ROME, Jeudi 7 juillet 2011 (ZENIT.org)–Un congrès rassemblera quelque 150 représentants des bénévoles catholiques d’Europe – évêques, responsables des conférences épiscopales et des grandes organisations caritatives - à Rome les 10 et 11 novembre 2011, dans le cadre de l’Année du volontariat de l’Union européenne, a annoncé aujourd’hui à la presse le cardinal Robert Sarah, président du conseil pontifical Cor Unum.

La Commissaire européenne à la Coopération internationale, l'aide humanitaire et la réaction aux crises, Mme Kristalina Georgieva, a été invitée à la rencontre, qui rassemblera aussi des témoins comme Veronika Ottrubay, qui vit à l'Arche de Jean Vanier depuis 1985 et qui est responsable de « La Ferme » de Trosly : un témoignage de la « vie de foi » du volontariat catholique.

Le volontariat représente en Europe quelque 140 millions de personnes : il s’agit de « mettre l’accent sur la contribution catholique à cette réalité » sur le vieux continent, et de réfléchir, a précisé le cardinal Sarah, à l’identité du volontariat catholique, dessiner un « cadre général » et identifier les « défis », les « rapports avec les institutions publiques ».

L’identité chrétienne des bénévoles

La rencontre aura lieu, symboliquement, à l’occasion de la fête liturgique de saint Martin, « exemple de la charité et évangélisateur » car « la charité est une façon d’évangéliser », a souligné le cardinal Sarah.

Benoît XVI a encouragé cette rencontre « importante » pour « retrouver les justes motivations du volontariat catholique » : l’Eglise est une « force entraînante » en Europe.

Dans sa première encyclique « Deus caritas est », a ajouté le cardinal Sarah, le pape a voulu redonner à l’activité caritative de l’Eglise une « identité chrétienne » : ce n’est pas seulement une « impulsion humaine », mais elle a une « source divine ». La vie de l’Eglise a une « motivation théologique ».

C’est ce que manifestent depuis quelques années les grandes retraites pour les membres d’associations caritatives catholiques organisées par Cor Unum par continents. Le cardinal Sarah a annoncé la prochaine retraite pour l’Océanie, probablement en Australie, et en Afrique dans deux ans. Puis, le cycle va reprendre continent par continent.

Les trois missions de Cor Unum

Le cardinal Sarah rappelle que Cor Unum, dicastère organisateur de la rencontre de novembre, a été voulu par le pape Paul VI pour la « pastorale de la charité » et pour reconnaître le grand apport à la vie de l’Eglise et de la société. Il a un rôle de coordination des initiatives. Il a spécialement trois missions.

Tout d’abord, celle d’organiser une aide d’urgence en cas de de catastrophe ou de crise, selon ce que disait Jean-Paul II : « Nous sommes la main tendue fraternellement pour aider avec efficacité ». C’est un « instrument exécutif » de la volonté du pape en cas de calamités.

Sa deuxième mission est la promotion de la catéchèse de la charité, et d’en stimuler le témoignage visible dans la société.

Sa troisième mission, d’être une référence auprès du Saint-Siège pour les grandes organisations catholiques d’aide et de coopération.

Dans le cadre de ses missions, le cardinal Sarah a été l’envoyé de Benoît XVI en Haïti, après le séisme, et au Japon, après le tsunami. L’Eglise a donné globalement 30 millions de dollars, dont 1, 5 million de la part du pape, apportés par le cardinal sarah, pour la reconstruction en Haïti. Et il a apporté une aide immédiate de 150.000 euros au Japon, ainsi qu'une aide aux déplacés et réfugiés de Côte d’Ivoire, en Angola, et aux réfugiés libyens en Tunisie.

L’aide d’urgence, insiste le cardinal Sarah s’accompagne de l’aide au « développement intégral ». En Amérique latine, Cor Unum agit par la fondation – voulue par Paul VI - « Populorum progressio » - 3000 projets, 26 millions de dollars d’aide - et en Afrique avec la « fondation Jean-Paul II pour le Sahel ».

La sollicitude des papes pour l’Afrique

Les papes, Jean-Paul II – qui s’y est rendu 7 fois les 7 premières années de son pontificat - et Benoît XVI – qui s’y rend pour la seconde fois en novembre pour publier son exhortation apostolique post-synodale sur la réconciliation en Afrique – manifestent un souci particulier de l’Afrique, insiste le cardinal Sarah. Parce que c’est un continent pauvre, certes, affligé par les guerres et les maladies, et qui devrait être aidé par les Nations les plus riches. Benoît XVI n’a pas cessé d’inviter « au dialogue » et non pas à la guerre en Libye par exemple, mais aussi en Côte d’Ivoire.

A une question sur l’origine de la pauvreté, le cardinal de Cor Unum répond : « Nous ne pouvons pas nier notre responsabilité. Mais il y a aussi celle des puissants. S’il y a des corrompus, c’est qu’il y a des corrupteurs ». Il cite le Congo Kinshasa détruit par le commerce des armes : comment les paye-t-on ? La guerre, dit-il, permet une « exploitation sans règles », du pétrole, des diamants… Il lance comme un défi : « La faute des riches est à étudier ».

Le cardinal guinéen lui-même témoigne de l’apport de l’Eglise dans son pays, à 73 % musulman. Il dit avoir été frappé par le fait que des chrétiens étaient prêts à « donner leur vie » pour lui, pour son village, apportant l’éducation, les soins de santé, la foi : « Un chrétien ne peut oublier que sa mission est de donner ce qu’il a reçu : la foi, la science, et les soins de santé, comme le Christ a soigné, en donnant aussi la foi ».

Le manque de Dieu dans le monde

Pour le cardinal Sarah, le vrai manque, dans le monde, n’est pas d’abord de nourriture ou de vêtement, mais un « manque de Dieu » dans la vie et dans la société : « Benoît XVI souligne que le manque de Dieu est la source de la souffrance humaine ».

C’est pourquoi il encourage l’envoi en Afrique de coopérateurs chrétiens qui soient des « croyants pratiquants ». Il cite l’exemple de ce jeune coopérant qui n’allait pas à la messe, ce qui choquait la communauté catholique locale. En parlant avec le jeune, il a découvert qu’il en voulait à son « curé ». L’archevêque a expliqué au jeune que l’Eglise n’était pas son « curé ». En deux ans de coopération, il a redécouvert l’Eglise. Il faut, souligne le cardinal africain, des coopérateurs qui ne soient pas seulement des techniciens, mais des personnes qui « partagent avec nous notre vie humaine et chrétienne ».

Il cite l’exemple des coopérateurs de la communauté de l’Emmanuel – de la Fidesco - à l’origine du dispensaire Saint-Gabriel de Conakry : ils ont allié toutes ces années la « compétence technique » et la « vie intérieure ».

Le cardinal Sarah a été pendant 22 ans archevêque de Conakry en Guinée Conakry, à une époque encore difficile : son prédécesseur avait été emprisonné pendant 9 ans, les missionnaires expulsés, les biens de l’Eglise confisqués : lui même a « failli disparaître » en 1984, mais, dit-il, « le Seigneur est intervenu ». Puis il a été appelé à Rome par Jean-Paul II : il a été secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples avant d’être nommé par Benoît XVI président de Cor Unum.

Anita S. Bourdin