Pour le nouveau patriarche copte catholique Ibrahim Isaac Sidrak, le « mot clef » de son ministère est « celui de réconciliation ».
Le patriarche, élu le 15 janvier dernier (cf. Zenit du 16 janvier 2013), revient sur sa mission pour l’agence vaticane Fides.
Même si, surpris par cette élection, le patriarche n’a pas de « programme ou projets » qui lui soient propres, il estime qu’« aujourd’hui, notre première mission est peut-être celle de rassurer, de réconcilier ».
« Le mot clef est justement celui de réconciliation. C’est-à-dire favoriser tout ce qui reflète la paix et l’amour du Christ », ajoute celui qui a pensé choisir comme devise patriarcale « la phrase de la seconde Lettre de Saint Paul aux Corinthiens : Dieu, nous a réconciliés avec Lui par le Christ et « nous a confié le ministère de la réconciliation » ».
A ce propos, le patriarche nourrit une grande confiance quant aux nouvelles perspectives de collaboration qui semblent s’ouvrir avec l’Eglise copte orthodoxe : « Le choix de Tawadros comme nouveau patriarche des coptes orthodoxes est un signe fort que le Seigneur nous a donné afin d’inviter les chrétiens à l’unité. Ses premiers gestes, ses visites, sa sensibilité spirituelle, suscitent une grande espérance. Des paroles, on passera aux faits et ceci nous aidera à affronter ensemble la situation confuse devant laquelle nous nous trouvons », estime-t-il.
Bien qu’il ne soit « pas d’accord avec les lectures qui font de l’Egypte un pays désormais inhospitalier pour les chrétiens », il reconnaît que « chez les chrétiens et dans tout le pays, il existe l’incertitude, il existe la peur. Tous se demandent de quoi demain sera fait pour eux ».
D’ailleurs, rapporte-t-il, ces dernières années, la tentation sectaire a risqué de contaminer les chrétiens, les poussant parfois à se créer un monde parallèle, replié sur lui-même : « Je pense au choix de créer des cercles sportifs « pour chrétiens » dans les structures ecclésiastiques. Ou à certains responsables chrétiens qui ont invité à ne pas avoir de contacts avec les musulmans parce que cela pouvait être dangereux. De cette manière on perd la liberté et l’ouverture qui est propre des disciples du Christ, qui n’ont pas peur de perdre la foi à cause des autres ».
Selon le patriarche, les influences négatives, importées d’Arabie et des pays du Golfe « sont craintes non seulement par les chrétiens mais aussi par de nombreux musulmans. Il est confortant de voir que de nombreux jeunes et toutes les personnes judicieuses réagissent face à tout cela ».
A titre d’exemple, il raconte ce qui lui est arrivé à Noël : « Cette année, un certain nombre de prédicateurs islamistes avaient déclaré que c’était un péché que de présenter des voeux aux chrétiens à l’occasion des solennités de Noël. J’imaginais qu’après cet avertissement, aucun musulman ne serait venu nous faire les traditionnelles visites d’hommage. Et en revanche, ils sont venus plus nombreux que ces dernières années. Des groupes de jeunes, des familles, des associations islamiques se sont présentés jusqu’à la Messe de Noël. Ils voulaient montrer par là quelle était leur réponse ».