ROME, mardi 8 novembre 2011 (ZENIT.org) – Le Secrétaire général du Congrès international des chercheurs islamiques (International Conference of Islamic Scholars, ICIS) déplore le fait que la religion puisse être cause de conflits entre les hommes si elle est mal comprise ou si elle est utilisée à d’autres fins que religieuses. Il invite également à respecter les différences et ne pas imposer ses vues.
M. Kyai Haji Hasyim Muzadi, qui est originaire de Java, a en effet pris la parole devant plus de 300 représentants de toutes religions présents dans la basilique Sainte-Marie-des-Anges, à Assise, pour la journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix, le 27 octobre dernier.
L’ancien président du mouvement spirituel musulman Nabdlatul Umala (NU), le plus grand mouvement musulman d’Indonésie, a constaté que « de nombreux problèmes humains sur cette planète ont leur origine chez des personnes croyantes, même si les problèmes soulevés chez les croyants ne proviennent pas forcément de la religion elle-même. » Il explique ce constat par deux facteurs.
La religion mal comprise
Le premier facteur consiste en ce que « les vraies religions et leurs enseignements, sains, peuvent avoir des adeptes qui ne comprennent pas parfaitement ces enseignements » avec, par exemple, « un manque de compréhension des relations entre religions. »
De la cause à l’effet, il n’y a qu’un pas, a-t-il fait observer : « Une erreur de compréhension religieuse conduit évidemment à une mauvaise application de la religion elle-même. »
« Quand l’erreur porte sur la compréhension de l’aspect social de la religion, a-t-il ajouté, alors elle aura un impact non seulement sur ses adeptes mais aussi sur la société dans son ensemble, par une tension sociale ou même un conflit social. Il peut y avoir un glissement du conflit social au conflit entre des Etats. »
La religion instrumentalisée
Selon Kyai Haji Hasyim Muzadi, le deuxième facteur est celui que « des intérêts non-religieux (…) utilisent la religion comme prétexte pour des objectifs non-religieux. »
Ces intérêts, a-t-il précisé, « peuvent être politiques, économiques, culturels, (…) et sont présentés de façon à sembler religieux. »
« De tels intérêts, a-t-il ajouté, peuvent prendre leur origine chez certains groupes qui exposent leurs motifs au nom de la religion et même se réfèrent à des thèmes religieux. »
Ne pas imposer son point de vue
Le dignitaire musulman a également invité au respect entre religions : « Pour que les religions puissent coexister, il ne faut pas que les dissemblances entre religions deviennent des sujets d’opposition ». Il a ajouté : « Les points de vue qui ne sont pas partagés ne devraient pas être imposés. »
Il a fait remarquer par ailleurs que « la finalité de la présence des religions sur la terre est de renforcer les valeurs et la dignité de l’humanité, la paix et le progrès du monde », car, a-t-il insisté, « la religion est voulue pour éclairer l’humanité et non le contraire. »
Kyai Haji Hasyim Muzadi a conclu en laissant cette indication aux croyants : « Notre devoir de communautés religieuses est d’apporter aux croyants la liberté d’appréhender en vérité leur destin et de réduire leurs erreurs de compréhension des religions, qui mènent aux conflits sociaux. »
Anne Kurian
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