Le « salut des âmes » et le Coeur du Christ

Par le P. Denis Biju-Duval (2)

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Propos recueillis par Anita Bourdin

ROME, vendredi 18 mai 2012 (ZENIT.org) – « En révélant son Coeur à sainte Marguerite Marie, Jésus lui exprime son ardent désir de sauver tous les hommes », explique le P. Biju-Duval, dans le second volet de cet entretien à propos de son livre intitulé : « Faut-il encore se soucier du salut des âmes? L’urgence de l’évangélisation ». Une publication qui arrive à point dans la dernière ligne droite de la préparation au synode sur la nouvelle évangélisation.

Le premier volet de cet entretien est paru dans Zenit du 27 avril 2012. Ici, l’auteur revient sur la question des non-croyants « au cœur droit » et évoque le lien entre la nouvelle évangélisation et le Cœur du Christ, spécialement honoré pendant le mois de juin : la fête du Sacré Cœur tombe cette année le vendredi 15 juin.

Le P. Biju-Duval, est professeur de théologie de l’évangélisation à l’Institut pontifical Redemptor Hominis de l’Université pontificale du Latran, et consulteur au nouveau dicastère pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Son livre est publié aux Editions de l’Emmanuel (collection IUPG). Il livre aux lecteurs de Zenit quelques clefs de la nouvelle évangélisation.

Zenit – « On ira tous au paradis »?

P. Biju-Duval – Jésus s’est toujours refusé à donner des statistiques des sauvés et des damnés. Il dit que tous sont appelés à la vie éternelle, mais que l’enfer est une possibilité réelle liée au fait toujours possible de se soustraire à l’offre du salut. Par là, il nous dit que Dieu prend vraiment au sérieux la liberté qu’il nous a donnée. C’est beaucoup plus grand, comme amour et comme respect de sa part à notre endroit, que si le salut était automatique.

Et le « bouddhiste au coeur droit »?

La formule est lapidaire, mais elle peut cacher des situations spirituelles plus complexes que nous le croyons. D’un côté, il est clair « que Dieu ne fait pas acception des personnes et que dans toute nation, celui qui le craint et pratique la justice dans ses oeuvres lui est agréable » (Ac 10,34). Et il existe dans le bouddhisme des éléments moraux qui poussent dans cette direction. D’un autre côté, la doctrine bouddhiste inclut aussi la prétention de l’homme à se sauver soi-même par l’exercice d’une discipline mentale individuelle. En outre, elle renie et cherche à anéantir en l’homme ce que sa conscience porte humainement de plus précieux: le sens de son identité personnelle. Ce sont là des logiques radicalement contraires au salut. Où un bouddhiste sincère peut-il en être de ce point de vue? Dans quelle mesure son bouddhisme l’oriente-t-il vers le vrai et le bien, et dans quelle mesure l’en détourne-t-il? Nul ne peut le dire sinon Dieu qui scrute les coeurs. Ce sont là des ambiguïtés terribles qui révèlent à quel point est urgente la manifestation de la lumière du Christ.

Dans un contexte social marqué par l’individualisme, vous encouragez la « solidarité »: comment cela?

Cela revient à dire: « Selon une mesure que Dieu seul connaît, quelque chose du salut éternel de mes frères dépend de moi dans le Christ ». Dans l’Eglise, c’est l’un des aspects de la communion des saints, et de cette « sollicitude mutuelle » à laquelle saint Paul appelle tous les membres du Corps du Christ (1Co 12,25). Dans une perspective missionnaire, il en est de même. Le Christ ne veut pas simplement apporter à chacun son salut individuel. Il associe vraiment l’Eglise à son oeuvre, et en elle, chacun de ses membres, et chacune de ses communautés, selon leurs différents charismes.

Vous êtes prêtre du diocèse de Dijon et membre de la Communauté de l’Emmanuel: comment penser le rapport entre la nouvelle évangélisation et le message du Coeur du Christ à Paray-le-Monial?

En révélant son Coeur à sainte Marguerite Marie, Jésus lui exprime son ardent désir de sauver tous les hommes. Seul un tel Amour peut expliquer un tel don, une telle mort, une telle victoire sur le péché. D’une part, il lui montre que cet Amour est « pour elle en particulier », et d’autre part, il l’invite à s’associer à cette oeuvre: c’est « par son moyen » qu’il veut que l’Amour de son Coeur soit le plus largement connu. Sous forme de révélation particulière, il y a là un mystère qui concerne tout chrétien. Comme sur la Croix, Jésus a soif du salut éternel de tous, à commencer par le nôtre, chacun en particulier. Être aimés à ce point nous conduit à nous associer à cette soif, à rentrer nous-mêmes dans le désir ardent du Christ de sauver tous les hommes. En contribuant à les rapprocher du Christ, nous étanchons cette soif, nous consolons le Coeur du Christ.

On avance vers l’Année de la foi, qui commencera en même temps que le synode sur la nouvelle évangélisation. Quel est le rapport entre ces deux grands rendez-vous de l’Eglise universelle?

À l’appel du Pape Benoît XVI, l’Eglise est appelée à se renouveler elle-même dans le don de la foi. Ainsi, selon une formule qu’avait utilisée Paul VI, elle « s’évangélise elle-même ». Ce faisant, par sa vie même, elle fera davantage resplendir le Christ aux yeux des hommes et les attirera à lui. Renouvellement dans la foi et nouvelle évangélisation sont inséparables, pour que le Nom du Christ soit glorifié et son salut manifesté et réalisé dans le monde.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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