ROME, Mardi 7 décembre 2010 (ZENIT.org) – Aucune affirmation ou découverte scientifique ne saurait mettre en doute l’œuvre créatrice de Dieu, affirme le professeur William Carroll de l’Université d’Oxford (Grande-Bretagne), dans un article de la revue d’anthropologie et culture chrétienne « Humanitas », de l’Université pontificale catholique du Chili.
Le professeur Caroll réagit à une théorie du scientifique Stephen Hawking, selon laquelle la création d’univers multiples à partir de rien « ne requiert pas l’intervention d’un être surnaturel ou d’un dieu », parce qu’ils sont « le résultat naturel de lois physiques ».
« Les penseurs qui nient la création en se basant sur les théories des sciences naturelles, ont une mauvaise compréhension de la création ou des sciences naturelles, ou des deux choses à la fois », estime le professeur Caroll, expliquant dans son article qu’« aucune explication du changement cosmologique ou biologique, quand bien même affirmerait-elle se baser radicalement sur le hasard ou sur la contingence, met en discussion la considération métaphysique de la création, autrement dit la dépendance de toutes les choses à Dieu comme cause ».
Pour le théologien, « les interrogations sur l’ordre, le projet et le hasard de la nature renvoient à ‘la manière’ ou ‘au mode’ de formation du monde. Les tentatives des sciences naturelles d’expliquer ces aspects de la nature ne mettent pas en discussion ‘le fait de la création’ ».
Le professeur Caroll fait ces considérations à la lumière des propos tenus par Stephen Hawking dans son récent livre « A brief History of time », où il est dit que les interrogations fondamentales du caractère de l’existence qui ont fasciné pendant des millénaires les philosophes entrent maintenant dans les compétences de la science et que « la philosophie est morte ».
A partir de cela, William Caroll invite à une réflexion sur ce que signifie le verbe « créer », et à une analyse de la capacité de réponse à cette question à partir des sciences naturelles.
« L’affirmation, dit-il, de nature amplement philosophique et certainement non scientifique, que l’univers est autosuffisant et qu’il n’y a en rien besoin d’un Créateur pour expliquer pourquoi il existe quelque chose et non le vide, est le résultat de confusions fondamentales concernant les domaines explicatifs des sciences naturelles et de la philosophie », relève-t-il.
Le professeur met alors en garde contre le risque de tomber dans un « naturalisme totalisant », qui éliminerait la nécessité de se baser sur des explications qui transcendent les choses physiques.
Le fait de nier l‘existence d’un Créateur, explique-t-il, vient de cette supposition qu’être créés demande un début temporel. De cette façon, on lie l’acceptation ou le refus d’un créateur à l’accueil de l’explication d’un phénomène comme le Big Bang, pensant qu’en écartant la possibilité de cet événement original on élimine la nécessité de recourir à un Dieu comme explication de la cause. Quoiqu’il en soit, poursuit l’auteur, « un univers éternel ne serait pas moins dépendant de Dieu qu’un univers temporel ».
La création, commente-t-il, n’est pas un changement à partir de quelque chose qui existe déjà : « elle est la cause radicale de toute existence ou de tout ce qui existe. La création n’est pas un changement. Causer entièrement l’existence d’une chose n’est pas produire un changement en autre chose, ou travailler sur un matériel existant ou avec le même. Quand on dit qu’un acte créatif de Dieu se produit ‘à partir de rien’, cela veut dire que Dieu n’utilise rien pour créer tout ce qui est ; cela ne signifie pas qu’il y ait un changement à partir de ‘rien’ en ‘quelque chose’ », insiste le professeur Caroll.
Ce qui est en opposition avec la théorie d’Hawking qui affirme que la création signifie tout simplement « mettre en mouvement l’univers ».
« Se servir des sciences naturelles pour nier la création est une erreur, mais c’est aussi une erreur de recourir à la cosmologie pour la confirmer. La raison, estime le professeur, peut conduire à la connaissance du Créateur, mais la voie à suivre est celle de la métaphysique et non celle des sciences naturelles ».
Ceci est du au fait que la causalité de Dieu par rapport aux créatures est différente de la causalité et de l’interdépendance au niveau de la création sur laquelle enquêtent les scientifiques : « La causalité de Dieu est si différente de celle des créatures qu’il n’existe aucune compétition entre les deux, autrement dit nous n’avons pas besoin de mettre des limites (…) à la causalité de Dieu pour donner lieu à la causalité des créatures ».
La question sur la cause créatrice se distingue de l’explication du dessin de l’univers. Hawking, estime le professeur Caroll, nie la nécessité de recourir à un Grand Dessinateur, mais le postulat d’un créateur répond à une question qui se trouve à un niveau supérieur aux affirmations cosmologiques ou biologiques qui renvoient à la possibilité de changement.