L'autorité de "Pierre", fondée sur la foi et l'amour

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Benoît XVI explique le sens de la fête de la Chaire de S. Pierre

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La mission du Successeur de Pierre est « une autorité fondée sur l’amour », a déclaré Benoît XVI, l’an dernier, le 19 février 2012, en la fête de la Chaire de saint Pierre, célébrée de façon anticipée étant donné que le mercredi 22 était le Mercredi des Cendres. Il demandait de prier pour les cardinaux, qui assistent le Successeur de Pierre pour garder le troupeau « uni dans la foi et la charité ».   

Lors de la prière de l’angélus, le pape s’est adressé, de la fenêtre de son bureau, aux milliers de visiteurs réunis place Saint-Pierre. Nous rappelons ces paroles alors que le pape, en retraite avec la curie romaine, se prépare à poursuivre son ministère en donnant à la Nouvelle évangélisation le socle de prière qu’il a indiqué comme sa condition sine qua non.

Il a aussi évoqué l’histoire du déplacement géographique du « siège » apostolique dans l’histoire de l’Eglise, en 2006.

L’autorité fondée sur la foi et l’amour

La chaire de Pierre est un « signe d’autorité », a expliqué Benoît XVI, mais pas n’importe laquelle : celle du Christ, qui est « basée sur la foi et sur l’amour ». L’Eglise de Rome a ce « primat », car c’est à Rome que les apôtres Pierre et Paul ont vécu leur martyre, « témoignage du sang et de la charité ». 

La chaire de saint Pierre, est donc le « symbole de la mission spéciale de Pierre et de ses successeurs », de garder le troupeau du Christ « uni dans la foi et dans la charité ». 

Les cardinaux, a précisé Benoît XVI, collaborent « plus étroitement avec le pape » dans son ministère « de communion et d’évangélisation ». 

Ils sont appelés en ce sens à « travailler inlassablement » pour « l’unité du Peuple de Dieu ». Leur habit rouge, « couleur du sang et de l’amour », signifie qu’ils sont prêts à « témoigner de l’Evangile jusqu’au sacrifice de leur vie ».

La hiérarchie de l’Eglise

La hiérarchie de l’Eglise, a insisté le pape, n’est pas celle du pouvoir. Il a demandé aux baptisés de soutenir les pasteurs par leur prière : « priez pour que l’Église demeure fidèle à l’enseignement du Christ qui a choisi Pierre, pour faire paître ses brebis », a-t-il dit en français.

Le 22 février 2006, le pape avait également évoqué cette fête, invitant les baptisés à prier pour son ministère quand ils vont se recueillir en la basilique Saint-Pierre auprès de la « chaire » de Pierre représentée par le Bernin.

Après avoir rappelé que cette fête de la Chaire de saint Pierre est « attestée à Rome dès le IVe siècle », le pape ajoutait en effet qu’elle constitue l’occasion liturgique de rendre grâce à Dieu « pour la mission confiée à l’apôtre Pierre et à ses successeurs ».

Le pape évoquait le « monument de la Chaire de l’Apôtre, œuvre de maturité du Bernin, réalisée sous la forme d’un grand trône de bronze, soutenu par les statues de quatre docteurs de l’Eglise, deux d’Occident, saint Augustin et saint Ambroise, et deux d’Orient, saint Jean Chrysostome et saint Athanase », et qui se trouve au chevet de la basilique Saint-Pierre.

Benoît XVI évoquait aussi la représentation de l’Esprit Saint qui  semble veiller sur cette chaire, illuminée par le soleil couchant: « En levant le regard vers le vitrail d’albâtre qui s’ouvre précisément au-dessus de la chaire, invoquez l’Esprit Saint, afin qu’il soutienne toujours par sa lumière et par sa force mon service quotidien à toute l’Eglise ».

Le magistère de l’évêque

Le pape expliquait le sens de ce symbole: « La ‘chaire’, est littéralement le siège fixe de l’évêque, placé dans l’église mère d’un diocèse, qui, pour cette raison, est appelée ‘cathédrale’, et elle représente le symbole de l’autorité de l’évêque et, en particulier, de son ‘magistère’, c’est-à-dire de l’enseignement évangélique qu’en tant que successeur des Apôtres il est appelé à conserver et à transmettre à la communauté chrétienne ».

Benoît XVI a rappelé l’histoire du transfert géographique de la « chaire » de Pierre de Jérusalem à Rome : la première « chaire » se situait en effet au Cénacle de Jérusalem, car « choisi par le Christ comme le ‘roc’ sur lequel édifier l’Eglise, [saint Pierre] commença son ministère à Jérusalem, après l’Ascension du Seigneur et la Pentecôte. Le premier ‘siège’ de l’Eglise fut le Cénacle, et il est probable que dans cette salle, où Marie, la Mère de Jésus, pria elle aussi avec les disciples, une place spéciale ait été réservée à Simon Pierre ».

Puis, sous la pression de la persécution, le siège de l’autorité de Pierre se déplace à Antioche « ville située sur le fleuve Oronte, en Syrie, aujourd’hui en Turquie, et à cette époque troisième grande ville de l’empire romain après Rome et Alexandrie d’Egypte ».

Le pape rappelait que « Pierre fut le premier évêque de cette ville, évangélisée par Barnabé et Paul, où ‘pour la première fois les disciples reçurent le nom de chrétiens’ (Ac 11, 26) », si bien que « le Martyrologe romain, avant la réforme du calendrier, prévoyait également une célébration spécifique de la Chaire de Pierre à Antioche ».

Pierre à Rome

Puis « la Providence conduisit Pierre à Rome ». « Nous avons donc le chemin de Jérusalem, Eglise naissante, à Antioche, premier centre de l’Eglise rassemblée par les païens et encore unie également avec l’Eglise issue des Juifs », soulignait Benoît XVI.

« Puis Pierre se rendit à Rome, expliquait le pape, centre de l’empire symbole de l’’Orbis’, — l’’Urbs’ qui exprime l’’Orbis’, la terre, où il conclut par le martyre sa course au service de l’Evangile. C’est pourquoi au siège de Rome, qui avait reçu le plus grand honneur, échut également la tâche confiée par le Christ à Pierre d’être au service de toutes les Eglises particulières pour l’édification et l’unité du Peuple de Dieu tout entier ».

Le pape citait les Pères de l’Eglise, comme par exemple Irénée de Lyon, originaire d’Asie mineure, lequel, dans son traité « Contre les hérésies », « décrit l’Eglise de Rome comme la ‘plus grande et la plus antique, connue de tous ; … fondée et constituée à Rome par les deux très glorieux Apôtres Pierre et Paul’ ; et il ajoute: ‘Avec cette Eglise, en raison de son éminente supériorité, doit s’accorder l’Eglise universelle, c’est-à-dire les fidèles qui sont partout’ (III, 3 2-3) ».

Il citait également Tertullien : « Que cette Eglise de Rome est bienheureuse ! Ce furent les Apôtres eux-mêmes qui lui donnèrent, en versant leur sang, la doctrine dans sa totalité » (« La prescription des hérétiques », n. 36). La chaire de l’Evêque de Rome représente donc non seulement son service à la communauté romaine, mais aussi sa mission de guide du Peuple de Dieu tout entier ».

Le sens d’une célébration

A propos de la signification de la célébration, de nos jours, de cettelafête liturgique, le pape ajoutait : « Célébrer la ‘Chaire’ de Pierre, comme nous le faisons aujourd’hui, signifie donc attribuer à celle-ci une profonde signification spirituelle et y reconnaître un signe privilégié de l’amour de Dieu, Pasteur bon et éternel, qui veut rassembler toute son Eglise et la guider sur la voie du salut ».

Enfin, le pape a cité une lettre de saint Jérôme à l’évêque de Rome, qui fait explicitement référence à la « chaire » de Pierre, en la présentant comme « havre sûr de vérité et de paix » : « J’ai décidé de consulter la Chaire de Pierre, où l’on trouve la foi que la parole d’un Apôtre a exaltée ; je viens à présent demander une nourriture pour mon âme, là où je reçus autrefois le vêtement du Christ. Je ne crois e
n aucune autre primauté que celle du Christ; c’est pourquoi je me mets en communion avec ta béatitude, c’est-à-dire avec la chaire de Pierre. Je sais que l’Eglise est édifiée sur cette pierre » (Les lettres I, 15, 1-2).

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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