Une semaine après la publication d’un 4° rapport qui épingle la hiérarchie du diocèse de Cloyne, Enda Kenny a reproché au Saint-Siège le « dysfonctionnement, la déconnexion, l’élitisme et même le narcissisme qui dominent la culture du Vatican ». Le premier ministre a lancé de graves accusations contre le Saint-Siège qui aurait, selon lui, « tenté de bloquer une enquête en cours dans un État souverain, démocratique et républicain », soutenant que cela s’est produit « il y a trois ans et pas trente ». Enda Kenny est allé jusqu’à affirmer que « le viol et la torture des enfants avaient été minimisés pour soutenir le primat des institutions, leur pouvoir et leur réputation ».
La veille, le père Federico Lombardi, directeur de Radio Vatican et du bureau de presse du Saint-Siège, avait précisé que la « prétendue tentative d’ingérence du Saint-Siège » était une lettre de 1997 adressée par le nonce en Irlande à la Conférence épiscopale sur la base des informations reçues par la Congrégation pour le Clergé. Le texte relevait que le document « Child Sexual Abuse : Framework for a Church Response » (Abus sexuels sur des enfants : structure d'une réponse de l'Église) contenait des aspects incompatibles avec la loi canonique universelle. Il mettait en garde contre le risque de prendre des mesures qui se révèleraient ensuite contestables ou invalides d’un point de vue canonique. En conséquence : 1) la lettre n’invitait pas à ne pas respecter les lois du pays, puisqu’il s’agissait des lois de l'Église qui font partie des compétences romaines ; 2) cette lettre ne contenait pas d’invitation à occulter les cas d’abus.
Le père Lombardi s’est étonné de la virulence de certaines critiques adressées au Vatican,
« comme si le Saint-Siège était coupable de ne pas avoir donné valeur de loi canonique à des normes auxquelles un État n’avait pas jugé nécessaire de donner valeur de loi civile ! »
Les accusations proférées par le premier ministre vont bien au-delà des affirmations du dernier rapport sur le diocèse de Cloyne. Par ailleurs, elles ne tiennent pas compte des efforts déployés par le Saint-Siège pour affronter ce problème.
*Ancien instituteur et leader du parti centriste Fine Gael, Enda Kenny a été nommé premier ministre, à l’issue des élections législatives du 25 février dernier qui ont redessiné la carte politique du pays, confronté à une grave crise économique.