Prix Ratzinger : la théologie permet de s’interroger sur le visage de Dieu

ROME, Vendredi 1erjuillet 2011 (ZENIT.org) – Pour la première fois, Benoît XVI a remis le ‘Prix Ratzinger’ de théologie mettant en lumière « la grandeur du défi inhérent à la nature de la théologie », un défi dont « l’homme a besoin parce qu’il nous pousse à ouvrir notre raison en nous interrogeant sur la vérité concernant le visage de Dieu ».

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Benoît XVI a remis ce Prix à trois chercheurs en théologie, le 30 juin au Vatican, dans la salle Clémentine du Palais apostolique.

Le Prix Ratzinger a été institué par la toute jeune Fondation vaticane Joseph Ratzinger – Benoît XVI, fondée en 2010 dans le but d’encourager la recherche et les études sur la pensée du cardinal Ratzinger.

Il a été remis au Prof. Manlio Simonetti, laïc italien, chercheur en littérature chrétienne ancienne et en patristique ; au Prof. Olegario González de Cardedal, prêtre espagnol, professeur en théologie systématique et au Prof. Maximilian Heim, cistercien allemand et abbé du Monastère d’Heiligenkreuz en Autriche et professeur de théologie fondamentale et dogmatique.

Qu’est-ce vraiment que la « théologie », s’est demandé Benoît XVI. Une science de la foi peut-elle vraiment exister ou est-ce une contradiction ? La science n’est-elle pas le contraire de la foi ? « Avec le concept moderne de science », a affirmé le pape, « ces questions sont devenues encore plus urgentes, à première vue même, sans solution ».

« On comprend ainsi – a-t-il observé – pourquoi, à l’âge moderne, la théologie, dans de vastes domaines, s’est tout d’abord retirée du domaine de l’histoire, afin de démontrer son sérieux scientifique » ou comment « on s’est ensuite concentré sur la pratique pour montrer comment la théologie, en lien avec la psychologie et la sociologie, est une science utile qui donne des indications concrètes pour la vie ».

Mais ces voies ne sont pas suffisantes, devenant bien souvent « des subterfuges si la vraie question reste sans réponse ». Alors, « ce en quoi nous croyons est-il vrai ou non ? Dans la théologie, la question concernant la vérité est en jeu », a expliqué le pape. « Elle est son fondement ultime et essentiel ».

Citant Tertullien, Benoît XVI a expliqué la grande différence avec les religions païennes « qui de par leur nature étaient ‘coutumières’ : on fait ce qui a toujours été fait », ce qui revient à dire que « l’on observe les formes cultuelles traditionnelles » et que « l’on espère rester ainsi dans un rapport juste avec le mystérieux domaine du divin ».

Dans l’antiquité, l’aspect révolutionnaire du christianisme fut justement la rupture avec cet aspect ‘coutumier’ par amour de la vérité.

« A partir de là, on comprend que la foi chrétienne, par sa nature même, doit susciter la théologie, devait s’interroger sur le caractère raisonnable de la foi, même si naturellement le concept de raison et celui de science embrassent beaucoup de dimensions, et ainsi la nature concrète du lien entre foi et raison devait et doit toujours être de nouveau approfondi ».

Le pape a ensuite cité saint Bonaventure, rappelant l’existence de la « violentia rationis, le despotisme de la raison qui se fait le juge suprême de tout ». Ce genre d’utilisation de la raison est bien sûr impossible dans le domaine de la foi. C’est comme vouloir soumettre Dieu « à un interrogatoire », « à un procédé d’épreuve expérimentale ».

Cette manière typique d’utiliser la raison dans le domaine des sciences apparaît aujourd’hui « comme la seule forme de rationalité déclarée comme scientifique. Ce qui ne peut scientifiquement être vérifié ou falsifié tombe hors du domaine scientifique », même si des œuvres grandioses ont été réalisées avec cette position « dans le domaine de la connaissance de la nature et de ses lois ».

Toutefois, a précisé le pape, « il existe une limite à cet usage de la raison : Dieu n’est pas un objet d’expérimentation humaine. Il est le Sujet et ne se manifeste que dans le rapport de personne à personne : cela fait partie de l’essence de la personne » et c’est dans cette perspective que saint Bonaventure « fait allusion à un second usage de la raison qui vaut dans le domaine du ‘personnel’ pour les grandes questions de l’être humain. L’amour veut mieux connaître celui qui aime » parce que « l’amour, l’amour véritable, ne rend pas aveugles mais voyants ».

Une foi juste, donc, « conduit la raison à s’ouvrir au divin afin que, guidée par l’amour pour la vérité, elle puisse connaître Dieu de plus près ».

A cette occasion, Benoît XVI n’a pas voulu donner une réponse à la question concernant la possibilité et le devoir d’une juste théologie, mais mettre en lumière « la grandeur du défi inhérent à la nature de la théologie ».

Toutefois, a-t-il conclu, « l’homme a besoin de ce défi parce qu’il nous pousse à ouvrir notre raison en nous interrogeant sur la vérité concernant le visage de Dieu ». « Non pas une raison aliénée mais qui répond à une très haute vocation ».

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ZENIT Staff

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