ROME, mardi 24 janvier 2012 (ZENIT.org) – La publication du rapport annuel de Human Rights Watch (HRW) sur l’état des droits de l’homme dans le monde a coïncidé, cette année, avec le premier jour de l’année lunaire, le 23 janvier 2012. Une partie importante du document est consacrée au Vietnam où, selon l’association américaine, la pression des autorités sur les dissidents et les militants des droits de l’homme s’est encore fait plus pesante au cours de l’année 2011, rapporte « Eglises d’Asie », l’agence d’information des Missions étrangères de Paris (cf/ http://eglasie.mepasie.org), dans cette dépêche :
Les libertés d’expression et d’association ont été encore restreintes, les blogueurs et militants pour la protection des droits, de la liberté, de la démocratie et contre la corruption ont été victimes de nombreuses exactions. Ils ont été menacés, arrêtés, maltraités ou jetés en prison.
Selon le rapport de HRW, au cours de l’année 2011, les autorités ont inculpé au moins 33 militants pacifiques et les ont condamnés à des peines qui, au total, représentent 185 années de prison, auxquelles il faut ajouter 75 années de résidence surveillée. Parmi ceux qui ont été condamnés pour leurs activités pacifiques, on peut citer le juriste Cu Huy Ha Vu, personnalité très connue dans son pays, Phung Lam, Vi Duc Hoi, Nguyên Ba Dang, Pham Minh Hoang, Lu Van Bay et Ho Thi Bich Khuong, autant de personnages reconnus pour leur action en faveur de la démocratie et dont les écrits ont été mis en ligne sur des blog défendant les droits de l’homme. Durant la même année, les autorités ont encore procédé à l’arrestation de 27 autres militants pacifiques qui n’ont pas encore été jugés.
Le document accorde également une place importante à l’exercice du culte et l’expression des croyances religieuses au Vietnam. Il dénonce le fait que des ministres des organisations religieuses indépendantes subissent encore menaces et persécutions, bon nombre d’entre eux étant arrêtés. Les groupes non reconnus par l’Etat du caodaïsme, du bouddhisme Hoa Hao, des Eglises domestiques évangéliques, de l’Eglise mennonite, du bouddhisme vietnamien unifié sont considérés comme illégaux. La Sécurité publique fait obstacle à leurs assemblées, arrête ceux qui participent à leurs activités et place leurs dirigeants en résidence surveillée. Au sein même d’organisations religieuses enregistrées et reconnues, des églises comme celles des rédemptoristes à Hanoi ou Saigon sont l’objet d’exactions. A Thai Ha, un groupe de voyous a été envoyé aux portes de l’église pour provoquer les catholiques.
Au mois d’avril dernier, huit militants religieux ‘montagnards’, ont été condamnés à des peines allant de huit à douze ans de prison, pour avoir « saboté l’unité nationale ». Au mois de juillet, malgré les protestations de l’opinion internationale, un prêtre catholique, le P. Nguyên Van Ly, encore gravement malade, a été contraint de retourner en prison après seize mois de résidence surveillée. Au mois de novembre, deux adeptes du Falungong ont été condamnés à des peines de deux et trois ans de prison pour avoir diffusé des nouvelles de leur mouvement en direction de la Chine. Au mois de décembre, dans la province d’An Giang, deux fidèles du bouddhisme Hoa Hao ont été condamnés à trois et cinq ans de prison en raison de leur activité religieuse. Le même mois, le pasteur protestant Nguyên Trung Tôn a écopé de deux ans de prison pour avoir dénoncé par écrit la répression religieuse exercée par les autorités.
Au cours de l’année 2011, la Sécurité publique a arrêté au moins 19 militants catholiques et deux fidèles protestants. En conclusion de cette énumération de violations de la liberté religieuse au Vietnam, Human Rights Watch demande que soit réexaminée la possibilité d’inscrire à nouveau le nom du Vietnam dans la liste américaine des pays préoccupants en matière de liberté religieuse.
On peut également trouver dans ce rapport l’analyse critique des textes législatifs sur lesquels s’appuient les tribunaux populaires pour leurs condamnations. Ils sont pour la plupart très vagues et ne servent qu’à pénaliser des actions dissidentes non violentes. La plupart des opposants sont condamnés pour « activités visant à renverser le pouvoir populaire », « sabotage de la politique d’unité nationale », « propagande contre l’Etat » ou encore « abus des libertés démocratiques » portant atteinte aux intérêts de l’Etat (articles 79, 87, 88 et 258 du Code pénal). Le rapport ajoute que le gouvernement vietnamien refuse de reconnaître qu’il emprisonne des citoyens simplement parce que leur point de vue politique est différent du sien, les articles du Code pénal cités précédemment ne servant qu’à camoufler ses véritables motivations. Le présentateur du texte de HRW, M. Robertson, a déclaré que le gouvernement vietnamien devrait abandonner ses références au Code pénal pour se conformer aux dispositions de la déclaration universelle des droits de l’homme.
L’organisation américaine passe également en revue les divers moyens utilisés par l’Etat vietnamien pour sanctionner les dissidents sans jugement préalable. L’ordonnance 44 de l’année 2002 et l’arrêté 76 de l’année 2003 l’autorisent à confier les personnes susceptibles de troubler l’ordre public ou la sécurité nationale à des institutions psychiatriques, à les placer en résidence surveillée dans leur propre maison ou dans des « camps de rééducation » de l’Etat. Dans ces centres, qui sont normalement destinés à la désintoxication des drogués, sont détenus aujourd’hui environ 40 000 pensionnaires, généralement astreints au travail forcé. Tout récemment, une dissidente, Mme Bui Thi Kinh Dang, a été placé dans un camp de ce type pour 24 mois par le Comité populaire de la ville de Hanoi (1).
(1) On peut retrouver le texte en anglais et en vietnamien du rapport 2012 de Human Rights Watch, sur le site de l’association : http://www.hrw.org/news/2012/01/23/vietnam-systematic-crackdown-human-rights
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