Un jeune invite l’Eglise à « traduire » son message pour les jeunes, à l’adapter à leurs éléments de langage. Cela passe notamment par une « présence massive » dans les multimédias et par un langage « rationnel qui puisse arriver aux personnes de manière simple et rapide d’une part, profond et compréhensible de l’autre ».
Alessio Antonielli, un jeune italien de Florence, était aux côtés du cardinal Ravasi ce 31 janvier 2013, au Vatican, pour présenter la prochaine assemblée plénière du Conseil pontifical de la culture, sur le thème: « Les cultures émergentes des jeunes » (6-9 février).
Alors que le cardinal Ravasi constatait de son côté « l’apparente indifférence » de la jeunesse qui semble parfois être « déconnectée » du monde des adultes, Alessio Antonielli, a répondu que « pour pouvoir combattre l’indifférence, il faut capter les exigences des jeunes », en invitant l’Eglise à « traduire » son message à leur intention.
Capter les exigences des jeunes
« Les jeunes, ou une bonne partie d’entre eux, n’attendent probablement rien de l’Eglise, mais ils demandent quelque chose à la vie », a-t-il souligné. Dans ce contexte, c’est à l’Eglise « de savoir capter les exigences des jeunes, leurs besoins essentiels les plus profonds ».
Alessio a donné des éléments de réponse sur ces "besoins" : malgré les différences de culture entre les jeunes qui vivent à des milliers de kilomètres, « une chose nous unit tous et relie toutes les cultures et toutes les générations, c’est la question fondamentale du sens de l’existence ».
« Nous nous retrouvons tous, ou nous nous sommes déjà trouvés, face à face avec la vie et avec la mort (…). C’est un horizon inévitable de notre existence, quelque chose d’existentiel, et tôt ou tard nous devons y faire face », a-t-il insisté.
Même dans l’« écosystème digital » actuel, « personne n’est à l’abri de la question fondamentale sur l’existence », a-t-il affirmé : bien que les jeunes soient « probablement seulement plus distraits, plus indifférents aux questions que pose l’Eglise », « chacun de nous, dans sa vie, a besoin de s’arrêter un instant, de réfléchir sur le sens de ses actes pour ne pas arriver en apnée à l’autre bout de la piscine sans jamais sortir la tête de l’eau ».
Pour Alessio, cela fait partie de « la nature de l’homme » d’avoir ce « besoin existentiel de trouver des réponses à des questions de sens » et c’est justement « dans ces moments, essentiels et inévitables dans la vie d’un homme, que les jeunes s’orientent ».
Il convient donc pour l’Eglise de ne pas rater pas le coche et de prendre à bras le corps le « problème le plus urgent » qui est celui de « l’indifférence », selon le jeune homme. Dans ce contexte, l’Eglise doit pouvoir « détourner leur regard de ce qui est fugace, de ce qui est éphémère vers ce qui est essentiel et fondamental pour l’homme (…). Pour pouvoir combattre l’indifférence, il faut capter les exigences des jeunes ».
Présence massive dans les multimédias
« Depuis 2000 ans, l’Eglise donne une réponse » à la question du sens de la vie, a rappelé Alessio, qui a regretté pourtant de n’avoir pas été « pour le moment, capté par le message de l’Eglise ».
Que faire ? « Essayer de traduire son message pour le rendre compréhensible aux nouvelles générations en le divulguant sur les places des multimédia par une présence massive », a répondu ce professionnel de la communication au service des franciscains.
Aujourd’hui, a-t-il fait observer, le rapport avec le monde, notamment en Occident, a changé, « avec l’arrivée de la technique et en particulier, dans le monde des jeunes, la technologie, la smartTV en 3D, internet, les smartphone, le peer to peer, les navigateurs, la Wi-Fi, Bluetooth, les réseaux sociaux etc ».
« On peut dire que nous sommes devenus, aujourd’hui, « multitask ». La rapidité et l’« à peu près » sont devenus la marque fondamentale de la culture qui nous environne », a-t-il ajouté.
A partir de ces réalités, Alessio pense que « le langage de l’Eglise doit, d’un côté, être multiplié de manière exponentielle et, de l’autre, il doit être traduit » car « jamais comme aujourd’hui le besoin de mettre la main au vocabulaire ne s’est fait autant sentir ».
La traduction devient « un moment inévitable, complémentaire, si l’on veut capter les exigences des jeunes », a-t-il poursuivi, expliquant que cette traduction se fait « à travers la cohérence, au moyen du témoignage de vie, avec un raisonnement rationnel qui puisse arriver aux personnes de manière simple et rapide d’une part, profond et compréhensible de l’autre ».
Il s’agit de « créer cette osmose capable de capter les exigences de ceux qui sont en dehors des réseaux habituels » auxquels l’Eglise s’adresse.
Avec Hélène Ginabat pour la traduction