Pakistan: Visite à Rome du ministre pour « l'Harmonie interreligieuse »

Une éducation gratuite pour les chrétiens pauvres

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ROME, jeudi 17 novembre 2011 (ZENIT.org) – Dans cet entretien accordé à Rome à l’agence vaticane Fides, Akram Gill, un catholique, ministre d’Etat du ministère fédéral pour l’Harmonie interreligieuse du gouvernement pakistanais a abordé de nombreux sujets, dont la nécessité d’une éducation gratuite pour les enfants chrétiens pauvres dans les écoles catholiques de son pays.

Il souhaite aussi la reconstruction d’un Pakistan selon l’inspiration originaire, laïque et tolérante d’Ali Jinnah, le père de la patrie ; le travail pour le dialogue et l’harmonie interreligieuse ; l’aide aux développement des communautés chrétiennes; le soutien d’une « Commission spéciale de l’ONU sur les minorités religieuses » ; une invitation adressée à l’Observateur spécial de l’ONU pour la tolérance religieuse ; la demande que les gouvernements étrangers incluent « des fonds pour les minorités » au sein des aides économiques qu’ils offrent au Pakistan.

Le ministre pakistanais, qui se trouvait en Italie pour différents séminaires et congrès, a été présenté mercredi 16 novembre à Benoît XVI au cours de l’audience générale.

Fides – Quelle est la situation des minorités religieuses au Pakistan ?

M. Akram Gill – Les minorités religieuses souffrent aujourd’hui de problèmes qui trouvent essentiellement leurs origines dans le gouvernement du dictateur Zia-ul-Haq. A partir de 1970, ce dernier promulgua en effet des lois discriminatoires envers les minorités et, au nom de l’islam, il contrôla l’Etat pendant de longues années. Aujourd’hui, nous travaillons afin de donner une nouvelle force à l’inspiration originale d’Ali Jinnah, le fondateur du Pakistan qui, en 1947, inscrivit dans la Charte constitutionnelle l’égalité des droits de tous les citoyens et la liberté de professer sa propre foi. Un certain nombre de progrès ont été faits : l’actuel gouvernement démocratique a introduit une représentation des minorités au Parlement et a réservé aux minorités 5% des emplois dans l’administration du gouvernement fédéral. Nous travaillons afin d’améliorer les conditions des minorités religieuses.

Quelles sont les principales urgences pour les minorités religieuses ?

Elles consistent dans l’instruction, le développement économique et la promotion sociale. Par le biais de l’accès à l’instruction, les chrétiens, souvent de communautés pauvres et marginalisées, peuvent accéder au monde du travail et de l’entreprise. Je crois que le système de l’instruction a besoin d’une réforme globale : le gouvernement cherche actuellement à introduire les thèmes de l’harmonie interreligieuse dans les programmes scolaires. Cela est fondamental pour construire la paix et la tolérance. En outre, je voudrais demander aux écoles chrétiennes du Pakistan, dont 99% des élèves sont musulmans, d’offrir une instruction gratuite aux jeunes chrétiens : il s’agirait là d’un important pas en avant.

Quelles mesures peut prendre le ministère chargé de l’Harmonie interreligieuse ?

Tout d’abord, il faut promouvoir des politiques et une législation assurant la promotion de l’harmonie interreligieuse au sein de la société. Nous disposons aujourd’hui d’un budget de 216 millions de roupies pakistanaises (environ 2,5 millions de dollars) que nous utiliserons pour des programmes en faveur des minorités. Le ministère aura également à disposition une partie des fonds que le gouvernement alloue pour d’autres programmes, comme le développement économique, dont bénéficieront les communautés les plus pauvres. Je voudrais lancer un appel à la communauté internationale : au sein des financements que les Etats étrangers offrent au Pakistan, il serait bon que ces derniers destinent aux minorités religieuses 5% du total. L’administration américaine et les gouvernements européens pourraient subordonner leurs aides financières à des programmes spécifiques réalisés au profit des minorités. En outre, au plan international, nous soutenons l’institution au sein de l’ONU d’une Commission spéciale sur les Minorités religieuses. A ce propos, je voudrais inviter officiellement l’Observateur spécial de l’ONU sur la tolérance religieuse à visiter le Pakistan, pays qu’il a déjà visité en 1995.

Comment évaluez-vous la question de la loi sur le blasphème ?

Il s’agit d’un thème très délicat et très sensible aujourd’hui. Nous nous trouvons à un moment qui n’est pas très favorable pour l’affronter après les assassinats de Shabhaz Bhatti et de Salman Taseer. Les partis religieux et les groupes extrémistes islamiques sont très forts et ne veulent pas modifier la loi introduite par le dictateur Zia-ul-Haq. En ce moment, il n’est pas possible d’agir, mais nous cherchons cependant à motiver les partis politiques afin qu’ils ne favorisent pas les abus. Ceci constituerait déjà un premier pas important. Il faut ensuite créer une culture qui puisse porter à une révision partagée de la loi. De 1986 à ce jour, la loi a frappé plus de citoyens musulmans que citoyens chrétiens et hindous, ce qui devrait faire réfléchir également les musulmans. Dans ce cas également, le dialogue interreligieux est fondamental : si un climat d’harmonie interreligieuse ne se crée pas, aucun changement ne sera possible.

Propos recueillis par Fides

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ZENIT Staff

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