Synode : Synthèse des interventions du 12 octobre (matin)

Troisième congrégation générale

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ROME, Vendredi 15 octobre 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les synthèses des interventions des pères du Synode de la troisième Congrégation générale (12 octobre, matin)

Sont intervenus les Pères suivants:

– S. Ém. le Card. Angelo SODANO, Doyen du Collège des Cardinaux (CITÉ DU VATICAN)
– S. Ém. le Card. Zenon GROCHOLEWSKI, Préfet de la Congrégation pour l’Éducation Catholique (CITÉ DU VATICAN)
– S. Exc. Mgr ‘Ad ABIKARAM, Évêque de Saint-Maron de Sydney des Maronites (AUSTRALIE)
– Rév. P. David NEUHAUS, S.I., Vicaire du Patriarche de Jérusalem des Latins pour la pastorale des catholiques de langue hébraïque (JÉRUSALEM)
– S. Exc. Mgr Louis SAKO, Archevêque de Kirkouk des Chaldéens, Administrateur Patriarcal de Sulaimaniya des Chaldéens (IRAQ)
– S. Exc. Mgr Shlemon WARDUNI, Évêque titulaire d’Anbar des Chaldéens, Évêque de Curie de Babylone des Chaldéens (IRAQ)
– S. Exc. Mgr Antonios Aziz MINA, Évêque de Guizeh des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)
– S. Exc. Mgr Maroun Elias LAHHAM, Évêque de Tunis (TUNISIE)
– S. Exc. Mgr Samir NASSAR, Archevêque de Damas des Maronites (SYRIE)
– S. Exc. Mgr Youssef BÉCHARA, Archevêque d’Antélias des Maronites (LIBAN)
– Rév. Mgr Raphaël François MINASSIAN, Exarque patriarcal du Patriarcat de Cilicie des Arméniens (JÉRUSALEM)
– S. Exc. Mgr Salim SAYEGH, Évêque titulaire d’Acque di Proconsolare, Évêque auxiliaire de Jérusalem des Latins, Vicaire patriarcal de Jérusalem des Latins pour la Jordanie (JÉRUSALEM)
– S. Exc. Mgr Georges BACOUNI, Archevêque de Tyr des Grecs-Melkites (LIBAN)
– Rév. P. Mauro JÖHRI, O.F.M. Cap., Ministre général de l’Ordre Franciscain des Frères Mineurs Capucins (ITALIE)
– S. Exc. Mgr Jean Benjamin SLEIMAN, O.C.D., Archevêque de Babylone des Latins (IRAQ)
– S. Exc. Mgr Vincent LANDEL, S.C.I. di Béth., Archevêque de Rabat (MAROC)
– S. Exc. Mgr Giorgio BERTIN, O.F.M., Évêque de Djibouti (DJIBOUTI)
– Archimandrite Robert L. STERN, Secrétaire général de la « Catholic Near East Welfare Association » (C.N.E.W.A.) (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)
– S. Exc. Mgr Vartan Waldir BOGHOSSIAN, S.D.B., Évêque de San Gregorio de Narek en Buenos Aires des Arménienss, Exarque apostolique pour les fidèles de rite arménien résidant en Amérique latine et au Mexique (AMÉRIQUE LATINE ET MEXIQUE)
– S. Exc. Mgr Paul Youssef MATAR, Archevêque de Beyrouth des Maronites (LIBAN)
– S. Ém. le Card. Stanisław RYŁKO, Président du Conseil pontifical pour les Laïcs (CITÉ DU VATICAN)
– Rév. P. Ab. Semaan ABOU ABDOU, O.M.M., Supérieur général de l’Ordre Maronite Mariamite (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions publiés par la secrétairerie générale du synode (traductions de travail, non officielles).

– S. Ém. le Card. Angelo SODANO, Doyen du Collège des Cardinaux (CITÉ DU VATICAN)

Une première exigence
Posant maintenant le regard sur l’actuelle Assemblée, je voudrais tout de suite dire que je suis tout à fait d’accord avec ce qui est écrit dans notre Document de travail, c’est-à-dire que la communion ecclésiale est la première exigence que les chrétiens doivent sentir dans l’actuelle réalité complexe du Moyen-Orient. De plus, cette unité est aussi le premier témoignage que les Pasteurs et les fidèles peuvent fournir à la société où ils vivent, qu’ils se trouvent à Chypre ou au Koweit, en Turquie ou en Égypte, dans une société où la présence chrétienne est très faible, comme dans certains Pays de la Péninsule Arabique, ou au contraire très importante comme au Liban.
Les dures épreuves du moment peuvent même devenir un stimulant pour une plus grande cohésion entre les diverses communautés chrétiennes, surmontant également le confessionnalisme en ce qu’il a d’étroit et de limité. Les chrétiens, en effet, sont avant tout des membres du même Corps Mystique du Christ. Avant les différences de langue, de nation, d’appartenance à des rites divers, il y a, en effet, l’appartenance à l’unique Église du Christ et donc le devoir d’une étroite collaboration et d’un style de vie charitable et fraternel.Devant la diffusion du Christianisme au Moyen-Orient, l’auteur anonyme de la lettre à Diogénète décrivait déjà l’identité des chrétiens comme étant « ceux qui ne se différenciaient pas des autres hommes ni par le territoire ni par la langue ou les vêtements… qui ne parlaient pas un langage inusité… montraient le caractère admirable et extraordinaire de leur système de vie » (Lettre à Diogénète, n° 5).
Je rappelle que sur l’argument de l’unité des chrétiens et de leur ouverture solidaire envers les autres, le regretté Pape Jean-Paul II y avait beaucoup insisté au cours du Synode pour le Liban, en 1995. Ensuite, il y consacra différentes directives importantes dans l’Exhortation Apostolique post-synodale de 1997, en nous rappelant que toutes les diverses communautés chrétiennes forment une unique et même Église catholique unie autour du Successeur de Pierre et vouée au service de l’humanité (Exhortation post-synodale « Une espérance nouvelle » n. 8).
L’unité ecclésiale
Parfois les discussions dans nos communautés naissent aussi des divers comportements pastoraux, entre celui qui préfère privilégier la garde de l’héritage du passé et celui qui rappelle davantage à la nécessité du renouvellement. Toutefois nous savons, qu’à la fin, il faudra toujours tenir compte du critère qui nous a été donné par Jésus, le critère du « nova et vetera » (Mt 13,52), c’est-à-dire du neuf et du vieux à extraire du trésor de l’Église.
Notre aimé Saint-Père Benoit XVI le rappelait d’ailleurs récemment, en parlant à un groupe d’Évêques nouvellement nommés, leur disant: « Le concept de garder ne veut pas seulement dire conserver ce qui a été établi – bien que cet élément ne doit jamais venir à manquer – mais requiert aussi, dans son essence, l’aspect dynamique, c’est-à-dire une tendance concrète au perfectionnement, en pleine harmonie et continuelle adéquation aux exigences nouvelles liées au développement et au progrès de cet organisme vivant qu’est la communauté » (L’Osservatore Romano, 13-14 septembre 2010).
Bien évidemment, l’unité entre les Pasteurs et les fidèles au Moyen-Orient comporte ensuite une étroite unité avec l’Église de Rome, là où la Providence a conduit l’Apôtre Pierre à établir son siège. À cet égard, qui a oublié ce qu’écrivait à l’Église de Rome le grand Évêque d’Antioche, Saint Ignace?
Il s’agit d’une union affective qui doit, ensuite, conduire à une union effective avec le Saint-Siège, à travers les nombreux canaux qui existent aujourd’hui. À ce propos, je voudrais aussi rappeler l’opportunité d’une union étroite avec les Représentants Pontificaux existants dans les Pays du Moyen-Orient. Ils sont au nombre de huit, les méritants Envoyés du Pape, qui à Jérusalem et à Beyrouth, à Damas et à Ankara, à Bagdad et à Téhéran, au Caire et à Safat au Koweit, entendent collaborer avec les Pasteurs locaux en ce moment difficile de leur mission.
Notre espérance
En conclusion, nous devrions travailler tous ensemble pour préparer une aube nouvelle pour le Moyen-Orient, en se servant des talents que Dieu nous a donnés. Il est, bien sûr, urgent de favoriser la solution du tragique conflit israélo-palestinien. Il est, bien sûr, urgent d’oeuvrer pour que prennent fin les courants agressifs de l’Islam. Nous devrions, bien sûr, toujours demander le respect de la liberté religieuse de tous les croyants.
C’est une mission difficile celle que vous, vénérés Pasteurs de l’Église au Moyen-Orient, devez accomplir dans un moment historique aussi dramatique. Sachez, cependant, que vous n’êtes pas seuls dans votre sollicitude quotidienne pour préparer un avenir meilleur à vos communautés.
Il est vrai que, parfois, devant les épreuves du moment
actuel, certains peuvent avoir aussi spontanément envie de répéter avec le Psalmiste: « Exsurge, Domine! Salvos nos fac, Domine! » (Ps 3,8). « Dresse-toi, Yahvé! Sauve-moi, mon Dieu! ».
Cependant, la foi nous dit tout de suite que le Seigneur est déjà bien vigilant à nos côtés et que la promesse que le Christ fit un jour aux Apôtres est toujours actuelle: « Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Chers Confrères, cette certitude nous soutient dans le moment difficile dans lequel nous vivons!

[Texte original: italien]
– S. Ém. le Card. Zenon GROCHOLEWSKI, Préfet de la Congrégation pour l’Éducation Catholique (CITÉ DU VATICAN)

L’Église, au Moyen-Orient, possède une très longue tradition éducative. Il existe, aujourd’hui, un millier d’institutions scolaires catholiques, avec environ 600 000 élèves. Elles sont généralement très appréciées et offrent une éducation scolaire sans aucune distinction ou discrimination, et les plus pauvres y ont particulièrement accès. En outre, il y a 4 universités catholiques dans la région avec différents sièges au-dehors, 8 institutions d’études supérieures ecclésiastiques et au moins 10 séminaires de rites différents . De toute façon, dans les pays moyen-orientaux, les institutions éducatives catholiques jouissent de conditions différentes quant à la possibilité d’accomplir leur activité et leur mission. Aussi, leur présence dans certaines zones est plus massive, alors qu’elle l’est moins dans d’autres.
Je me réfère au n° 3 du Document de travail, qui définit d’une manière générique l’objectif spécifique de cette Assemblée, car les institutions éducatives catholiques peuvent avoir un poids important dans la réalisation de presque tous les postulats présents dans les différents lieux du Document, c’est-à-dire:
– pour fournir aux chrétiens la raison de leur présence au Moyen-Orient et leur mission dans chacun des Pays; pour former d’authentiques témoins de la foi à tous les niveaux ainsi que les personnes compétentes pour transmettre la foi;
– pour raviver la communion ecclésiale et la coopération entre les éléments très variés qui composent la réalité ecclésiale au Moyen-Orient; pour l’engagement oecuménique et pour le dialogue interreligieux; pour la collaboration avec les juifs et les musulmans dans le domaine religieux social et culturel pour le bien commun;
– pour renforcer l’engagement chrétien nécessaire dans la vie publique; dans l’activité civile et politique; dans les moyens de communication; pour contribuer à affronter d’une manière appropriée les défis de la paix et ceux qui naissent de l’ambiguïté de la modernité; pour former une société plus juste, plus solidaire et plus humaine; pour contribuer au développement intégral des Pays du Moyen-Orient à tous les niveaux et pour les enrichir de valeurs chrétiennes.
Afin que les chrétiens puissent être respectés comme il se doit, et pour qu’ils puissent assumer leur bénéfique mission, y compris celle éducative, il faut une promotion qualifiée des concepts de « laïcité positive », de la dignité de la personne humaine, de ses droits, de la vraie liberté religieuse, du respect de la liberté de l’autre. Les institutions éducatives catholiques peuvent et doivent aussi contribuer à cette promotion.
Du reste, je crois qu’il est difficile de trouver, parmi les postulats mis en lumière dans le Document de travail, quelqu’un pour qui les institutions éducatives n’ont pas d’importance. Évidemment, chacune de ces institutions doit contribuer dans son propre domaine d’action et selon ses possibilités concrètes.
Je voudrais seulement mettre en lumière quatre remarques:
1) Nos institutions sont ouvertes à tous et respectent ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne, d’une manière telle que personne ne se sent comme un invité ou un étranger. Toutefois, cela ne peut pas vouloir dire qu’il faut passer sous silence les valeurs chrétiennes qui sont à la base du système éducatif catholique ou l’affaiblissement de sa propre identité spécifique et mission chrétienne.
2) Pour être des partisans de la paix, du respect des droits humains, du progrès, de l’engagement civil et politique, et pour être en outre engagés dans l’oecuménisme, dans le dialogue interreligieux, etc., il est nécessaire que les instituts d’études supérieures aient des contacts et un dialogue avec les autres instituts du même genre présents sur le territoire.
3) Reste fondamentale la promotion authentique des vocations sacerdotales ainsi que la solide préparation philosophique et théologique, spirituelle et culturelle des futurs prêtres, appropriée aux besoins spécifiques du lieu. En fait, c’est de leur qualité et de leur engagement que dépendra en très grande partie la consolidation et le développement de l’Église au Moyen-Orient.
4) Il est d’une extrême importance que les Évêques/Éparques accompagnent constamment les institutions éducatives catholiques par leur présence, leur encouragement, leur assistance et leurs conseils constructifs.

[Texte original: italien]
– S. Exc. Mgr ‘Ad ABIKARAM, Évêque de Saint-Maron de Sydney des Maronites (AUSTRALIE)

Comment les chrétiens orientaux de la diaspora peuvent-ils aider les chrétiens du Moyen-Orient?
Nous sommes convaincus que confirmer les chrétiens orientaux de la diaspora dans leur identité et dans leur patrimoine oriental pourrait engendrer une dynamique qui les ramènerait à leurs racines et qui susciterait en eux la spiritualité et la foi de leurs ancêtres, de façon à ce qu’ils puissent devenir une source essentielle de « soutien spirituel et de solidarité » pour leurs frères chrétiens dans leur patrie.
Mon expérience pastorale incarne cette vision. À la lumière de ces principes, nous avons créé différentes activités et comités dans toutes nos paroisses: certaines visent à établir des contacts avec les maronites d’Australie et à créer la communication entre eux et le Liban; d’autres visent à les éduquer et à renforcer leur maronité afin de les inciter à soutenir financièrement ceux qui sont au Moyen-Orient; d’autres encore visent à promouvoir les relations avec les évêques catholiques et orthodoxes australiens et avec les musulmans pour des actions futures.
Les chrétiens du monde entier, à tous les niveaux, devraient participer, conformément à un plan stratégique, à fournir une aide aux Églises orientales.
Nous, membres de la diaspora, nous sommes appelés à éduquer notre peuple, à le confirmer dans son identité orientale, à le sensibiliser à celle-ci, en se basant sur la foi et sur le patrimoine. Cela les poussera à aider leurs frères chrétiens en Orient et à s’unir en une seule Église, dans ses racines et dans son expansion. L’Église des nouveaux horizons pour les temps nouveaux. 

[Texte original: anglais]

– Rév. P. David NEUHAUS, S.I., Vicaire du Patriarche de Jérusalem des Latins pour la pastorale des catholiques de langue hébraïque (JÉRUSALEM)

L’hébreu est également la langue de l’Église catholique au Moyen-Orient. Des centaines de catholiques israéliens expriment tous les aspects de leur vie en hébreu, inculturant leur foi au sein d’une société qui est définie par la tradition hébraïque. Cependant, aujourd’hui, il y a aussi des milliers d’enfants, de foi catholique, appartenant à des familles de travailleurs étrangers, de réfugiés, et des arabes qui fréquentent des écoles de langue hébraïque et qui ont besoin de recevoir le catéchisme en hébreu. Aujourd’hui, le vicariat de langue hébraïque doit affronter un profond défi. Enfin, le vicariat catholique de langue hébraïque est à la recherche de voies pouvant servir de pont entre l’Église, parlant surtout l’arabe, et la société israélienne hébraïque, afin de promouvoir aussi bien l’enseignement du respect pour les peuples de l’Ancienne Alliance qu’une sensibilité au cri de justice et de p
aix pour les Juifs et les Palestiniens. Ensemble, les catholiques parlant l’arabe et ceux parlant l’hébreu doivent témoigner et travailler en communion pour l’Église dans la terre où elle a vu le jour.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr Louis SAKO, Archevêque de Kirkouk des Chaldéens, Administrateur Patriarcal de Sulaimaniya des Chaldéens (IRAQ)

La réforme liturgique basée sur la Sainte Écriture, mais aussi la Patristique et les exigences pastorales d’aujourd’hui. Autrement, nos fidèles iront chercher d’autres églises, comme c’est déjà le cas pour certains. La formation des formateurs doit représenter une priorité. Certaines Églises souffrent parfois d’une pénurie de personnel; il revient à l’Église universelle d’aider à la préparation d’un clergé qui soit à la hauteur de sa mission.
Les relations entre les différentes Églises de chaque pays du Moyen-Orient et les relations avec le Saint-Siège. Comment vivre en même temps la communion dans la particularité? Nous resterons divisés si nous nous tournons vers le passé au lieu de rechercher ce qui peut nous unir aujourd’hui. Les Églises orientales font partie de l’Église universelle et toute étude menée par l’Église universelle doit prendre en considération la situation des Églises particulières. Parfois nous sommes déçus.
Un engagement sérieux en faveur du dialogue avec les musulmans. Sans un dialogue avec les musulmans il n’y aura pas de paix ni de stabilité. Ensemble, nous pouvons enrayer les guerres et toutes les formes de violence. Nous devons unir nos voix pour dénoncer ensemble cette grande affaire économique que représente le commerce des armes. Une vraie menace de guerre dans notre région, où les paroles du Pape Jean-Paul II se sont tragiquement avérées: « La guerre est une aventure sans retour ». Sans le dialogue et un engagement réel et concret, il n’y aura pas de paix.
L’exode mortel qui afflige nos Églises ne pourra guère être évité. L’émigration est le plus grand défi qui menace notre présence. Les chiffres sont inquiétants. Les Églises orientales, mais aussi l’Église universelle, doivent prendre leurs responsabilités et faire, avec la communauté internationale et les autorités locales, des choix communs qui respectent la dignité de la personne humaine. Des choix qui devront se baser sur l’égalité et la pleine citoyenneté, comportant des engagements de partenariat et de protection. La force d’un État doit se baser sur sa crédibilité dans l’application des lois au service des citoyens, sans discrimination entre majorité et minorité. Nous voulons vivre en paix et en liberté, et non pas survivre.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr Shlemon WARDUNI, Évêque titulaire d’Anbar des Chaldéens, Évêque de Curie de Babylone des Chaldéens (IRAQ)

Nous remercions Sa Sainteté le Pape Benoît XVI qui nous a invités à cette réunion et qui travaille avec nous et nous accompagne afin que nous puissions atteindre des résultats positifs et constructifs. C’est un pas heureux, courageux et nécessaire que nous franchissons ensemble afin d’aborder les questions épineuses et inévitables qui nous concernent tous. Ce pas est franchi tardivement, il y a longtemps que nous aurions dû le faire, du fait de son importance et des questions cruciales que nous y traitons: existence ou non-existence, construction ou destruction, persévérance ou échec, engagement ou désengagement, avancer ou reculer, et ce, en considérant le passé, le présent et l’avenir. 
Nous devons poser des bases solides et réparer les fondements minés ou affaiblis si nous voulons témoigner de Jésus Christ et vivre les préceptes divins qu’il nous a donnés, afin qu’ils animent notre comportement et que la communion entre nous se réalise.
Nul ne peut affaiblir cette communion: ni les intérêts propres, ni le confessionnalisme, ni l’égoïsme; nous devons au contraire la vivre pleinement, autrement nos divergences nous détruirons; nous devons faire appel à l’amour mutuel et le vivre, car il nous conduira à l’unité qui nous donnera la force.
Alors que faire? 
1 – L’amour est au-dessus de tout: créer un comité du Moyen-Orient avec toutes les Églises liées au Conseil des Patriarches qui serait chargé du dialogue entre les Églises catholiques et de leur rapprochement réel, afin d’abattre les barrières, nouer des relations étroites, encourager la réciprocité dans les services et examiner les points faibles des Églises soeurs.
2- Qu’elles deviennent un seul coeur : créer un comité pour l’oecuménisme et les relations avec les Églises orthodoxes soeurs et avec les communautés protestantes, ainsi qu’un comité pour le dialogue entre les religions au Moyen-Orient, qui organiserait des réunions constructives entre les trois grandes religions et avec d’autres religions. Mettre en place un comité fort visant à défendre les opprimés et ceux dont les droits ont été piétinés, et s’ériger avec courage et audace contre les groupes politiques fanatiques et partisans.
3 – Insister sur le témoignage de foi dans la vie, et encourager nos fidèles à travailler dans le domaine politique parce qu’ils sont des citoyens autochtones qui ont leurs droits et leurs devoirs et qui doivent prendre la responsabilité de faire fonctionner l’État en conformité avec les principes des droits de l’homme. Sensibiliser les personnes à défendre la liberté de religion, la liberté de conscience et la liberté d’expression, et nous évoquons ici en particulier la question des mineurs qui peut créer des problèmes dans les familles chrétiennes car il n’y a pas de liberté dans ce domaine.
4 – Nous devons rechercher la paix et la stabilité dans nos pays et crier d’une seule voix: non à la guerre, oui à la paix; non aux armes de destruction, oui au désarmement; non au terrorisme, oui à la fraternité universelle; non aux divisions, aux conflits et au fanatisme, oui à l’unité, à la tolérance et au dialogue. Et nous devons bien nous concentrer sur le fait que les chrétiens du Moyen-Orient sont de vrais citoyens et qu’ils ont, en vertu des statuts internationaux, deux privilèges: primo, le droit à la citoyenneté, secundo, le droit de continuer à assurer leur présence et de ne pas être exclus de la construction des pays du Moyen-Orient.
5 – Être à l’écoute des laïcs et leur attribuer leur vrai rôle dans l’Église et créer un comité pour les familles et pour les jeunes. 
Nous plaçons tout cela sous la protection de notre Mère Marie, Mère de l’Orient, qui a accompagné la première Église, et Celle qui a accompagné la première Église nous accompagnera aujourd’hui.
Amen.

[Texte original: arabe]

– S. Exc. Mgr Antonios Aziz MINA, Évêque de Guizeh des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)

Élections des Évêques:
Mon intervention ne vise pas à demander un changement de la norme en vigueur, mais plutôt à trouver une procédure qui puisse alléger les pratiques des nominations, en conservant la norme en vigueur et en sauvegardant en même temps la tradition orientale.
Je suggère deux façons alternatives, par ordre de préférence:
– Considérer le Pontife romain comme étant potentiellement présent dans toutes les réunions du Synode et implicitement acquiescent, pour toute élection survenue. Ainsi, le Patriarche devra demander au Saint-Père de donner Sa bénédiction, une fois l’élection effectuée, mais avant la publication de la nomination.
– Le Patriarche communique directement le résultat de l’élection au Saint-Père lors d’une Audience spéciale ou par l’intermédiaire du Représentant pontifical, en demandant son approbation.
La juridiction des Patriarches sur les fidèles de même rite hors des territoires patriarcaux:
Le principe de territorialité a été maintenu avec fermeté par l’ensemble des conciles oecuméniques.
D’autre part, ces dernières 60/70 années ont marqué l’histoire humaine à un rythme frénétique.
À la suite de l
‘immigration massive de familles entières, d’une partie du monde à une autre, beaucoup d’orientaux ont quitté leur territoire afin de s’établir ailleurs. Dans le cas extrême, les fidèles appartenant à une Église « sui iuris » sont plus nombreux hors du territoire qu’à son intérieur.
Il n’est pas tout à fait logique que certains fidèles appartenant à une église « sui iuris » n’aient d’autres relations que celles liturgiques avec l’Église à laquelle ils appartiennent.
Ma demande est de pouvoir donner au Patriarche une juridiction personnelle sur les fidèles de son Église, quel que soit le lieu où ils se trouvent.
Ordinariats pour les orientaux dépourvus d’un responsable propre:
Cette structure juridique pré-conciliaire, qui a surgi suite à la pastorale des orientaux résidant hors des territoires d’origine, semble tout à fait dépassée, et j’oserais dire qu’elle s’oppose même aux dispositifs du droit en vigueur.
Je propose donc d’étudier pour l’instant à nouveau la situation juridique des actuels Ordinariats pour les orientaux dépourvus de responsable propre, en vue de leur abolition.
La mission des Prêtres mariés hors des territoires patriarcaux:
Depuis les années 30 est en vigueur l’interdiction d’ordination et d’exercice du ministère pour les prêtres mariés hors des territoires patriarcaux et des « Régions historiquement orientales ».
Je pense, tout en me soumettant à ce qui sera décidé par le Saint-Père, que le moment est venu de faire ce pas en faveur de la pastorale des fidèles orientaux dans la diaspora.

[Texte original: italien]
– S. Exc. Mgr Maroun Elias LAHHAM, Évêque de Tunis (TUNISIE)

Parler des relations Moyen-Orient/Maghreb n’est pas parler des relations Orient/Occident. Les pays du Maghreb font aussi partie du monde arabe et des pays musulmans. Il faut savoir qu’il y a plus de musulmans en Afrique du Nord que dans les pays du Moyen-Orient. Il est vrai que le Moyen-Orient a la grâce d’avoir des minorités chrétiennes arabes, tandis que le Christianisme des premiers siècles est totalement disparu des pays du Maghreb. Actuellement, ce sont de véritables Églises locales implantées dans leurs pays respectifs, mais avec des fidèles étrangers.
C’est à partir de ces deux points que je fais mon intervention.
– Les pays du Maghreb font partie du monde arabo-musulman. Mises à part quelques particularités dans un pays ou dans un autre, la vie à Rabat, à Alger, à Tunis ou à Tripoli est semblable à la vie à Amman, à Damas, à Bagdad ou au Caire. Cela s’applique surtout aux relations avec l’Islam et au fait de vivre la foi chrétienne dans un contexte très différent. Les Églises des pays du Maghreb ont tout intérêt à se mettre en relation avec leurs Églises soeurs du Moyen-Orient dans ce domaine, et à apporter leur spécificité d’un dialogue de vie et de pensée avec l’Islam, un dialogue vécu à partir d’une situation d’étrangers et non de concitoyens. 
– Les Églises du Maghreb sont des Églises dont les fidèles sont des étrangers. Dans chaque Église du Maghreb on ne compte pas moins de 60 nationalités. Ce sont des européens (entrepreneurs, diplomates, résidents, retraités, femmes chrétiennes de mariage mixte, etc), des africains (étudiants, employés de la Banque africaine du développement, militaires en stage, familles, immigrés, etc), quelques arabes chrétiens du Moyen-Orient (Égypte, Syrie, Liban, Palestine, Jordanie) et une poignée de locaux baptisés dans l’Église catholique (en Tunisie et en Algérie).
La collaboration demandée ici est un échange de prêtres, de religieuses, de laïcs consacrés ou de volontaires pour travailler dans les paroisses et dans les diverses institutions de l’Église de l’Afrique du Nord. Jusqu’à présent, c’était l’Europe qui assurait tout cela. Actuellement, ce n’est plus envisageable, vue la diminution des vocations sacerdotales et religieuses. N’ayant pas de familles chrétiennes locales ou résidentes depuis des générations, nos Églises ont deux directions où demander du secours: l’Afrique et le Moyen-Orient. 
Il est vrai que la vie d’un prêtre du Moyen-Orient ne ressemble pas à la vie d’un prêtre dans le contexte du Maghreb ( je le dis par expérience, étant moi-même, ainsi que mon confrère d’Alger, des moyen-orientaux), mais, avec la grâce de Dieu et un sérieux travail d’adaptation, c’est possible et c’est même enrichissant. Pour les religieuses, l’insertion est plus facile, car il y a le soutien de la communauté.
« Demandez, et vous recevrez » a dit le Seigneur. Nous avons demandé, nous attendons de recevoir.

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Samir NASSAR, Archevêque de Damas des Maronites (SYRIE)

Les Églises d’Orient cohabitant avec l’Islam depuis quatorze siècles malgré les difficultés et les défis, avec des hauts et des bas souvent liés aux problèmes politiques, et le conflit Orient-Occident surtout depuis les Croisades (11ème -13ème siècle). 
Dans cette longue vie commune regardons un peu la moitié pleine du verre:
Un enrichissement réciproque s’établit chaque jour : L’attachement des musulmans à la prière, au jeûne, à la charité, au pèlerinage, incitent les voisins Chrétiens à devenir plus pratiquants.
La proximité des chrétiens avec l’Évangile fait réfléchir les musulmans sur une lecture critique du Coran par exemple. 
Bien sûr, le dialogue dogmatique n’est pas là, mais le dialogue de la vie garantit une cohabitation qui dure depuis 14 siècles.
Il y a des initiatives qu’on peut entreprendre dans un régime laïc et tel est le cas syrien. Nous avons pu faire des choses en commun avec les musulmans pendant l’année de Saint Paul en 2008-2009, moyennant l’art, le théâtre, la culture et le sport. 
– Concerts de chants religieux mixtes.
– Expositions de peintures et Icônes. 
– Tournois sportifs et marathon. 
– Conférences, colloques, roman photos.
– Mise en valeur des sites archéologiques du premier siècle. 
– Films et pièces interprétés par des acteurs chrétiens et musulmans. 
Celui qui a joué Saint Paul est un musulman. 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Youssef BÉCHARA, Archevêque d’Antélias des Maronites (LIBAN)

Mon intervention se réfère aux numéros 25 et 39 de l’Instrumentum. Laboris où il est question de laïcité positive. Plus loin au n°109, il est affirmé qu’il n’y a pas de laïcité dans les pays musulmans.
Étant donné que la majorité écrasante des Pays du Moyen-Orient est musulmane et refuse donc la laïcité, il serait préférable, pour notre synode, d’utiliser, à la place, le terme de citoyenneté ou d’État civique. Car c’est un terme qui est plus admis et comprend les mêmes réalités. De plus, il a été utilisé par des dignitaires religieux et des écrivains musulmans au Liban et ailleurs. 
En outre les Patriarches Catholiques d’Orient, dans leurs lettres pastorales, notamment celle qui traite des relations entre Chrétiens et Musulmans, ont largement utilisé la citoyenneté (N.32). 
Mais pour que la réalité de la citoyenneté soit admise, généralisée et intégrée au niveau des constitutions et surtout des mentalités, un double travail est requis: 
– au niveau de la société populaire, les moyens de communication sociale peuvent être d’un grand secours. Car, il s’agit d’ancrer dans les masses les notions que comporte la citoyenneté, surtout l’égalité de tous et l’acceptation de la diversité religieuse et culturelle.
– au niveau éducatif, dans les écoles et les universités, la citoyenneté peut être nourrie tout au long des années de formation. Un travail d’épuration s’impose au niveau des programmes pour en éliminer les discriminations. 
Ce double travail s’impose si on veut dépasser le niveau des élites pour qui la citoyenneté, le dialogue et même la liberté sont admis, pour pouvoir atteindre les masses qui peuvent être manipulées et verser dans tout genre d »extrémism
e.

[Texte original: français]

– Rév. Mgr Raphaël François MINASSIAN, Exarque patriarcal du Patriarcat de Cilicie des Arméniens (JÉRUSALEM)

La communion, ce n’est pas une relation sociale amicale, mais c’est plutôt se dévouer pour le bien de son frère. Tel est l’enseignement de Jésus.
L’Église locale de Terre Sainte à Jérusalem est consciente des problèmes aigus d’ordre socio-politiques des chrétiens au Moyen-Orient, et a confiance en l’importance impérative des médias qui peuvent jouer un rôle positif pour proposer des solutions.
La technique des mass-médias consiste à utiliser le son, l’image et le texte comme moyens de communication, qui nous conduisent à une solution « communicative » qui trouve son fondement dans l’unité des églises catholiques en Orient. Une unité idéale pour un témoignage chrétien qui accélère la communion et la collaboration, sans nuire à l’identité des diverses Églises chrétiennes catholiques, et sans porter atteinte à leur culture traditionnelle.
L’Église catholique du Moyen-Orient est restée fidèle à la tradition apostolique, qui consistait à prêcher, visiter et écrire. La collaboration, dans le domaine des mass-médias, reste encore faible entre les catholiques du Moyen-Orient en raison des diversités qui existent entre les cultures et entre les traditions ecclésiastiques.
Dernièrement, l’utilisation des mass-médias et des moyens de communication sociale, est devenue plus fréquente, mais au niveau et sur initiative individuels. Ces moyens, en dépit du progrès rapide du monde des médias, restent encore dans une phase primitive par manque de ressources économiques et, par conséquent, également professionnelles.
Les mass-médias peuvent jouer un rôle important et constituer l’un des moyens les plus adaptés pour créer une vraie communion entre les diverses églises catholiques, à partir d’une collaboration active entre elles, de manière à ce que les mass-médias deviennent réellement le lieu de témoignage de Jésus et des valeurs chrétiennes.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr Salim SAYEGH, Évêque titulaire d’Acque di Proconsolare, Évêque auxiliaire de Jérusalem des Latins, Vicaire patriarcal de Jérusalem des Latins pour la Jordanie (JÉRUSALEM)

Parmi les problèmes que rencontre l’Église au Moyen-Orient, il faudrait mentionner celui des sectes, qui provoquent une grande confusion doctrinale. Notre époque est remplie de leurs fantaisies théologiques. En Jordanie, à titre d’exemple, il y a une cinquantaine de sectes, dont cinq ont plus de pasteurs actifs que toutes les Églises catholiques et orthodoxes ensemble. Que faire pour garder le dépôt de la foi et limiter leur influence croissante?
Visiter les familles.
Les curés et les pasteurs d’âmes sont priés avec insistance, de visiter les familles et de prendre leur part de responsabilité pour expliquer, défendre, semer, vivre et aider à vivre la foi catholique. 
S’occuper sérieusement de la formation chrétienne des adultes.
Beaucoup de nos fidèles pratiquants sont vaguement moralisés et sacramentalisés. Ils ne sont pas évangelisés. Ils servent de pâture pour les sectes.
Sensibiliser les écoles catholiques à leur mission d’écoles catholiques.
Souvent, les responsables des écoles ne donnent pas à la leçon de catéchisme la même importance qu’ils donnent aux autres matières. Rarement ils préparent les catéchistes. Très souvent ils les choisissent sans discernement, pour boucher un trou. 
À voir le courage de réviser les livres de catéchisme pour qu’ils expriment clairement la foi et la doctrine de l’Église catholique, attestées et éclairées par l’Écriture sainte, la Tradition apostolique et le Magistère ecclésiastique. 
En conclusion: au-delà des différences rituelles, et des différends politiques, garder le dépôt de la foi, telle est la mission primordiale des pasteurs de l’Église catholique.

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Georges BACOUNI, Archevêque de Tyr des Grecs-Melkites (LIBAN)

Il est vrai que les parents sont les premiers catéchistes des fidèles, avec le soutien des écoles et des paroisses. Mais à la suite de Vatican II, une nouvelle initiative de catéchisme a vu le jour à partir des Nouveaux Mouvements Ecclésiaux avec la bénédiction et l’encouragement des Papes Paul VI, Jean-Paul II et Benoit XVI. Il est important que les Églises d’Orient d’aujourd’hui retirent un enseignement de leur succès et bénéficient de leur initiative.
La plupart de ces mouvements ecclésiaux suivent une certaine approche du catéchisme, et je vais faire référence à l’une d’entre elles – les communautés Épée de l’Esprit dans le cadre du mouvement Renouveau dans l’Esprit Saint – pour expliquer leur pédagogie. Cette communauté est modelée sur la propre pédagogie catéchétique du Seigneur avec les disciples sur la route d’Emmaüs, comme nous le lisons au 24ème chapitre de l’Évangile de Luc. Elle n’a pas seulement pour objectif l’éducation de l’esprit, mais bien plutôt de conduire les fidèles à une relation personnelle avec Jésus, une découverte de leur appel et mission, et à une plus profonde communion avec l’Église. C’est une pédagogie dirigée vers ces Chrétiens qui – comme les disciples d’Emmaüs – avaient été élevés dans la foi chrétienne mais qui avaient perdu l’espérance et « leurs yeux étaient empêchés de reconnaître » le Seigneur (Lc 24,16). Vu que plusieurs de ces chrétiens ne viennent plus à l’Église, des membres de ce mouvement partent et marchent avec eux sur la route comme l’a fait le Seigneur (v.15), les écoutent (v.17), les re-évangélisent (vv.25-27) et les mènent à la communion avec le Seigneur (v.30) et au désir d’une communauté (v.29). Puis, une fois que leur yeux sont ouverts, ils décident de rester – ou revenir – dans leur pays et leur église afin de devenir des nouveaux missionnaires (v.35). Mais, afin que cette conversion perdure, ils sont invités à une vie en communauté (vv.33, 36-43) où ils continuent de recevoir un enseignement et une compagnie (vv. 44-47), afin de devenir des témoins et mêmes des martyrs, par la force de l’Esprit-Saint et par une vie d’adoration et de prière (vv. 52,53). 
Ce que nous pouvons attester et voir au milieu des ces nouveaux mouvements est non seulement une nouvelle vitalité pour la prière et la vie évangélique, mais bien d’avantage une capacité d’inspiration pour de nombreux hommes et femmes, jeunes et vieux, à rester dans leurs pays comme des missionnaires et servir leurs églises locales avec zèle et obéissance. Par conséquent, il est crucial – voire vital – pour les évêques et le clergé de réaliser que ces nouveaux mouvements ecclésiaux travaillent dans et pour l’Église, et que leur contribution n’est pas une menace, mais un enrichissement aux efforts de l’Église de catéchiser les fidèles et de préserver une présence chrétienne au Moyen-Orient. Dès lors, les évêques en particulier doivent encourager et promouvoir de telles initiatives et, comme il est requis, fournir à ces nouveaux mouvements ecclésiaux une aide théologique et spirituelle dont ils manquent.
Les disciples d’Emmaüs s’en revinrent avec espérance, une espérance sur laquelle l’Église fut fondée. Puissions-nous tous revenir chez nous, dans nos situations locales, également remplis d’espérance en cette saison où l’Esprit Saint est à l’oeuvre d’une nouvelle façon, dans le sens d’un renouvellement de l’Église – comme cela a été décrit il y a douze ans par notre cher Pape Benoît XVI dans sa réflexion « Mouvements ecclésiaux dans l’Église »- et dans sa convocation prophétique de ce Synode spécial. Le Christ est le même hier, aujourd’hui et toujours!

[Texte original: anglais]
– Rév. P. Mauro JÖHRI, O.F.M. Cap., Ministre général de l’Ordre Franciscain des Frères Mineurs Capucins (ITALIE)

Dans mon intervention j’ai rappelé ce qui a caractérisé la p
résence des capucins au Moyen-Orient au cours des siècles, dans le cadre de la vaste tradition franciscaine. Je me suis attardé en particulier sur la situation en Turquie. En évoquant l’engagement culturel et le dévouement pastoral du capucin évêque, Mgr Luigi Padovese, Vicaire apostolique en Anatolie, sauvagement tué le 3 juin dernier, j’ai rappelé les graves difficultés auxquelles sont confrontés les chrétiens dans ce pays.
Parmi les engagements des capucins, outre la pastorale des chrétiens dispersés sur un territoire très vaste, les oeuvres de charité et le témoignage évangélique, j’ai rappelé l’engagement à promouvoir les symposiums de Tarse sur saint Paul et d’Éphèse sur saint Jean, en collaboration avec l’Institut de spiritualité Antonianum, afin de promouvoir l’intérêt pour les lieux des origines chrétiennes, en découvrant leur importance culturelle, non seulement pour les chrétiens. De plus, j’ai rappelé l’engagement à promouvoir la rencontre et le dialogue avec les musulmans en organisant des symposiums sur le dialogue interreligieux. En résumé, l’engagement des capucins, avec celui d’autres réalités ecclésiales, se traduit dans la volonté d’être des témoins dans la communion ecclésiale du Christ, espérance de paix pour tous.
J’ai enfin rappelé, en citant les mots de notre confrère tué, qu’on peut toujours vivre cette responsabilité apostolique, même là où, à cause des difficultés et des discriminations, la seule tâche possible « est celle d’être une présence. Un témoignage. Avec une activité pastorale très réduite […] la mission, c’est la présence »; ce n’est qu’ainsi que l’on pourra rendre justice au témoignage des martyrs qui ont versé leur sang sur ces terres pour l’Évangile du Christ.

[Texte original: italien]
– S. Exc. Mgr Jean Benjamin SLEIMAN, O.C.D., Archevêque de Babylone des Latins (IRAQ)

Mon intervention concerne le n.55 du Document de travail qui dit : « Au plan des relations inter-ecclésiales entre catholiques, cette communion est manifestée dans chaque pays par les Assemblées de patriarches et d’évêques, afin que le témoignage chrétien soit plus sincère, plus crédible et plus fructueux. Pour promouvoir l’unité dans la diversité, il faut dépasser le confessionnalisme dans ce qu’il peut avoir d’étroit ou d’exagéré, encourager l’esprit de coopération entre les différentes communautés, coordonner l’activité pastorale, et stimuler l’émulation spirituelle et non la rivalité. On pourrait suggérer que de temps en temps (par exemple tous les cinq ans), une Assemblée rassemble l’ensemble de ‘’épiscopat au Moyen-Orient ». <br>La communion revient une trentaine de fois dans le Document de travail. C’est qu’elle est le coeur de notre identité ecclésiale, la dynamique de l’unité et de la multiplicité de nos églises. D’elle dépendent notre présent et notre avenir, notre témoignage et notre engagement, nos efforts pour endiguer l’émigration qui nous affaiblit et pour exorciser le désenchantement qui nous érode. 
Mais la communion est surtout contredite par le confessionnalisme. Les rites se sont métamorphosés en confessions. Aussi, il est indispensable que nos églises sui juris redécouvrent les racines de ce phénomène qui plongent dans les structures arabo-islamiques primitives. Elles sont invitées à se dégager de cet héritage historique pour « retrouver le modèle de la communauté de Jérusalem ». 

[00044-03.02] [IN022] [Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Vincent LANDEL, S.C.I. di Béth., Archevêque de Rabat (MAROC)

En partant de l’expérience du Maroc (25 000 catholiques de 90 nationalités ; pour une population de 33 millions de musulmans), les chrétiens sont tous des étrangers, et ne peuvent être citoyens du pays, même s’il y a la « liberté de culte ». Cela entraîne qu’ils participent à la vie économique, culturelle et sociale du pays, mais qu’ils ne peuvent absolument pas s’immiscer dans des rouages de décisions politiques nationales ou internationales. 

Notre responsabilité d’Église est d’aider ces étrangers de passage à comprendre qu’ils sont en première ligne dans le dialogue de vie avec les musulmans. Dans les entreprises où ils travaillent, dans les universités ou les écoles, ils sont des unités au milieu de toute cette société musulmane. 
– Ils sont des témoins d’un Amour qui les dépasse ; 
– Ils sont les témoins de ce Dieu qui porte « un regard aimant » sur les hommes quelque soit leur culture ou leur religion. 
Leur témoignage de vie est fondamental pour la vie de l’Église. Un ami musulman me disait un jour « votre présence, si minime soit-elle, est très importante pour que nous comprenions qu’il y a différents chemins vers Dieu » 
Notre responsabilité d’Église est d’aider ces chrétiens à accepter de rentrer, avec leurs amis musulmans, dans une démarche d’accueil de la différence de l’autre, de rencontre, dans un esprit de totale gratuité, de rentrer dans une humble attitude de confiance envers l’autre différent. Cela n’est pas toujours facile à accepter dans un monde de l’efficacité, mais c’est cette attitude qui nous permet de continuer à vivre dans ce pays dans la paix et la sérénité, même si parfois il y a des tensions qui apparaissent. 
Et les chrétiens constatent avec joie qu’au contact de l’Islam leur foi chrétienne se purifie, s’approfondit. 
Notre responsabilité d’Église est d’aider ces chrétiens de passage à mieux comprendre que l’on peut vivre sa foi chrétienne avec joie et passion, dans une société totalement musulmane. Cela les aidera à revenir dans leur pays avec un autre regard sur les musulmans qu’ils rencontreront, et à détruire des « a priori » qui risquent de pourrir le monde. 
Notre responsabilité d’Église est d’aider ces chrétiens à comprendre qu’ils sont « signes » ; et comme nous le rappelait le Pape Jean-Paul II lors d’une visite ad limina « on ne demande pas à un signe de faire nombre, mais de signifier quelque chose ». 
Notre Église est « signe » par la communion que nous essayons de vivre, malgré la diversité de nos cultures et de nos nationalités. Malgré le très petit nombre des chrétiens qui sont originaires du Moyen-Orient, notre « signe » serait encore plus fort si nous avions dans notre presbyterium, un ou deux prêtres arabes. Une telle présence, loin de tout prosélytisme, serait un grand enrichissement pour l’Église. 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Giorgio BERTIN, O.F.M., Évêque de Djibouti (DJIBOUTI)

Les « biens à partager » auxquels je me réfère afin de renforcer notre témoignage de l’Évangile et l’annoncer aux musulmans sont « les prêtres ». Il peut y avoir des situations d’urgence, comme c’est le cas dans l’Église que je représente, où on n’a pas « ses propres » prêtres ou bien ceux-ci deviennent soudainement insuffisants. Pourquoi alors, au niveau du Moyen-Orient ou de toute l’Église, ne pas « partager » les prêtres que nous avons? Ceci pourrait être un développement et une adaptation aux situations actuelles de la « Fidei donum » et pourrait même donner une « bouffée d’oxygène » aussi bien aux Églises du Moyen-Orient qu’aux autres Églises, afin de vivre et de développer la dimension missionnaire.
Je suggère alors la création d’une « banque de prêtres disponibles »; c’est-à-dire qu’un certain nombre de prêtres venant de toutes les Églises et les congrégations religieuses, se rendrait disponible pour un temps déterminé: 3 mois, 6 mois, 9 mois… Ils pourraient offrir leur service en le considérant comme une période sabbatique ou comme un sacrifice fait avec générosité en faveur d’une Église ou d’un groupe de catholiques qui demandent la présence de prêtres afin de se maintenir dans la foi et de la témoigner avec humilité et courage. Ce serait là un moyen concret de vivre la « communion » entre nos Églises. Nous pourrions également appeler cette « banque de prêtres disponibles », « Prêtres sans frontières » parce qu’ils seraient
prêts à être envoyés et reçus dans de brefs délais. Pour cela, il faudra peut-être mettre en place un bureau de coordination.

[Texte original: italien]
– Archimandrite Robert L. STERN, Secrétaire général de la « Catholic Near East Welfare Association » (C.N.E.W.A.) (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)

Le mot « Église » a de nombreuses significations. Le mystère de l’Église peut être décrit en utilisant des « modèles » dont aucun n’est adapté à le décrire. Nous utilisons des « modèles » qu’ils soient conscients ou inconscients. L’Église primitive voyait l’unité en termes de « pax et communio ». L’Église doit sa cohésion à l’Esprit Saint et à des liens personnels entre ses membres nourris par la communication. Ce modèle trouve un écho dans le réseau Internet. L’Église en tant que « communio » est un réseau de communication personnelle dans l’Esprit. Les modèles affectent les décisions: la limitation de la juridiction des chefs des Églises orientales « hors » de leurs patries suppose un modèle géographique; s’il s’agit d’un réseau personnel, il n’est pas approprié. Dans le modèle en réseau, le fait que de nombreuses Églises se trouvent sur le même territoire est normal et les rivalités et les tentations de prosélytisme ou de domination ne sont pas appropriées. Le droit canonique privilégie une notion géographique d’Église; même si des personnes vivant « dans » une paroisse choisissent elles-mêmes la leur dans un contexte urbain. L’émigration est similaire: d’un point de vue géographique, nous voyons les populations traditionnellement chrétiennes diminuer mais, dans une perspective personnelle, nous célébrons les Chrétiens partout où ils choisissent de l’être. La « communio » s’accroît à travers une communication personnelle croissante et plus profonde, tout comme le font les relations interreligieuses.

[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr Vartan Waldir BOGHOSSIAN, S.D.B., Évêque de San Gregorio de Narek en Buenos Aires des Arménienss, Exarque apostolique pour les fidèles de rite arménien résidant en Amérique latine et au Mexique (AMÉRIQUE LATINE ET MEXIQUE)

La grande mobilité humaine avec ses nombreuses causes, a déplacé d’importantes quantités de fidèles hors du territoire patriarcal. Les nombreuses communautés de la Diaspora n’ont pas toujours été accompagnées d’un point de vue pastoral. Encore aujourd’hui, cette préoccupation « ad gentes » est nécessaire; il existe aujourd’hui des Églises dont la plus grande partie des fidèles se trouve dans la Diaspora. Les difficultés ne manquent pas pour concrétiser cette attention; elles proviennent, en particulier par le passé, de la difficulté de la part de l’Église (« sui iuris ») latine d’accepter sur son territoire la pleine juridiction d’un Ordinaire oriental.
Je me réfère au concept de territoire établi comme limite pour les activités des Églises orientales catholiques et présent dans l’ensemble du Code des Canons des Église orientales.
Il est difficile de comprendre pourquoi les activités des Patriarches, des Évêques et des Synodes des Églises orientales sont limitées à leur territoire. Parmi les vingt-trois Églises de droit propre qui forment aujourd’hui l’Église catholique, seule une, l’Église latine, ne connaît pas cette limitation. Difficilement, les vingt-deux Églises orientales réussissent à conserver leur identité et leur croissance, spécialement en Occident, même si le Concile Vatican II a exprimé le désir que les Églises orientales « fleurissent et qu’elles assument la mission qui leur est confiée avec une nouvelle vigueur apostolique ». Le Code des Canons des Églises orientales affirme que les Patriarches sont Pères et Chefs de leur Église (canon 55). Cette paternité et cette juridiction ne devraient pas être limitées à un territoire. Les limiter à ses fidèles est plus que logique! Mais les limiter à un territoire ne l’est pas, même si sur celui-ci il n’y a plus de membres de son Église!
D’un point de vue oecuménique également, la pleine juridiction sur ses propres fidèles sur tous les continents serait, pour les Frères séparés, une anticipation concrète d’une situation de pleine communion.
Enfin, les Patriarches des Églises orientales catholiques, de par leur identité de Pères et de Chefs d’Églises « sui iuris »qui composent la catholicité de l’Église catholique, devraient être membres ipso facto du Collège qui élit le Souverain Pontife, sans pour autant devoir recevoir le titre latin de Cardinal. Pour la même raison, ils devraient également avoir la priorité sur eux.

[Texte original: italien]
– S. Exc. Mgr Paul Youssef MATAR, Archevêque de Beyrouth des Maronites (LIBAN)

En référence, dans l’Instrumentum Laboris, aux défis auxquels les Chrétiens d’Orient sont confrontés, et à leurs rapports avec les Musulmans, et pour ouvrir à la situation présente des perspectives d’avenir, quatre responsabilités sont à délimiter, qui doivent toutes concourir au succès de cette oeuvre historique, pour le Moyen-Orient et pour le Monde. 
La responsabilité des Chrétiens d’Orient eux-mêmes : Fils de cette terre depuis toujours, ces Chrétiens doivent sentir qu’ils n’ont pas à forger un destin propre à eux, mais plutôt un destin commun avec leurs partenaires. Leur insertion dans le monde arabe, recommandée par le Pape Jean-Paul II dans son Exhortation Apostolique pour le Liban, ne devrait pas leur faire perdre ni leurs droits, ni leurs libertés, mais les confirmer en commun avec les droits et les libertés de leurs concitoyens.
La responsabilité des Musulmans de la région : Ces partenaires majoritaires doivent donner toute leur place aux concitoyens Chrétiens. Il ne s’agira pas d’une présence dans la société seulement, mais dans l’élaboration du projet de cette société comme de sa gouvernance. Ainsi, les Chrétiens qui ont contribué à l’ essor de la culture et des sociétés arabes dans le passé y contribueront aussi dans l’avenir, et vivront tous ensemble la participation, l’égalité et la pleine liberté, avec leurs partenaires.
La responsabilité des puissances Occidentales : Celles-ci ont commis des injustices et des erreurs historiques à l’encontre du Moyen-Orient. Elles devraient aussi les réparer en levant ces injustices dont souffrent des peuples entiers, surtout le peuple palestinien. Les Chrétiens de cette région qui étaient injustement identifiés à eux, bénéficieraient de ces réparations grâce à une cohésion avec leurs frères, devenue sans entraves. 
La responsabilité des Chrétiens Occidentaux et du Monde: Solidaires de leurs frères du Moyen-Orient, les Chrétiens Occidentaux et du monde doivent connaître davantage leurs frères du Moyen-Orient pour être mieux solidaires de leurs causes. Ils doivent aussi exercer une pression sur l’ opinion publique chez eux comme sur leurs gouvernants pour rétablir la justice dans les relations avec le Moyen-Orient et l’Islam, et aider à libérer le monde du fondamentalisme et le conduire à la modération. 

[Texte original: français]
– S. Ém. le Card. Stanisław RYŁKO, Président du Conseil pontifical pour les Laïcs (CITÉ DU VATICAN)

Le plus grand défi que l’Église doit affronter aujourd’hui est la formation d’un laïcat mûr dans la foi, conscient de sa vocation propre et de sa mission dans l’Église et dans le monde. Il est nécessaire de former des identités chrétiennes fortes et convaincues, de réveiller l’audace d’une présence visible et incisive des fidèles laïcs dans la vie publique, une présence qui oeuvre selon les principes de la doctrine sociale de l’Église.
Dans le cadre de la formation du laïcat, s’ouvre un vaste espace d’action pour les diocèses et les paroisses, mais également pour les écoles et les universités catholiques, appelées à rechercher les voies et les méthodes éducatives en mesure de répondre toujours plus aux besoins des fidèles, en suivant les e
nseignements de la Christifideles laici, magna charta du laïcat catholique. Dans un monde marqué par une sécularisation envahissante, la foi ne peut plus être donnée pour acquise même parmi les baptisés. Il faut donc partir des fondements, c’est-à-dire promouvoir avec urgence des itinéraires concrets en vue d’une véritable initiation chrétienne post-baptismale, en considérant que – ainsi que l’écrit le Pape – « à l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (Deus caritas est n° 1).
À notre époque, l’un des grands signes d’espérance pour l’Église est la « nouvelle saison d’association des fidèles laïcs » (Christifideles laici n° 29) qui, après le Concile Vatican II, voit la naissance de tant de mouvements ecclésiaux et de nouvelles communautés. Un vrai don de l’Esprit Saint! Ces nouveaux charismes donnent lieu à des itinéraires pédagogiques d’une efficacité extraordinaire pour la formation humaine et chrétienne des jeunes et des adultes et créent en eux un élan missionnaire stupéfiant, élan dont l’Église a aujourd’hui particulièrement besoin. Ces nouvelles communautés ne constituent pas, naturellement, une alternative à la paroisse, mais sont plutôt un soutien précieux et indispensable à sa mission. Dans un esprit de communion ecclésiale, elles aident et stimulent les communautés chrétiennes à passer d’une logique de simple conservation à une logique missionnaire. Le Pape Benoît XVI, en continuité avec le Vénérable Jean-Paul II, ne se lasse pas de solliciter une ouverture toujours plus grande des Pasteurs envers ces nouvelles réalités ecclésiales. En 2006, le Pape, s’adressant aux Évêques en visite ad limina, a affirmé: « je vous demande d’aller au devant des Mouvements avec beaucoup d’amour. Ils doivent parfois être corrigés, insérés dans l’ensemble de la paroisse ou du diocèse. Mais nous devons respecter le caractère spécifique de leurs charismes et être heureux que naissent des formes communautaires de foi dans lesquelles la Parole de Dieu devienne vie » (L’Osservatore Romano, 19 novembre 2006).
Il est donc véritablement souhaitable que les Églises du Moyen-Orient s’ouvrent avec une confiance croissante à ces nouvelles réalités agrégatives. Nous ne devons pas avoir peur de cette nouveauté en matière de méthode et de style de l’annonce qu’elles portent: il s’agit d’une « provocation » salutaire qui aide à sortir de la routine pastorale qui est toujours à l’affût et risque de compromettre notre mission (cf. Document de travail n° 61). L’avenir de l’Église dans cette région du monde dépend justement de notre capacité à être docilement à l’écoute de ce que l’Esprit dit à l’Église aujourd’hui, y compris à travers ces nouvelles réalités agrégatives.

[Texte original: italien]
– Rév. P. Ab. Semaan ABOU ABDOU, O.M.M., Supérieur général de l’Ordre Maronite Mariamite (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

Les raisons de l’émigration sont politiques et oecuméniques, auxquelles doivent être ajoutées des raisons de sécurité et de stabilité. Et ceci influencera l’aspect social. Tout dépend du conflit israélo-palestinien en Terre Sainte, de la situation sociale en Iraq et de l’instabilité politique au Liban. Souvent, les chrétiens sont les principales victimes de tout cela.
Le plus important c’est d’oeuvrer afin d’établir la paix et la démocratie, avec une attention particulière à la citoyenneté, et toutes ses obligations et ses droits garantis.
Maintenir les chrétiens dans leurs patries respectives dépend de facteurs ecclésiaux et politiques dans le monde arabe. Nous, chrétiens et musulmans, nous sommes unis par :
1. La famille, qui génère et défend les valeurs et, en tant que première cellule de la société et de l’Église. C’est d’elle que dépend l’avenir et il faut donc renforcer son rôle et en protéger la vie.
2. La figure de la Vierge Marie qui est présente dans la Bible et dans le Coran. Dieu l’a choisie au-dessus de toutes les femmes du monde. Elle est la femme de la réconciliation et de l’unité. Elle est la Reine de la Paix. Au Liban, on a ainsi commencé à célébrer une fête qui est commune à tous les libanais le 25 mars, fête de l’Annonciation.
3. Les valeurs humaines, nationales et religieuses sont à la base du dialogue et de la reconnaissance des autres.
4. Des engagements éducatifs doivent être pris dans les écoles et dans les universités afin de former les générations futures dans la démocratie, dans la non-violence et dans la construction de la culture de la paix.
Enfin, pendant ce Synode, il faut faire appel à l’héroïsme, à la sainteté et aux saints et il faut offrir à nos sociétés un témoignage chrétien qui soit joyeux et attrayant. 

[Texte original: arabe]

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ZENIT Staff

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