ROME, vendredi 11 novembre 2011 (ZENIT.org) – Le Séminaire français de Rome organise un colloque sur le prêtre « pour les séminaristes et pour les prêtres de France qui voudraient ce joindre à ce temps de réflexion, de prière et de vie fraternelle, au cœur de la ville éternelle », explique le recteur du séminaire pontifical, le P. Sylvain Bataille, prêtre du diocèse de Beauvais et membre de la Société Jean-Marie Vianney.
Ce colloque aura lieu du mardi 3 janvier 2012 (19h) au vendredi 6 janvier (14h30), au Séminaire même. Il reste encore des places disponibles, pour en savoir plus, il suffit d’aller sur le site du Séminaire (www.seminairefrancais.org).
Zenit – Quel sera le thème de ce colloque de janvier 2012 ?
P. Bataille – Le thème est « Prêtres dans le mystère de l’Eglise, filiation et paternité, fraternité et sponsalité ». Le jour de son ordination, saint Augustin disait : « Pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien » (Sermon 340). Pour souligner la diversité et la richesse des relations que le prêtre noue avec les autres, on pourrait gloser : « Comme vous je suis un homme, avec vous je suis un chrétien et pour vous je suis prêtre ». N’est-ce pas ce qui fait, en partie, la beauté de sa vocation ?
Comment définiriez-vous cette diversité des relations du prêtre ?
Le prêtre est un homme comme les autres, égal à tous ses frères en humanité ; c’est un baptisé qui accueille dans sa propre vie le salut en Jésus-Christ et un humble fils de l’Eglise ; c’est un pasteur qui est appelé à vivre dans son ministère une véritable paternité spirituelle, avec tout ce que comporte l’exercice de l’autorité pour le service de ses frères ; plus profondément encore, le cœur de sa vie est une offrande de tout son être à la suite du Christ-prêtre qui a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle.
C’est justement une des questions posées par le colloque : comment articuler ces différentes dimensions de la vie du prêtre ?
Oui. Comment trouver le juste équilibre en assumant avec courage ses responsabilités, sans se situer en dehors ni au-dessus de l’humanité, mais en étant à son service, à la suite du Christ ?
Nous voudrions approfondir ces questions en abordant les différentes dimensions de la vie et du ministère des prêtres, et la manière dont elles s’harmonisent. C’est en se situant avec justesse et sérénité dans l’Eglise que les prêtres et futurs prêtres trouveront l’unité intérieure et la cohérence de vie qui sont sources de paix, de joie et surtout de fécondité apostolique.
L’approche sera « pluridisciplinaire »?
Dans la grâce de Rome, nous avons sollicité des intervenants variés, selon leurs compétences, pour être au plus proche des questions qui sont les nôtres. L’approche sera à la fois théologique, humaine, spirituelle et pastorale ; elle veut permettre une réflexion qui parte des fondements et aille jusqu’aux attitudes intérieures et extérieures, en gardant toujours une perspective missionnaire. La session tout entière voudrait être une expérience de l’Eglise, par la réflexion, mais aussi par la prière (Eucharistie, offices, adoration…) et la vie fraternelle. Elle se conclura par la fête de l’Epiphanie qui est toujours célébrée le 6 janvier en Italie.
Comment avez-vous prévu d’aborder le thème de la filiation et de la paternité qui fera l’objet de la première journée, le mercredi ?
Ces deux termes semblent à priori être opposés, on est soit père, soit fils. En fait tous les « pères » sont d’abord des fils. Avant de donner, il faut accueillir, et pas seulement aux origines, mais à chaque instant de notre vie. Mgr Jean-Pierre Batut, évêque auxiliaire de Lyon, évoquera les fondements bibliques et théologiques de la filiation et la paternité. L’après-midi, le P. François-Xavier Dumortier sj, recteur de l’Université Grégorienne, illustrera ce thème en montrant comment l’autorité de celui qui enseigne suppose une attitude filiale. Pour conclure, Mgr Hervé Giraud, évêque de Soissons, proposera une approche spirituelle par une méditation de la vocation de Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » demande le Ressuscité. Face à la liberté de Dieu qui donne la vie et qui appelle, l’homme est invité à répondre, en fils, et cela s’inscrit au cœur de l’histoire personnelle de chacun.
L’originalité de cette réflexion, c’est peut-être d’évoquer la « sponsalité » ?
Dans la journée du jeudi, nous réfléchirons sur « fraternité et sponsalité » du prêtre, en nous appuyant sur l’apport de la théologie du corps de Jean-Paul II. Mgr Jean Laffitte, secrétaire du Conseil pontifical pour la Famille, proposera une « approche théologique à partir des enseignements de Jean-Paul II et Benoît XVI ». Cette réflexion se prolongera dans d’autres approches plus spirituelles et pastorales. Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées françaises, réfléchira sur la manière dont l’homme se réalise par le don désintéressé de lui-même. Le Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, proposera une approche plus pastorale de notre thème et la journée se conclura par une intervention de l’évêque de Grenoble-Vienne, Mgr Guy de Kérimel qui méditera sur la dimension ecclésiale de la prière du prêtre : comment prie-il avec l’Eglise, pour elle et en son nom, comment s’offre-il spirituellement pour la gloire de Dieu et le salut du monde ?
Vous avez invité une bibliste, professeur aux Bernardins, laïque, mariée, mère de famille, à parler du sacerdoce ?
En effet, Mme Anne-Marie Pelletier parlera, le vendredi 6 janvier, du « prêtre dans l’Eglise et le monde à partir du mystère du Christ » : il s’agit de « comprendre le prêtre, homme parmi les hommes, consacré et envoyé en dispensateur des biens de l’amour dont Dieu aime l’humanité. » Nous avons aussi fait appel au Père Marko Rupnik, s.j., qui proposera une approche artistique à partir de la représentation du Christ prêtre dans les mosaïques.
Propos recueillis par Anita S. Bourdin
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