ROME, lundi 9 janvier 2012 (ZENIT.org) – Le raisonnement utilitariste qui voudrait que l’on juge du droit à la vie d’un fœtus, et maintenant d’un nouveau-né, en fonction de sa qualité de vie future : Pierre-Olivier Arduin dénonce le danger d’un tel raisonnement, rapporte « Gènéthique », la synthèse de presse de la Fondation Jérôme Lejeune.
Méprisant le droit, cette manière de pensée conduit à une « légitimation de l’infanticide », selon l’expression de Jean-Paul II, fait observer l’auteur dans un dossier publié par « La Nef » de janvier 2012. Selon lui, plusieurs faits ont été des signes annonciateurs de la « montée en puissance d’un discours légitimant l’euthanasie néonatale ».
Dans les années 60, fait-il observer, des avancées prodigieuses ont permis de soigner des nouveau-nés, dont les pathologies les auraient autrefois promis à une mort certaine. Les néo-natalogistes s’accordaient encore sur une « reconnaissance a priori de vie » conduisant à toujours mettre en route une « réanimation néonatale », dans l’attente d’un pronostic plus précis sur le cas de l’enfant. Si sa survie était diagnostiquée comme impossible malgré toutes les prouesses techniques, c’est là seulement qu’ils autorisaient à stopper ce qui s’apparentait alors à de l’ « acharnement thérapeutique », n’étant finalement qu’un moyen de retarder la mort.
Mais des divergences éthiques sont apparues pour les cas d’enfants rendus viables et autonomes, chez qui des lésions neurologiques sévères persistaient. En effet, certains praticiens ont alors défendu que pour ces derniers, l’ « euthanasie néonatale d’exception par injection létale » devrait pouvoir être choisie par les médecins souhaitant « transgresser l’interdit de donner la mort », lorsque celle-ci se présenterait comme « une issue préférable à la survie » pour l’enfant et ses proches.
Plus tard, en l’an 2000, une étude européenne révélait des chiffres inquiétants, montrant qu’une importante majorité des néo-natalogistes français disaient estimer que « des gestes dont le but avéré est de mettre un terme à la vie du nouveau-né […] sont acceptables du point de vue de leur éthique professionnelle ».
Selon Pierre-Olivier Arduin, la pratique de l’avortement ou « euthanasie prénatale » du fœtus handicapé, couramment tolérée en France, aura conduit à un « climat idéologique incitatif dans la période qui suit la naissance ». Si l’on peut supprimer légalement un enfant jusqu’à la veille de l’accouchement, pour quelles raisons ne pourrait-on pas le faire juste après la naissance ? Au fond, certains bébés prématurés sont d’ailleurs plus jeunes que des fœtus que l’on peut légalement avorter.
A travers ces évolutions d’opinion, un réel changement de mentalité s’est opéré chez les spécialistes. De nos jours, le principe du « droit à la vie », attribut essentiel de tout enfant né vivant et dont la violation est punie en droit pénal, se voit supplanté par une « appréciation subjective » de la « valeur de son existence à venir ». Le critère « utilitariste » de la « qualité de la vie » détrône ainsi le « droit » à la vie. « Autrement dit, la vie d’un enfant viable pourrait être stoppée si on la juge non vivable », déplore l’auteur.
Source : La Nef 01/2012
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