Evangéliser le numérique : authenticité, cohérence, discrétion

Expertise de Benoît XVI sur les réseaux sociaux

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Pour évangéliser les réseaux sociaux, Benoît XVI préconise l’authenticité, la cohérence et la discrétion : tout un programme qu’il livre dans son message pour la 47e Journée mondiale des communications sociales, publié ce 24 janvier, sur le thème « Réseaux Sociaux: portes de vérité et de foi; nouveaux espaces pour l’évangélisation ».

Les réseaux font partie du tissu social

Les réseaux sociaux numériques « contribuent à mettre en évidence une nouvelle « agora », un espace public ouvert où les personnes partagent des idées, des informations », fait observer Benoît XVI qui estime que « quand ils sont bien valorisés et de manière équilibrée », ils contribuent à promouvoir « efficacement l’harmonie de la famille humaine » et même facilitent la « communion ».

D’ailleurs, ajoute-t-il, « l’environnement numérique n’est pas un monde parallèle ou purement virtuel, mais fait partie de la réalité quotidienne de nombreuses personnes, en particulier des plus jeunes ».

Les réseaux, poursuit-il « font de plus en plus partie du tissu social même » et ils sont « alimentés par des aspirations enracinées dans le coeur humain ».

Finalement, constate le pape, les réseaux sociaux ont pris une telle place que « les croyants ont de plus en plus ce sentiment que si la Bonne Nouvelle n’est pas connue aussi dans l’environnement numérique, elle pourrait être absente de l’expérience d’un grand nombre pour qui cet espace existentiel est important ».

Invitation à l’engagement

Le développement des réseaux sociaux exige de « l’engagement », souligne Benoît XVI qui invite les utilisateurs à être « authentiques », « parce que dans ces espaces on ne partage pas seulement des idées et des informations mais en définitive on se communique soi-même ».

Il s’agit d’une part de « participer à construire des relations », et de rechercher des « réponses » aux questions, « dans le souci du partage des compétences et des connaissances ».

Il s’agit aussi de « cultiver des formes de discours et d’expression qui font appel aux plus nobles aspirations de ceux qui sont impliqués dans le processus de communication », sans céder aux sirènes de la « popularité » qui est « fréquemment liée à la célébrité ou à des stratégies de persuasion plutôt qu’à la logique de l’argumentation ».

L’utilisateur au contraire doit privilégier le « débat raisonné », « l’argumentation logique » en prenant « au sérieux ceux qui ont des idées différentes des nôtres ».

L’action de Dieu, une brise légère

Et même si « parfois, la voix discrète de la raison peut être dominée par la rumeur des informations excessives et ne parvient pas à éveiller l’attention qui est réservée par contre à qui s’exprime d’une manière plus persuasive », Benoît XVI invite à ne pas se décourager : « Nous devons avoir confiance dans le fait que les désirs fondamentaux d’aimer et d’être aimé, de trouver sens et vérité maintiennent les femmes et les hommes de notre temps toujours ouverts à ce que le bienheureux cardinal Newman appelle la « gentille lumière » de la foi ».

Le pape encourage à « un discernement attentif » dans l’environnement numérique, « où il est facile que s’élèvent des voix sur un ton trop vif et conflictuel et où parfois le sensationnalisme risque de l’emporter » : « rappelons-nous à cet égard, qu’Élie reconnut la voix de Dieu non dans le vent impétueux et fort, ni dans le tremblement de terre ou le feu, mais dans le « murmure d’une brise légère ».

En ce sens, « la confiance dans la puissance de l’action de Dieu doit toujours dépasser toute sécurité mise dans l’utilisation de moyens humains ».

Et « si notre partage de l’Évangile est capable de donner de bons fruits, c’est toujours grâce à la force de la Parole de Dieu de toucher les coeurs, bien avant tout effort de notre part », fait observer le pape.

Pour une communication efficace

Le chrétien ne doit pas se tromper de but de communication : « non pas tant pour être à la mode du temps », mais « pour permettre à l’infinie richesse de l’Évangile de trouver des formes d’expression qui soient en mesure d’atteindre les esprits et les coeurs de tous », souligne Benoît XVI.

Il constate l’avantage des chrétiens pour une « communication efficace » : de même que « dans l’environnement numérique la parole écrite est souvent accompagnée d’images et de sons » de même « les paraboles de Jésus », nécessitent « l’implication de l’imagination et de la sensibilité émotionnelle » et « la tradition chrétienne a toujours été riche en signes et en symboles », tels « la croix, les icônes, les images, la crèche… ».

Pour Benoît XVI, l’évangélisation du monde numérique demande aussi de la « cohérence » : le chrétien peut vivre le « témoignage », par des « choix, préférences, jugements qui soient profondément cohérents avec l’Évangile, même lorsqu’on n’en parle pas explicitement ».

En conclusion, le pape invite à aller plus loin que la rencontre numérique : « beaucoup de gens sont en train de découvrir, grâce à un contact au départ en ligne, l’importance de la rencontre directe, des expériences de communauté ou même de pèlerinage, éléments toujours importants dans le cheminement de foi ».

Il encourage donc à « inviter les personnes à vivre des rencontres de prière ou des célébrations liturgiques dans des lieux concrets tels que des églises ou des chapelles ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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