de nos sociétés vieillissantes, permet cette convergence de points de vue a priori si différents. »
Ainsi ce collectif d’associations met en lumière la « reconnaissance des fondements biologiques de la filiation, patrimoine universel de l’humanité », aujourd’hui remise en cause par ce projet de loi : « L’engendrement de l’enfant exige toujours une homme et une femme, c’est une condition capitale de l’écologie humaine », conclue Tugdual Derville.
A l’issue des interventions plusieurs questions du public ont pu s’exprimer. Notamment une psychologue clinicienne qui relève à quel point : « la différence sexuelle fonde notre civilisation ».
Camel Bechikh, Farid Slim et Tugdual Derville insistent ensemble pour que ne soit pas récupéré ce mouvement social, ni par aucun mouvement politique, ni par aucune religion : « Nous sommes un mouvement social libre, apolitique, areligieux, d’une ampleur exceptionnelle, historique ».
« Il flotte dans cette salle une joie, une espérance et une grande paix. Les orateurs nous projettent avec confiance vers l’avenir et vers l’action pacifique en faveur du respect de la vie », a commenté un membre du public.
La communauté musulmane était représentée par des personnalités
religieuses et associatives :
M. Mohamed SELAMI directeur de l’institut de formation pédagogique du Rhône ;
M. Abdelhak RAMDANI, imam de la Mosquée de Saint-Genis-Laval ;
M. Abderahim SADKI, imam ;
M. Mohamed BOUAYAD ; imam de la mosquée de BARABAN et responsable associatif de PSM ;
M. ATAFI, président de l’association « Agir et donner sans limite » (ADSL) ;
M. Khalid EL KHADIRI, trésorier de PSM Rhône-Alpes ;
M. Salah BERBAGUI, responsable du CBSP ;
M. Mounir MANSOURI, président de la mosquée El Houda de Mermoz ;
M. Brahim BELGHITI, membre de l’Union des jeunes musulmans (UJM) ;
M. Asim OLAKOREDE, responsable régional de Participation et Spiritualité Musulmane (PSM) ;
Et M. Boulassel LAMRI, vice-président du CRCM.
« Plus de 340 personnes, partageant dans une ambiance conviviale des spécialités orientales ou régionales autour d’un verre de l’amitié jusqu’ à minuit, ont illustré combien ce sujet de société dépasse tous les clivages et constitue en réalité un enjeu de civilisation », conclut S. de Pothuau.