ROME, Jeudi 17 mars 2011 (ZENIT.org) – En publiant son livre « Jésus de Nazareth – De l’entrée à Jérusalem à la résurrection », Benoît XVI donne des raisons de comprendre et de croire en Jésus Christ et, pour cela, il n’hésite pas à se dessaisir de son autorité magistérielle comme pape et à reprendre la signature de Joseph Ratzinger, ont expliqué deux des plus grands théologiens contemporains.
Mgr Luis Francisco Ladaria Ferrer S.J., secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et le père Olegario González de Cardedal, théologien et membre de l’Académie royale des sciences morales et politiques, ont présenté ce lundi, à l’ambassade d’Espagne, le deuxième tome du livre du Saint-Père consacré à Jésus.
Parmi les questions du public, la plus récurrente cherchait à comprendre quel est le niveau d’autorité de ce livre. Même si le problème a déjà été résolu, semble-t-il, par le pape lui-même dans le prologue du premier tome de son livre sur Jésus, la question continue à susciter des interrogations, y compris parmi les théologiens eux-mêmes, à en juger par les interventions du public dans la grande salle de la première ambassade espagnole de l’histoire, pleine à craquer.
« Il est clair que je n’ai pas besoin de dire expressément que ce livre n’est en aucune manière un acte du magistère mais uniquement l’expression de ma quête personnelle de la ‘face du Seigneur’ (cf. Ps 27, 8). Aussi chacun est-il libre de me contredire. Je prie simplement les lectrices et les lecteurs de me faire le crédit de la bienveillance, sans lequel il n’y a pas de compréhension possible », affirmait dans cette introduction l’auteur Joseph Ratzinger-Benoît XVI.
Le père Ladaria, comme l’a appelé affectueusement le public, a expliqué que « c’est un livre personnel. Quelle autorité a-t-il ? L’autorité de l’auteur. Le fait que cet auteur est pape ajoute à l’autorité, non parce qu’il s’agit d’une autorité magistérielle, mais parce qu’il s’agit d’une personnalité reconnue ».
« C’est un livre de Joseph Ratzinger-Benoît XVI. Il a l’autorité de la grande trajectoire théologique de Joseph Ratzinger. Il doit être clair qu’il ne s’agit pas du magistère de l’Eglise », a souligné Mgr Ladaria.
Un pape théologien
Répondant à la même question, González de Cardedal, ami de jeunesse de Joseph Ratzinger, pour lequel il a rédigé en espagnol l’édition de son principal ouvrage, « Introduction au christianisme » (1969), considère qu’il a apporté quelque chose de nouveau à la papauté, car c’est la première fois qu’un successeur de l’apôtre saint Pierre est un théologien qui a consacré une bonne partie de sa vie à la recherche et à l’enseignement académique universitaire.
« C’est une autorité qui, avant de nous faire obéir, nous donne sujet à penser », a-t-il expliqué. « La conscience doit discerner les différents niveaux d’autorité avec laquelle il exerce sa mission, et avec la réponse correspondante. Dans ce livre, il donne à penser et cherche à faire réfléchir avec lui. Ce n’est pas pour rien que Dieu a voulu qu’un théologien devienne pape ».
« L’homme veut être éclairé dans son intelligence, et c’est là la grande faveur que nous devons à ce pape. Ce n’est pas une dictature pontificale, c’est quelqu’un qui nous donne à penser », a-t-il souligné.
Découvrir le Jésus réel
Mgr Ladaria s’est associé à cette réflexion en expliquant qu’ « il nous suffit de voir comment le pape, avant de nous faire obéir, nous fait penser ». « Il serait très intéressant d’observer les similitudes existant avec l’exhortation Verbum Domini, qui, elle, relève bien du magistère. On constate comment la pensée de Ratzinger rejoint le magistère de Benoît XVI ».
« Elle nous montre que le Jésus réel est accessible par la conjonction de deux herméneutiques différentes, selon les propres mots de l’auteur, celle de l’histoire et celle de la foi, qu’il ne faut pas confondre, mais pas dissocier non plus. Et c’est là, me semble-t-il, le grand mérite de ce livre », a affirmé Mgr Ladaria.
Fondamentalement, a souligné le prêtre dans une présentation caractérisée par un langage direct, venant du cœur, « c’est un livre qui veut nous introduire dans la rencontre avec Jésus. Le pape veut nous introduire dans la rencontre qu’il a eue avec Jésus Christ, non pour que nous la répétions, mais pour nous en servir ».
Un livre de cœur et de rigueur scientifique
« Ce livre ne tombe pas dans la dichotomie de pensée et de cœur ; c’est un témoignage de foi, de quelqu’un qui porte sur ses épaules de longues années de recherche scientifique et de rencontre avec Jésus », a-t-il souligné.
Et Jésus, a-t-il ajouté, nous le trouvons dans les évangiles. Nous le trouvons dans les évangiles que l’Eglise nous a transmis dès les premiers temps ».
Selon González de Cardedal, ce livre est décisif pour la vie et le parcours de son auteur, il a été écrit au terme d’un long chemin de recherche et de méditation. Pour cette raison, il a conseillé de le lire « en prenant son temps » : « ce n’est pas la lecture du journal, mais il faut le lire posément, avec recueillement ».
« Saint Ignace, a conclu le théologien, disait qu’il faut entendre les paroles de Jésus comme si j’étais moi-même là et qu’il les prononçait devant moi. Ce livre, il faut le lire aux pieds de Ratzinger comme s’il me les disait, à moi ».
Jesús Colina