ROME, Vendredi 7 janvier 2011 (ZENIT.org) – Le directeur de L’Osservatore Romano, Giovanni Maria Vian, a consacré son éditorial de l’édition hebdomadaire en français (6 janvier 2011) au massacre des coptes en Egypte. Il est intitulé « Le sang des fidèles ».
Texte intégral
Le massacre d’Alexandrie – qui dans cette ville égyptienne a frappé les fidèles coptes orthodoxes à la sortie d’une célébration liturgique – a trouvé place dans les médias du monde entier, au terme d’une année marquée par des violences et des attentats contre les chrétiens. Et encore une fois la voix de Benoît XVI s’est élevée, condamnant ce « geste lâche de mort, comme celui de mettre à présent des bombes également près des maisons des chrétiens, en Irak, pour les obliger à s’en aller » et dénonçant sans demi-mesure une « stratégie de violences qui a pour objectif les chrétiens et qui a des conséquences sur toute la population ».
Cette fois-ci, les attentats anti-chrétiens – qui se multiplient dans diverses régions du monde – semblent avoir attiré l’attention médiatique internationale, qui n’est généralement pas très sensible à ces thèmes. En effet, depuis au moins trois ans d’autres personnalités du Saint-Siège et de l’Eglise catholique sonnent l’alarme face à la christianophobie. Une réalité malheureusement croissante, qui alarme et doit être combattue au moins autant que l’islamophobie et l’antisémitisme, comme le soulignait déjà, le 10 janvier 2008, Mgr Mamberti lors d’une conférence à Rome.
« Les chrétiens sont actuellement le groupe religieux qui souffre du plus grand nombre de persécutions en raison de leur foi », a écrit le Pape dans le Message pour la Journée mondiale de la paix, mais cela non plus n’a pas trouvé beaucoup de place dans la réflexion des médias. On a négligé l’analyse lucide de Benoît XVI, qui vise le fondamentalisme et le laïcisme – définis comme des « formes spéculaires et extrêmes de refus du légitime pluralisme et du principe de laïcité » – et qui rappelle la déclaration conciliaire Dignitatis humanae sur la liberté religieuse, quand elle souligne que celle-ci « est la condition pour la recherche de la vérité et la vérité ne s’impose pas par la violence mais avec ‘la force de la vérité elle-même’ ». Malgré des représentations contraires, favorisées précisément par le laïcisme, qui identifient la religion avec l’obscurantisme et l’intolérance.
Dans son message, le Pape souligne que surtout en Asie et en Afrique « les principales victimes sont les membres des minorités religieuses, auxquels il est interdit de professer librement leur religion ou d’en changer ». A propos des violences qui prennent pour prétexte la religion et qui massacrent les fidèles, Benoît XVI et le Saint-Siège ont de nombreuses fois élevé la voix, sans faire de distinction entre les victimes musulmanes ou chrétiennes.
Le Pape est revenu sur ces actes épouvantables et intolérables, « dans lesquels ce qui est sacré pour l’autre ne se respecte plus, dans lesquels même les règles les plus élémentaires de l’humanité s’écroulent », dans son discours du 20 décembre dernier à l’occasion des voeux de Noël. Evoquant le synode des Eglises du Moyen-Orient, Benoît XVI a rappelé la sagesse du conseiller du mufti du Liban, lorsque celui-ci a dit : « Avec l’agression des chrétiens nous sommes blessés nous-mêmes. Malheureusement, cependant, cette voix de la raison et d’autres analogues, dont nous sommes profondément reconnaissants – a ajouté le Pape -, sont trop faibles. Ici aussi l’obstacle est le lien entre avidité du lucre et aveuglement idéologique ».
De nombreuses voix de solidarité et de raison se sont élevées après le massacre d’Alexandrie de la part de musulmans, de juifs et de chrétiens, dans différentes parties du monde, et cela constitue un signe d’espérance, qui donne raison aux paroles de Benoît XVI et à sa volonté tenace tournée vers la coexistence: « L’être humain est unique et l’humanité est unique. Ce qui, en quelque lieu, est fait contre l’homme finalement les blesse tous ». Verser le sang des fidèles, de chaque croyant et de chaque créature humaine, offense Dieu.
(© L’Osservatore Romano en langue française– 6 janvier 2011)