ROME, vendredi 4 novembre 2011 (ZENIT.org) – « La crise européenne que nous traversons (…) est véritablement une crise du système », diagnostique le président de la Conférence des évêques de France.
Le discours d’ouverture de l’assemblée des évêques de France qui se tient à Lourdes jusqu’au 9 novembre, a été prononcé ce matin par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France (cf. « Documents », pour le texte intégral).
Une crise du système
L’archevêque y passe en revue l’actualité de l’Eglise et du monde, notamment le bilan des JMJ de Madrid, le succès de Youcat, la crise en Europe, l’Eglise en France, mais aussi le Moyen Orient, le Bénin et l’Afrique. Il identifie des risques, des tentations, provoquées par la crise actuelle en Europe.
« La crise européenne que nous traversons n’est pas simplement, comme certains le disent parfois, une crise de la gouvernance qui se résoudrait par des alternances démocratiques, ni une crise de la distribution des revenus dont on sortirait en réduisant quelques salaires scandaleux. C’est véritablement une crise du système », fait observer l’archevêque.
Il affine son diagnostic : « Puisque nous entrons en campagne électorale, il me paraît juste de le souligner pour tenter de cerner, à partir de là, quelques-uns des risques et des enjeux de cette campagne ». Il rappelle la déclaration du Conseil Permanent sous le titre : « Élections : un vote pour quelle société ? ». Il identifie des risques.
Respect des adversaires et courage politique
Et met en garde contre les attaques aux personnes : « Le premier risque (…) serait de croire que l’enjeu des élections à venir est de choisir simplement un homme ou une femme, et de se laisser enfermer dans une sorte de comparaison des personnalités. (…) Les agressions sur l’intégrité ou les intentions des personnes débouchent sur la haine et le mépris. Il n’y a pas de démocratie sans un véritable respect des adversaires et un jugement honnête de leurs actes ou de leurs propositions. »
Le cardinal Vingt-Trois met en garde aussi contre des publicités politiques illusoires : « Le second risque serait de nourrir l’illusion que, dans la crise actuelle, un programme, si élaboré et si sérieux soit-il, viendra facilement à bout des difficultés auxquelles nous sommes confrontés. (…) Ce serait mépriser les électeurs que de leur faire croire que tout va s’arranger moyennant quelques corrections à la marge. Celles et ceux qui vont briguer nos suffrages doivent avoir déjà le courage politique de dire clairement les contraintes de l’avenir, et de montrer qu’ils sont résolus à affronter les insatisfactions. »
Les jeunes générations
La vie à crédit, c’est le troisième risque : « Le troisième risque, ajoute le cardinal Vingt-Trois, serait de laisser croire que nous pouvons indéfiniment continuer de vivre à crédit. En accumulant les déficits et le poids de la dette, qui obère les investissements pour l’avenir, on consommera les chances des jeunes générations et on mettra sur leurs épaules un fardeau insupportable. »
Plus encore, l’archevêque invite à changer de mode de vie : « Il faut que nous ayons tous le courage de mettre en œuvre ces nouveaux modes de vie et que nous apprenions à donner le signe d’une consommation plus raisonnable et plus équitable. »
Il souligne deux éléments rassurants : « Grâce à Dieu, de nombreuses initiatives d’entrepreneurs commencent à aller en ce sens. Et il est important de rappeler que si la dette publique de la France est très élevée, le taux de l’épargne privée y est aussi particulièrement haut. Ce n’est pas le moindre paradoxe, mais cela signifie que notre pays a des ressources économiques et humaines pour investir de nouveaux chantiers, même si ceux-ci ne sont évidemment pas sans risques. »
La concertation internationale
Le quatrième défi consiste dans « les tentations de repli et de fermeture de l’Europe » : « Non seulement nous sommes tentés de rejeter à la mer (hélas ! il ne s’agit pas seulement d’une image) ceux qui viennent chez nous poussés par la misère, mais nous venons de vérifier que nous pouvons être tentés de laisser certains pays européens sombrer pour sauver notre fragile équilibre. »
« Veillons, recommande l’archevêque de Paris, à ne pas nous laisser entraîner dans la spirale de l’égoïsme, de l’isolationnisme ou de la xénophobie. Comme l’a rappelé récemment avec force le document du Conseil pontifical Justice et Paix, les solutions sont à chercher dans la concertation internationale et la mise en place d’instances de régulation fiables. »
Anita S. Bourdin