ROME, Lundi 28 mars 2011 (ZENIT.org) – Côte d’Ivoire : Des associations chrétiennes et musulmanes alertent sur la dégradation de la situation humanitaire et sur l’instrumentalisation de la diversité religieuse à des fins politiques.
La situation en Côte d’Ivoire a inspiré ce communiqué du Défap-Service protestant de mission, CCFD-Terre Solidaire, Secours catholique et Secours islamique France, diffusé par le Service national pour les relations avec l’islam de la Conférence des évêques de France (SRI).
Communiqué
Quatre mois après le début de la crise postélectorale, la situation humanitaire se dégrade chaque jour en Côte d’Ivoire et les violations des droits de l’homme se multiplient. Les mesures prises par la communauté internationale face à cette crise ne répondent pas à la nécessité de protéger les civils, qui sont les principales victimes des affrontements armés.
Outre le nombre croissant de morts (440 morts au minimum selon l’ONU directement liés au conflit armé), la situation des déplacés ou réfugiés est extrêmement précaire : 500.000 déplacés en Côte d’Ivoire et plus de 93.000 réfugiés, principalement au Libéria.
Les déplacés accueillis en familles d’accueil ne bénéficient que de peu voire pas de soutien. A l’ouest, près de la frontière libérienne (villages de Bin Houyé et de Zouan Hounien), ils sont près de 10.750, recensés par la Caritas Man, à ne bénéficier d’aucune aide depuis décembre 2010, notamment en raison des difficultés d’accès.
A Abidjan, des centaines de milliers d’habitants des communes d’Abobo, d’Anyama, de Yopougon et d’Adjamé ont quitté leur domicile pour fuir les affrontements et se réfugier dans des sites d’accueil (environ 20.000 personnes déplacées, selon la Caritas Côte d’Ivoire, réfugiées dans des églises ou des mosquées) et majoritairement dans des familles d’accueil. L’aide humanitaire est rendue difficile par l’extension des affrontements dans différentes communes de la ville. Ainsi, les distributions prévues par la Caritas le 14 mars dans la commune d’Anyama ont dû être annulées du fait du blocage de l’autoroute du nord suite aux combats dans Yopougon.
Signe de la radicalité des antagonismes, des attaques ont eu lieu contre des déplacés réfugiés dans des lieux de culte. Caritas Côte d’Ivoire témoigne d’une attaque à Abobo d’un groupe de jeunes réfugiés dans une mosquée, et d’une autre agression à la paroisse St Matthieu d’Abobo qui abritait plus de 1.000 déplacés.
Le Forum ivoirien des confessions religieuses dans une déclaration du 10 mars témoigne : « On assiste ici et là à des destructions de lieux de culte. On aurait voulu que la crise politique que nous traversons se transforme en crise religieuse que l’on ne s’y serait pas pris autrement ».
La Convention de la société civile ivoirienne (CSCI), dans une déclaration du 17 mars, exprime sa consternation devant les attaques dont cinq mosquées ont fait l’objet dans les communes de Bassam, d’Abobo et de Yopougon à Abidjan et face au meurtre d’un Imam dans la commune de Yopougon. Des partenaires du CCFD-Terre Solidaire redoutent une stratégie délibérée visant à créer des tensions interreligieuses au sein de la population.
Devant cet engrenage de la violence, nos associations appellent instamment la communauté internationale à ne pas se désintéresser de ce conflit et à imposer des solutions réellement contraignantes qui empêchent la guerre civile et permettent de protéger les populations civiles.
Nos associations appellent l’ensemble des populations locales, quelque soit leur confession, à ne pas céder à l’intimidation de la violence et à ne pas se laisser récupérer par des politiques partisanes. Nous assurons de notre soutien les communautés chrétiennes et musulmanes qui continuent à œuvrer pour la paix et l’unité nationale dans ce climat de tension qui fait peser une si lourde menace sur la population.