Le peuple juif en tant que tel n’a pas condamné Jésus, affirme Benoît XVI

Présentation de « Jésus de Nazareth. De l’entrée à Jérusalem à la résurrection »

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ROME, Jeudi 10 mars 2011 (ZENIT.org) – Le peuple juif en tant que tel n’a pas condamné Jésus : cette affirmation de Benoît XVI dans le deuxième volume de son livre sur Jésus –  « Jésus de Nazareth. De l’entrée à Jérusalem à la résurrection » (Parole et Silence) – a fait couler beaucoup d’encre avant même sa sortie en librairie. Qu’en est-il dans le texte ?

Il faut se rendre aux pages concernant le procès de Jésus. Benoît XVI parle non pas de « procès » devant Caïphe, mais à proprement parler d’« interrogatoire ». Le pape montre qu’il débouche sur la remise au pouvoir romain, le chef d’accusation étant la prétention de royauté : « La revendication de la royauté messianique était un délit politique qui devait être puni par la justice romaine ».

Qui donc a insisté pour la condamnation de Jésus à mort ? demande le pape. Il répond tout d’abord que selon Jean, ce sont simplement les « juifs ». Mais cette expression, chez Jean, « n’indique pas du tout – comme le lecteur moderne tend à l’interpréter – le peuple d’Israël en tant que tel, et elle a encore moins un caractère « raciste ». »

« En définitive, rappelle Joseph Ratzinger, Jean lui-même quant à sa nationalité était un Israélite comme Jésus et tous les siens. La communauté primitive tout entière était composée d’Israélites. Chez Jean, cette expression a une signification précise et rigoureusement limitée : il désigne par elle l’aristocratie du Temple. Ainsi, dans le 4e Evangile, le cercle des accusateurs qui cherchent la mort de Jésus est décrit avec précision et clairement délimité : il s’agit justement de l’aristocratie du Temple – mais elle non plus pas sans exception, comme le fait comprendre la mention de Nicodème (cf. 7, 50 ss.) ».

Le pape fait ensuite observer que le cercle des accusateurs s’élargit dans saint Marc qui emploie le terme « masse », « ochlos », « plèbe », en tous cas « pas le « peuple » des Juifs en tant que tel » : « Il s’agit des défenseurs de Barabbas qui se sont mobilisés pour l’amnistie ; en tant que rebelle d’une révolte contre le pouvoir romain, il pouvait naturellement compter sur un certain nombre de sympathisants ».

Une autre partie du peuple restait invisible : « Ceux qui croyaient en Jésus, apeurés, restaient cachés ; c’est ainsi que la voix du peuple sur qui le droit romain comptait était représentée de façon unilatérale ».

« En Marc donc, à côté des « Juifs », c’est-à-dire les cercles sacerdotaux qui font autorité, entre en jeu effectivement l’ochlos, le groupe des partisans de Barabbas, mais pas le peuple juif comme tel », résume le pape.

Benoît XVI fait observer que Matthieu, lui, « amplifie » la notion d’ochlos en écrivant « tout » le peuple, mais que l’on doit être précis dans la lecture. En effet, à propos de l’invocation du « sang » – « que son sang soit sur nous » -, il fait observer que pour Matthieu, le sang, « ce n’est pas une malédiction, mais une rédemption, un salut ». Ce n’est pas un sang « versé « contre » quelqu’un », « c’est le sang répandu « pour » la multitude ».

Le respect du pape pour les juifs et la tradition, la sensibilité juives, se traduit notamment par un détail significatif même s’il n’est pas nouveau. La diffusion du livre permettra sa vulgarisation.

Lorsqu’il s’agit du Nom de Dieu (le tétragramme de consonnes en hébreu : yod, hé, vav, hé), imprononçable, et que l’on ne peut pas davantage transcrire avec vocalisation, le livre met en pratique ce que le pape a demandé à toute l’Eglise catholique : on ne doit plus employer la transcription à la fois erronée au sens littéral et au sens théologique, et irrespectueuse, de « Yahvé ».

Le livre transcrit donc l’hébreu par le tétragramme de consonnes latines, sans vocalisation: YHWH (p. 27 par exemple), une transcription déjà adoptée par bon nombre d’exégètes, par exemple, en français, dans les publications de l’Institut d’études théologiques (IET) de Bruxelles. A la lecture on peut dire « le Seigneur ». En latin, le tétragramme est en effet traduit par le mot « Dominus ». C’était une disposition mise en évidence par le synode des évêques sur la Parole de Dieu (Cf. Zenit du 24 octobre 2008).

La Congrégation vaticane pour le culte divin a adressé à ce propos une directive par lettre, en date du 29 juin 2008 et publiée dans la revue « Notitiae » de la Congrégation, aux Conférences épiscopales du monde entier, pour leur rappeler qu’on ne doit pas appeler Dieu « Yahvé » et que cette transcription doit disparaître de la liturgie. Cette lettre, signée par le cardinal Francis Arinze et Mgr Malcolm Ranjith, alors respectivement préfet et secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, était déjà explicitement présentée comme une directive du pape Benoît XVI. Le théologien Joseph Ratzinger montre l’exemple.

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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