Synode : Interventions du 14 octobre, après-midi

Septième congrégation générale

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ROME, Vendredi 15 octobre 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les synthèses des interventions des pères du Synode de la septième Congrégation générale (14 octobre, après-midi), ainsi que les synthèses des interventions de quelques auditeurs.

Sont intervenus:

– Rév. P. Boulos TANNOURI, O.A.M., Supérieur général de l’Ordre Antonien Maronite (LIBAN)
– S. Exc. Mgr Chucrallah-Nabil HAGE, Archevêque de Tyr des Maronites (LIBAN)
– S. Ém. le Card. Peter Kodwo Appiah TURKSON, Président du Conseil pontifical « Justice et Paix » (CITÉ DU VATICAN)
– Rév. Raymond MOUSSALLI, Protosyncelle du Patriarcat de Babylone des Chaldéens (JORDANIE)
– S. Exc. Mgr Edmond FARHAT, Archevêque titulaire de Byblos, Nonce apostolique (LIBAN)
– S. Exc. Mgr Youssef ABOUL EL KHER, Évêque de Sohag des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)
– S. Exc. Mgr Grégoire Pierre MELKI, Évêque titulaire de Batne des Syriens, Exarque Patriarcal du Patriarcat d’Antioche des Syriens (JÉRUSALEM)
– S. Exc. Mgr Paul DAHDAH, O.C.D., Archevêque titulaire d’Are de Numidie, Vicaire apostolique de Beyrouth des Latins (LIBAN)
– S. Exc. Mgr Ruggero FRANCESCHINI, O.F.M. Cap., Archevêque de Smyrne, Administrateur apostolique du Vicariat apostolique d’Anatolie, Président de la Conférence épiscopale de Turquie (TURQUIE)

Voici les résumés des interventions publiés par la secrétairerie générale du synode (traductions de travail, non officielles).

– Rév. P. Boulos TANNOURI, O.A.M., Supérieur général de l’Ordre Antonien Maronite (LIBAN)

La situation socio-politique au Moyen-Orient n’est pas destinée à s’améliorer. L’émigration reste donc le choix le plus simple pour fuir cette situation. L’Église ne doit pas se limiter à une logique purement humaine; au contraire, en s’inspirant de l’Évangile, elle doit indiquer le bon choix, même s’il est difficile: « Entrez par la porte étroite » dit le Seigneur. Il est donc du devoir de l’Église d’éduquer les fidèles, d’accepter la croix et de la porter avec dignité. Cependant, l’enseignement n’est pas le seul moyen pour renforcer la foi et l’espérance des fidèles. S’inspirant de l’exemple du prophète Jérémie qui achète le terrain de son cousin quand la ville sainte est assiégée, l’Église est appelée à accomplir des actes de ce type: des actes prophétiques pour donner l’espérance aux fidèles.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr Chucrallah-Nabil HAGE, Archevêque de Tyr des Maronites (LIBAN)

Un combat solidaire avec les autres : la fondation ADYAN (Inst. Lab 106).
L’homme au Moyen Orient, qu’il soit chrétien ou d’une autre religion, est en situation de précarité face à différents maux d’ordre politique, économique, juridique, social ou moral (106). Face à cet état de choses, le chrétien ne peut mener un combat solitaire, mais solidaire de tous les citoyens. 
La fondation ADYAN (religions) me semble être un exemple concret et significatif de ce combat commun des croyants. Créée par des chrétiens et des musulmans libanais en 2006, ADYAN vise à travers son action à promouvoir une connaissance éclairée des religions, une approche intégrative de vivre ensemble et une solidarité entre des croyants. Ainsi elle offre des études interreligieuses et développe des recherches de théologie en dialogue d’une part, et d’autre part, elle crée des réseaux interreligieux, où croyants de différentes confessions se retrouvent unis dans la quête d’une compréhension plus juste de leur foi et d’une authenticité de vie et de témoignage. 
Par ses programmes éducatifs, la fondation aide les jeunes à assumer leur foi d’une manière personnelle. En plus, elle contribue au développement d’une morale sociale commune fondée sur le respect des droits de l’homme. Par ses films qu’elle crée, elle met en vedette des modèles de solidarité intercommunautaires. Pour consolider la solidarité spirituelle au niveau de la base, on commémore tous les ans l’événement d’Assise de 1986, en réunissant des représentants de toutes les religions du pays autour des valeurs spirituelles comme par exemple: la paix, la réconciliation etc … ADYAN, n’est-elle pas pour nous tous un signe d’espérance?

[Texte original: français]

– S. Ém. le Card. Peter Kodwo Appiah TURKSON, Président du Conseil pontifical « Justice et Paix » (CITÉ DU VATICAN)

1.La connaissance de la Doctrine sociale de l’Église
La lecture du Document de travail de ce Synode fait émerger le besoin de diffuser davantage la connaissance de l’Évangile et de la Doctrine sociale de l’Église parmi les chrétiens, et non seulement parmi eux, dans les pays de la région moyenne-orientale. D’après le paragraphe 26 (Document de travail), la connaissance du site du Conseil pontifical « Justice et Paix » (CPJP) pourrait être promue comme instrument au service des Églises locales pour l’approfondissement de la Doctrine sociale de l’Église. À ce propos, le CPJP s’engage à compléter la traduction en arabe du Compendium de la Doctrine sociale de l’Église.
On pourrait en plus envisager, vue l’intention du PCJP de créer une école d’été auprès de ce Dicastère, d’inviter et faire participer aussi des prêtres provenant du Moyen-Orient, conformément au souhait exprimé au paragraphe 26 (Instr. Laboris). Le CPJP pourrait promouvoir aussi une nouvelle initiative consistant à amener la doctrine sociale de l’Église directement au Moyen-Orient, en organisant, par exemple, un symposium de présentation de Caritas in veritate.
2.Liberté religieuse
Au paragraphe 37 on lit: « En Orient, liberté de religion veut dire habituellement liberté de culte… » etc. Vu le thème du Message de la paix 2011 (Liberté de religion, chemin vers la paix) il faudrait tout d’abord insister sur le fait que la vraie liberté de religion implique la liberté de prêcher et de convertir. Il faut, par ailleurs, remarquer que dans certains pays le discours sur la liberté de religion est toujours perçu avec méfiance. Pour ces pays, la liberté de religion implique le relativisme religieux, l’indifférentisme et la négation du patrimoine religieux du pays. Il y a quelques années, l’Église catholique affrontait ce même problème à propos de l’interprétation de Dignitatis Humanae de Vatican II (la déclaration sur la liberté de religion). Or, le Pape Benoît XVI nous enseigne que: « la liberté de religion ne veut pas dire indifférence et elle n’implique pas que toutes les religions soient équivalentes » (CIV 55). En effet, il n’existe aucun conflit entre la liberté de religion et la défense de l’identité religieuse qu’une personne mène avec vigueur contre le relativisme. La liberté de religion, c’est le privilège (liberté) d’un croyant de former, vivre et annoncer son expérience religieuse, sans coercition de l’État, mais avec la possibilité de contribuer à la construction de l’ordre social. 
Par conséquent, les Églises et les religions minoritaires au Moyen-Orient ne doivent pas subir la discrimination, la violence, la propagande diffamatoire (anti-chrétienne), la négation d’autorisations pour construire des bâtiments pour le culte et d’organiser les offices publics. En effet, la promotion des Résolutions contre la diffamation des religions dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies ne doit pas se limiter à l’Islam (islamophobie) dans le monde occidental. Elle doit inclure le Christianisme (christianophobie: la religion et les communautés des croyants) dans le monde islamique.
On peut également promouvoir l’adoption, toujours dans le cadre des Nations Unies, d’une résolution sur la liberté de religion alternative à la résolution sur la Diffamation des religions.
3.Migrations
Dans la section relative à l’immigration internationale au Moyen-Orient, plus précisémen
t aux paragraphes 49 et 50, des thèmes que ce CPJP tient particulièrement à coeur sont traités:
– le thème de l’immigration, comme phénomène mondial (émigration et immigration)
– le thème du travail décent pour les travailleurs domestiques, qui sont principalement des femmes. Les exigences liées au respect de la dignité humaine, des droits de l’homme et des droits des travailleurs, ainsi que les exigences liées au respect du credo religieux sont ici réunies.
4. Formation des jeunes promoteurs de la paix
Enfin, en vertu des nombreuses hostilités présentes dans la région moyenne-orientale, le paragraphe 69 souligne que: « les jeunes doivent être formés à dépasser ces barrières et ces hostilités internes et à voir le visage de Dieu dans chaque personne humaine pour collaborer ensemble et construire une cité commune accueillante ». Lors de la sélection des stagiaires et des participants aux écoles d’été, le CPJP pourrait envisager de privilégier des étudiants venant du Moyen-Orient qui, une fois rentrés chez eux, pourront se faire les porte-paroles d’un message de paix parmi les jeunes, une sorte de praticiens de la paix (cf. Laura Villanueva et son Peace Field Japan).
En conclusion, comme l’affirme le paragraphe 115, le plus grand témoignage que les chrétiens peuvent offrir dans le domaine social, au Moyen-Orient comme dans le reste du monde, est celui de la gratuité de l’amour envers l’homme. En effet, l’invitation au don et à la gratuité de la part du Pape Benoît XVI dans son encyclique Caritas in veritate est une invitation à assumer une attitude fraternelle, à promouvoir la croissance de son prochain, à rechercher le bien commun.

[Texte original: italien]

– Rév. Raymond MOUSSALLI, Protosyncelle du Patriarcat de Babylone des Chaldéens (JORDANIE)

Nous sommes une partie de l’histoire et de la culture de cette région moyen-orientale et si nous serons contraints de l’abandonner, nous perdrons notre identité dans la prochaine génération. C’est pourquoi, j’espère que du Synode émerge la nécessité d’une plus étroite collaboration entre les chefs des différentes Églises dans le dialogue réciproque avec les frères musulmans modérés. Comme nous le savons, nos Églises et le clergé en Irak sont attaqués. Il y a une campagne délibérée en vue de chasser les chrétiens hors du pays. Il y a des plans sataniques de la part de groupes fondamentalistes extrémistes qui ne sont pas dirigés seulement contre les chrétiens en Iraq, mais qui touchent tous les chrétiens au Moyen-Orient.
Les chrétiens catholiques chaldéens, qui représentent la plus grande partie de la communauté des réfugiés ayant comme référence le vicariat du Patriarcat de l’Église chaldéenne, sont environ 10 000 personnes, outre des Assyriens, des Syriens et des Arméniens et 10 000 autres fidèles qui vivent en Jordanie avec 350 000 réfugiés musulmans irakiens. Ces réfugiés sont en condition d’extrême pauvreté, sans aucune espérance de revenir dans la terre de leurs propres ancêtres et ils vivent depuis des années dans des situations de grande tribulation qui culminent souvent dans des actes de véritable persécution. En tant qu’Église, nous sommes engagés avec Caritas, la mission pontificale, ainsi que d’autres organisations (pour l’éducation, le catéchisme, la santé, les oeuvres socio-pastorales), mais nos propres moyens sont limités. La plus grande partie de la communauté des réfugiés nous a remis certains documents qui contiennent des témoignages écrits adressés aux représentations diplomatiques des pays occidentaux (en particulier celles des Etats-Unis et d’Australie), ainsi qu’au Bureau du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR) à Amman, afin d’obtenir la reconnaissance du statut de réfugié. Selon leurs sources, 50 000 personnes y seraient enregistrées.
Nous voulons sensibiliser la communauté internationale afin qu’elle ne reste plus silencieuse devant le massacre des chrétiens en Irak et dans les pays de tradition catholique, afin qu’elle fasse quelque chose pour les chrétiens irakiens, à commencer par une possible pression sur le gouvernement local. Nous sommes en train de traverser un temps catastrophique, à cause de l’émigration des familles et de la perte de notre peuple qui parle encore la langue araméenne prononcée par notre Seigneur Jésus Christ. 

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr Edmond FARHAT, Archevêque titulaire de Byblos, Nonce apostolique (LIBAN)

À part qu’au Moyen Orient nous ne sommes pas un « petit Reste » même si le mot est biblique, cette conclusion est très encourageante. Nous ne sommes pas le petit reste, mais la main tendue de l’Église qui communie à sa source d’Eau Vive et témoigne sa joie aux frères les plus éloignés. Sa place et sa mission ne dépendent ni de la bienveillance des uns, ni de la tolérance des autres. Et je me permets de faire deux considérations, l’une sur le passé et l’autre sur l’avenir des chrétiens en Moyen-Orient.
Le passé récent nous a fait vivre des grandes épreuves de foi que le document n’hésite pas à cerner comme « la non résolution du conflit israélo-palestinien, le non respect du droit international, l’égoïsme des grandes puissances et le non respect des droits humains » (n°118), avec toutes leurs conséquences négatives comme l’émigration et le découragement. La situation du Moyen-Orient aujourd’hui, c’est comme un organe vivant qui a subi une greffe qu’il n’arrive pas à assimiler et qui n’a pas eu de spécialistes pour le soigner. En dernier recours, l’Orient arabe musulman a regardé vers l’Église, croyant, comme il le pense en lui-même, qu’elle est capable de lui obtenir justice. Cela n’a pas été le cas et il est déçu, il a peur. Sa confiance s’est transformée en frustration. Il est tombé en crise profonde. Le corps étranger, non assimilé, le ronge et l’empêche de s’occuper de son état général et de son développement. Le Moyen-Orient musulman dans son écrasante majorité est en crise. il ne peut se faire justice à lui même. Il ne trouve pas d’alliés ni sur le plan humain, ni sur le plan politique, moins encore sur le plan scientifique. Il est frustré. Il se révolte. 
Sa frustration a eu pour effets les révolutions, le radicalisme, les guerres, la terreur, et l’appel (da’wat) au retour aux enseignements radicaux (salafiyyah). Voulant se faire justice par lui-même, le radicalisme recourt à la violence. Il croit faire plus d’échos s’il s’attaque aux corps constitués. Le plus accessible et le plus fragile, c’est l’Église. Ne connaissant pas la notion de gratuité, il accuse les chrétiens d’avoir des arrières-pensées de prosélytisme, d’être complices des puissances impériales. De l’Irak à la Turquie, du Pakistan jusqu’aux Indes, les victimes se sont multipliées. Elles sont toujours des innocents et des serviteurs bénévoles (Mgr Luigi Padovese et Andrea Santaro en Turquie, 1’avocat assassiné avec sa famille au Pakistan, Mgr Claverie et les religieux et religieuses d’Algérie, les prêtres, religieux et fidèles innocents, assassinés pendant la guerre du Liban). Ce sont des cibles faciles. 
Pour l’avenir, le texte nous recommande de ne pas avoir peur. Cela ne veut pas dire que nous sommes indifférents. Mais c’est le moment de la purification et des douleurs d’enfantement, même dans la société musulmane. À nous de continuer notre route dans ces conditions. C’est notre mission. C’est notre rôle que personne d’autre ne peut remplir à notre place. Il s’agit de parler non seulement du Dieu tout puissant, mais aussi de Jésus Christ son Fils, en arabe. Non seulement il ne faut pas avoir peur, mais il faut transmettre le message aux générations futures. Baignée par le sang de ses martyrs, encouragée par ses maîtres, ses saints et ses bienheureux, l’Église au Moyen-Orient fleurira comme la Vigne du Seigneur et portera beaucoup de fruits. 
Aujourd’hui, l’Église subit des injustices et des calomnies. Comme dans l’Évangile, bea
ucoup partent, d’autres se lassent ou prennent la fuite. Les frustrés et les désespérés se vengent sur les innocents. Derrière les assassinats physiques et les échecs les plus cuisants, il y a le péché. C’est « un pouvoir anonyme que les hommes servent, par lequel les hommes sont tourmentés et même massacrés », comme nous l’a dit le Saint-Père au début de nos travaux (Réflexion du Saint-Père, Première Congrégation générale, 11 octobre 2010). 
Quand Jésus est mort, « la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent, le voile du temple se déchira en deux » (Mt 27/51). Le Mal croyait avoir vaincu. Au moment de sa Résurrection et de sa victoire sur la mort, c’était l’aube discrète. Il s’est levé sans rumeur. Il a roulé la pierre sans faire de bruit. Il n’y avait pas de témoins. La Vie n’a pas besoin de témoins. Il est Maître et Seigneur. Il en fera de même pour son Église en Moyen-Orient.
L’action de Dieu continue dans l’histoire. L’Église au Moyen-Orient vit en ce moment son chemin de Croix et de purification, qui mène au renouveau, à la résurrection. Les souffrances et les angoisses du présent sont les gémissements du nouvel enfantement. Si elles durent, c’est que ce genre de démons, qui tourmentent notre société, ne se chassent que par la prière. Peut-être n’avons-nous pas encore assez prié ! 

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Youssef ABOUL EL KHER, Évêque de Sohag des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)

I Introduction
Au niveau de toutes les éparchies et des institutions éducatives ecclésiales, des efforts communs ont été faits pour s’occuper de la préparation des catéchistes au niveau personnel et quotidien, ainsi qu’au niveau de l’Église, dans le but de prendre la responsabilité du service de la catéchèse. 
II Différents domaines de travail dans le champ du service de l’éducation religieuse
1. Les instituts d’enseignement religieux
Dans toutes les éparchies, ont été ouverts des instituts pour la formation religieuse.
2. Une Commission chargée par le Conseil des Patriarches et des Évêques catholiques s’occupe de préparer et d’éditer un seul livre d’instruction religieuse destiné à l’ensemble des confessions catholiques en Égypte.
3. Un prêtre et un laïc de l’Église catholique ont participé au Comité érigé par le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement égyptien pour mettre à jour les méthodes d’instruction chrétienne.4. Le Secrétariat général des écoles catholiques s’occupe de suivre et de former les instituteurs des écoles qui en dépendent et qui ont la responsabilité de l’instruction chrétienne.
III Les défis et les difficultés
1. Les situations économiques préoccupent les familles considérées comme premier fondement et premier lieu où grandit le grain de la foi.
2. Les moyens de la technologie moderne et de l’information attirent l’esprit des enfants et des jeunes et mènent à un changement dans l’échelle des vertus évangéliques.
3. La minorité catholique est attirée par le fanatisme religieux et confessionnel ainsi que par de multiples séductions. De même, les difficultés confessionnelles, centrées sur des questions liturgiques, comme celles d’un nouveau baptême et l’empêchement de la communion, ne s’occupent pas de l’essentiel et créent un scandale et un éparpillement.
4. La superficialité du programme scolaire et l’absence voire la faiblesse de l’aptitude des instituteurs à enseigner une éducation religieuse font que ceux des autres matières enseignent l’éducation religieuse de façon bénévole.
IV La perspective future
1. Il faut une plus grande unification des efforts au service de la catéchèse à tous les niveaux et une persévérance dans la rédaction et la publication de livres unifiés.
2. L’ouverture du coeur et la libération du fanatisme religieux et confessionnel sont une opportunité pour créer des chances de travail en commun et se focaliser sur ce qui nous unit.
3. Il est nécessaire de s’occuper davantage des jeunes et de les accompagner afin qu’ils soient mis à jour sur les changements de notre époque en partant des vertus évangéliques.
« D’un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple… Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple » (Ac 2, 46-47).

[Texte original: arabe]

– S. Exc. Mgr Grégoire Pierre MELKI, Évêque titulaire de Batne des Syriens, Exarque Patriarcal du Patriarcat d’Antioche des Syriens (JÉRUSALEM)

À la demande de l’Assemblée des Ordinaires Catholiques de Terre Sainte, je vais parler de la Migration et de la Terre Sainte. Le phénomène de la migration existe depuis toujours. Dans le cas de la Terre Sainte, nous allons nous limiter à la situation qui prévaut aujourd’hui, et ce depuis le 19éme siècle. 
Les causes en sont toujours les mêmes, politiques et économiques. Et tant que le conflit palestino-israélien n’est pas résolu, ne soyons pas surpris de voir d’autres chrétiens prendre le chemin de l’exode.
Étant la première cause de l’émigration, le conflit en question doit amener les parties qui s’opposent sur le terrain ainsi que les instances internationales à beaucoup travailler pour une solution équitable et durable de ce conflit. 
D’autre part, il faut signaler d’autres facteurs qui ont contribué à la diminution du nombre des chrétiens en Terre Sainte : la dénatalité des couples, le mariage à un âge avancé, la réunification des familles, la poursuite des études supérieures à l’étranger etc. Et les divisions politiques et religieuses existantes en sont elles aussi un motif valable .
Bénéfique à certains égards pour les pays qui accueillent nos émigrés, l’émigration constitue un coup dur non seulement à la présence et au témoignage chrétiens en Terre Sainte mais aussi à la vie socio-politique en général puisqu’elle prive les pays d’origine de potentiels qui auraient pu accélérer leur progrès et leur développement. Cette situation nous interpelle tous. Il faut faire quelque chose. Je propose quelques pistes: 
– Faire appel aux instances internationales pour qu’elles fassent pression sur les parties concernées en vue d’un règlement rapide du conflit. 
– Faire appel aux Églises en présence pour qu’elles oeuvrent sérieusement dans la voie du rapprochement et de l’unité. 
– Mettre sur pied plus de projets concrets et communs comme les logements, la création d’emplois, les hôpitaux, etc. 
– Prendre pastoralement en charge les chrétiens africains et asiatiques venus chez nous … 

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Paul DAHDAH, O.C.D., Archevêque titulaire d’Are de Numidie, Vicaire apostolique de Beyrouth des Latins (LIBAN)

Dans le texte de l’Instrumentum laboris, les fondements théologiques, trinitaires, christologiques et ecclésiologiques de la communion ecclésiale sont clairement exprimés. Ils sont la base de la vie sacramentelle et de l’engagement des baptisés dans les activités nécessaires à la croissance de l’Église dans la fidélité et la sainteté et au développement des oeuvres de service et de témoignage au sein de la société des hommes. Ils sont aussi la référence de la législation qui gère les relations entre les membres des Églises, hiérarchie et fidèles, entre les Églises catholiques et avec les Églises soeurs. 
Le texte mentionne les organismes ecclésiaux déjà mis en place pour favoriser et développer la communion entre les Églises orientales catholiques au niveau global, puis au niveau des Patriarcats et enfin des Éparchies. Il relève le rôle primordial du Patriarche puis de l’Évêque pour favoriser la communion, la cohésion, l’unité dans la diversité. Le texte ne manque pas de souligner la  » lourde responsabilité spirituelle et morale » des ministres du Christ et des personnes consacrées (n° 58). 
Apparemment, tout est dit, tout est clair; mais le texte suggère que la réalité est loin de l’idéal ainsi présenté
et qu’il y a encore beaucoup à faire pour réaliser la communion. L’organigramme des institutions ecclésiales et la législation qui règle ces structures semblent parfaits, mais cette belle machine fonctionne-t-elle? Au n° 55 nous relevons: « pour promouvoir l’unité dans la diversité, il faut dépasser le confessionnalisme dans ce qu’il peut avoir d’étroit ou d’exagéré, encourager l’esprit de coopération entre les différentes communautés, coordonner l’activité pastorale et stimuler l’émulation spirituelle et non la rivalité ». Ailleurs (n° 58) on lit « beaucoup de fidèles souhaitent de la part du clergé et des religieux une plus grande simplicité de vie, un réel détachement par rapport à l’argent et aux commodités du monde, une pratique rayonnante de la chasteté et une pureté de moeurs transparente ».
Le texte nous paraît lénifiant et timide; mais on lit une claire dénonciation des méfaits du confessionnalisme et du cléricalisme, des mesquineries, de l’appétit du gain, de la recherche du pouvoir, du confort et des titres de membres du clergé et de religieux et religieuses qui se comportent sans complexe en fonctionnaires et en notables. Ces comportements ne peuvent qu’entraîner le scandale, la désintégration de la communion, la désaffection et la contestation de l’Église et de la religion chrétienne, et faire le lit des sectes de tout genre. 
Dans plusieurs situations pastorales particulières, les fidèles font face à des attitudes problématiques du clergé qui concernent concrètement la communion ecclésiale: 
– La pratique dominicale dans l’église la plus proche, quelle que soit cette proximité (locale, affective, linguistique ou autre); – La célébration du mariage dans l’Église de l’épouse et non dans celle du mari; 
– La catéchèse et la première communion dans une autre paroisse que la paroisse ordinaire, question de langue et de culture, 
– Le passage d’un fidèle à une autre Église catholique 
– Les tarifs parfois exorbitants exigés pour les sacrements (baptêmes, mariages, etc.) 
Dans ces situations et d’autres, le clergé et les religieux manifestent souvent qu’ils n’ont pas compris ce qu’est la « communion ecclésiale ». 

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Ruggero FRANCESCHINI, O.F.M. Cap., Archevêque de Smyrne, Administrateur apostolique du Vicariat apostolique d’Anatolie, Président de la Conférence épiscopale de Turquie (TURQUIE)

La petite Église de Turquie, parfois ignorée, a vécu son triste moment de renommée avec le brutal assassinat du Président de la Conférence épiscopale turque, Monseigneur Luigi Padovese. Pour être bref, je désire mettre un terme à ce désagréable chapitre et effacer les insupportables calomnies que ceux qui ont organisé l’assassinat ont eux-mêmes fait circuler. Parce que c’est de cela qu’il s’agit: d’un assassinat prémédité par ces mêmes pouvoirs occultes que le pauvre Luigi avait indiqués, peu de mois avant, comme responsables des assassinats de Don Andrea Santoro, du journaliste arménien Dink et des quatre protestants de Malatya. Il s’agit d’une obscure intrigue de complicités entre les ultras-nationalistes et les fanatiques religieux, experts en stratégie de la tension. La situation pastorale et administrative du Vicariat d’Anatolie est grave.Et en voici les raisons:
1) Les divisions au sein de la communauté chrétienne, déjà fragile en soi.
2) La gestion pour ainsi dire désinvolte de l’économie du tout le vicariat de la part du secrétariat du défunt évêque.
3) Le manque grave de personnel missionnaire.
Que demandons-nous à l’Église? Simplement ce qui nous manque pour l’heure: un Pasteur, quelqu’un qui l’aide, les moyens pour le faire, et tout ceci avec une raisonnable urgence. 
Le poids de la gestion extraordinaire de cette situation a jusqu’à maintenant reposé exclusivement sur l’archidiocèse de Smyrne.
Nous sommes une Église très antique, autant pauvre que riche d’une tradition dont seules Jérusalem et Rome peuvent se vanter. Nous n’allons certainement pas commencer par nous lamenter ou par pleurer misère, cela n’est pas notre habitude, et loin de nous la seule pensée de revendiquer une attention spéciale en raison du meurtre du Président de notre Conférence épiscopale, mais toutefois notre peuple et toute personne qui a versé son sang méritent certainement une attention particulière. 
Pardonnez-moi de soulager notre coeur: nous vous prions de partager avec nous cette situation qui peut être dépassée, assez rapidement, au moins à ces deux conditions: la nomination d’un nouveau Pasteur et un soutien économique.
L’envoi de personnel missionnaire dépend évidemment d’autres facteurs qui demandent plus de temps, mais cela ne doit pas donner lieu à penser qu’il s’agit d’un aspect moins urgent.
L’Église d’Anatolie risque sa vie, et il s’agit là d’une situation à laquelle je vous invite à participer avec un ton d’urgence et de gravité. Je désire toutefois rassurer les Églises proches, en particulier celles qui souffrent de persécutions et qui voient leur propres fidèles se transformer en réfugiés, en leur disant que comme CET nous serons encore disponibles à l’accueil et l’aide fraternelle, même au-delà de nos possibilités, ainsi que nous sommes ouverts à toute collaboration pastorale avec les Églises soeurs et avec les musulmans en faveur d’une laïcité positive, pour le bien des chrétiens qui vivent en Turquie, et pour le bien des pauvres et des nombreux réfugiés en Turquie. 

[Texte original: italien]

AUDITION DES AUDITEURS (II)

Ensuite, sont intervenus les Auditeurs suivants:

– Mme Rita MOUSSALLEM, Membre du Mouvement des « Focolari » (Œuvre de Marie) (LIBAN)
– M. Saïd A. AZER, Membre du Conseil pontifical pour les Laïcs (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)
– M. Naguib KHOUZAM, Directeur général du « SETI Center – Caritas Égypte (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)
– Soeur Karima TAMER HENDY AWAD, R.B.P., Supérieure Provinciale des Religieuses de Notre-Dame de la Charité du Bon Pasteur (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)
– Pr. Marco IMPAGLIAZZO, Professeur d’Histoire Contemporaine auprès de l’Université pour Étrangers de Pérouse, Président de la Communauté de Sant’Egidio (ITALIE)
– Pr. Sobhy MAKHOUL, Secrétaire général de l’Exarchat Maronite Catholique de Jérusalem, des Territoires de l’Autorité Palestinienne et de Jordanie (ISRAËL)
– M. Jacques F. EL KALLASSI, Directeur général de « Télé-lumière » et Président du Conseil d’Administration « Noursat » (LIBAN)
– Mme Pilar LARA ALÉN, Présidente de la « Fundación Promoción Social de la Cultura » (ESPAGNE)

Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions:

– Mme Rita MOUSSALLEM, Membre du Mouvement des « Focolari » (Œuvre de Marie) (LIBAN)

L’Oeuvre de Marie, ou Mouvement des Foccolari, est présente au Moyen-Orient depuis 1967. Elle est enracinée dans la culture locale, en étroite communion avec l’Église universelle et avec les Églises locales, sous l’attention et la bénédiction des Patriarches et des Évêques du lieu. Elle compte près de 15 000 membres et adhérents catholiques de divers rites.
Poussée à continuellement se réévangéliser grâce au contact vivant avec la Parole de Dieu, elle cherche à affronter les douleurs et les défis du Moyen-Orient à la lumière de celle-ci. En suivant les enseignements de l’Église, ses membres s’engagent à témoigner l’Évangile dans la société où ils vivent. La spiritualité de communion qui la caractérise porte à faire l’expérience du Ressuscité parmi les Siens, qui donne du courage face aux innombrables défis. De nombreuses familles, tentées par l’émigration, fortes du soutien de la communauté, ont décidé de rester dans leurs propres pays afin de construire avec les autres un avenir meilleur. Les histoires courageuses de pardon et de réconciliation qui stimulent beaucoup d’autres personnes sont nombreuses. Jésus crucifié et abandonné, source inépuisabl
e d’amour et de vie nouvelle, est pour ses membres la réponse et le chemin, le moyen irremplaçable pour diffuser une culture de la Résurrection.De nombreux frères orthodoxes partagent sa spiritualité avec les membres catholiques de l’Oeuvre de Marie. Insérés dans leur propre Église, fortement liés par la charité du Christ, ils vivent et oeuvrent ensemble en vue de la réalisation du testament de Jésus: « qu’ils soient un » (Jn 17, 21).
Avec certains musulmans et juifs, il vivent une profonde expérience de dialogue de la vie et de l’expérience religieuse, en vivant et en travaillant ensemble en faveur de la fraternité universelle et de la paix.

[Texte original: italien]

– M. Saïd A. AZER, Membre du Conseil pontifical pour les Laïcs (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)
<br>Des milliers de jeunes et d’adultes, membres de plus que vingt mouvements Apostoliques – ainsi que du Chemin Néocatéchuménal – participent vivement aux services de l’Église en Égypte, à travers l’écoute de la Parole de Dieu et la célébration des saints sacrements. 
Mais ils doivent affronter tous les jours les tentations continuelles, ce qui menace leur foi. 
Les défis les plus importants auxquels font face les membres de ces mouvements sont : 
– L’émigration, comme conséquence d’une foi superficielle.
– Les moyens de communication journaliers et Internet. 
– Le monde qui se dirige vers « la culture de la mort », comme l’avait dit S.S. le Pape Jean-Paul II. Comme exemple: les mariages homo-sexuels, le divorce express, l’avortement, l’attaque continuelle contre la famille chrétienne. 
– Beaucoup de chrétiens ne s’intéressent plus aux liturgies, et n’écoutent plus.
– La Messe du Dimanche seule n’est plus suffisante pour la croissance de la foi. 
– Le pardon et la conversion sont des valeurs qui n’existent plus dans la vie de tous les jours. 
– Le manque d’unité entre les membres du clergé, et leur formation humaine et spirituelle n’est parfois pas acceptable, et souvent scandaleuse. 
– L’immersion des jeunes dans une ambiance anti-évangélique. 
La solution, face à ces défis, réside dans la prise de conscience des membres de ces communautés du sens de leur présence, de la valeur de leur mission et de leur vocation chrétienne envers l’Église et le pays où ils vivent. Le Chemin Néocatéchuménal, par exemple, a une expérience vive de ses membres qui ont annulé l’idée de l’émigration, des jeunes qui ont abandonné la drogue, des mariages rebâtis, l’ouverture à la vie en ce qui concerne le nombre d’enfants, des milliers de jeunes garçons et filles à travers le monde qui ont offert leurs vies pour les vocations sacerdotales et les monastères, ainsi que la communion avec les autres Églises. 

[Texte original: français]

– M. Naguib KHOUZAM, Directeur général du « SETI Center – Caritas Égypte (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)

I. Je propose que le titre de mon intervention soit le suivant: la contribution des chrétiens est une contribution de qualité, distincte et indispensable.
Article 115: Dans le domaine social, notre témoignage le plus important est « l’amour gratuit de l’homme » qui se concrétise en instituts éducatifs et académiques: écoles, universités, associations et instituts de développement, projets de renforcement économique, centres de formation techniques et sanitaires. Ils acceptent tous sans distinction de type, de doctrine ou de niveau socio-économique, et centrent encore plus leur attention sur les plus pauvres des pauvres et les plus marginalisés.
II. Je propose aussi d’inviter à faire tout le possible pour rendre ces contributions « distinctes ». C’est dans cette distinction que se trouve le témoignage qu’offre l’Église catholique. Pour cela, il faut se concentrer sur:
1. La qualité (quality): elle peut être obtenue par une assurance de la qualité de ce qui est offert (quality assurance) à travers des normes bien précises précédemment adoptées, par des indicateurs mesurables de la qualité de ces contributions et par un accompagnement et une évaluation continue (monitoring and evaluation). Tout cela en conformité avec l’esprit de « la vocation à la perfection ».
2. Le renforcement (empowerment): il peut être obtenu par l’aide de nos associés qui réalisent avec nous ces contributions, par une distribution des responsabilités, par une procuration, par une création continue qui se concentre sur l’esprit du travail et sur les expériences nécessaires au travail.
3. La responsabilité (accountability): elle peut être obtenue par la transparence et l’institution de règles claires, qui ne prêtent à aucune confusion, et par l’application du principe de la récompense et de la punition; cette demande de responsabilité doit être réalisée à tous les niveaux.
III. Recommandations suggérées concernant le témoignage de l’Église catholique dans le domaine social:
– que l’Église déclare une guerre « dans le sens de guerre » contre la pauvreté et l’ignorance par tous les moyens possibles.
– que l’Église catholique fasse tout son possible pour le respect de l’égalité et de la justice et pour la défense de la dignité et des droits de l’homme, de tout homme et de n’importe quel homme.
– que l’Église aide les enfants et les jeunes à s’engager au service de la patrie à travers le développement de la société et qu’elle sème en eux l’esprit de la responsabilité et du don.
– que l’Église, dans tout ce qu’elle offre comme contribution sociale, prenne en considération la qualité, le renforcement et la demande de responsabilité.

[Texte original: arabe]

– Soeur Karima TAMER HENDY AWAD, R.B.P., Supérieure Provinciale des Religieuses de Notre-Dame de la Charité du Bon Pasteur (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)

L’Église au Moyen-Orient est plus concernée que les autres par la conservation de sa vocation principale qui consiste dans le développement de vocations saintes; et cela, car c’est de l’Orient qu’est venue l’annonce de l’Évangile et c’est également en Orient, dans les déserts de l’Égypte, qu’étaient présents les premières semences des vocations et le début de la vie érémitique, source du monachisme, avec ses grands fondateurs: Antoine, Macaire et Pacôme. La pastorale apostolique des vocations provient du coeur même de l’identité de chaque congrégation et de sa spiritualité. L’Église est consciente des nombreux besoins du monde et du rôle apostolique qu’elle doit accomplir. C’est pourquoi, elle s’occupe de la pastorale des vocations, ainsi que de leur découverte, et demande donc à nos congrégations de présenter ce travail apostolique en lui donnant le droit d’être connu avec respect. L’Église est aussi convaincue que le Christ Lui-même appelle qui il veut, parce qu’Il continue à appeler aujourd’hui comme hier et nous utilise pour faire parvenir son message aux coeurs. Le but de la pastorale des vocations est d’aider le jeune à découvrir sa propre vocation dans la vie chrétienne, que ce soit au niveau du mariage ou de la vie monastique, et à découvrir les moyens pour répondre à cet appel. Si le jeune découvre sa vocation pour la vie consacrée, l’Église doit donc l’aider à choisir une mission quelconque. Il s’agit donc pour l’Église d’aider les jeunes à discerner la volonté de Dieu et son projet dans leurs vies. En effet, si les jeunes cherchent une spiritualité solide, ils sont aujourd’hui confrontés au problème de l’absence de critères concernant les vertus et la conduite à suivre. Il y a un grand fossé entre le niveau scientifique des jeunes et leur situation au niveau psychique, chrétien et affectif, et cela en raison de la dissolution de la famille. C’est pourquoi le discernement des vocations est devenu un problème ardu. La pastorale des vocations doit être ecclésiale, c’est-à-dire insérée dans une planification pastorale d’ensemble, ouverte sur toutes les vocations et communautaire, concernant les communautés monastiques et sacerdotales.

[Texte
original: arabe]

– Pr. Marco IMPAGLIAZZO, Professeur d’Histoire Contemporaine auprès de l’Université pour Étrangers de Pérouse, Président de la Communauté de Sant’Egidio (ITALIE)

Il est de l’intérêt des sociétés musulmanes que les communautés chrétiennes soient vivantes et actives dans le monde du Moyen-Orient. Un Moyen-Orient sans chrétiens signifierait la perte d’une présence interne à la culture arabe, capable de revendiquer le pluralisme par rapport à l’islam politique et à l’islamisation. Sans eux, l’islam serait davantage seul et fondamentaliste. Les chrétiens présentent une forme de résistance à un « totalitarisme  » islamisant. Leur permanence au Moyen-Orient va dans l’intérêt général de ses sociétés et de l’islam. 
Entre les chrétiens et le Moyen-Orient, il y a un besoin de sécurité pour l’ avenir. Cette sécurité ne viendra pas de la protection occidentale. On l’a vu dans l’histoire douloureuse de l’Irak. La « sécurité » vient de la reconnaissance de la majorité des musulmans. Non seulement de la reconnaissance des droits, mais aussi d’un consensus social et culturel qui exprime la volonté de vivre ensemble. Ce processus demande aux communautés chrétiennes d’êtres des « minorités créatives « . Benoit XVI a affirmé : « Normalement ce sont les minorités créatives qui déterminent l’avenir, et en ce sens l’Église catholique doit se sentir comme une minorité créative ». 
Il ne convient pas de dire: nous sommes peu nombreux, ne soyons pas trop exigeants. L’Église n’existe pas sans mission, une dimension à laquelle elle ne peut renoncer. La perspective de la minorité créative indique une issue: la créativité. La créativité balaie la peur. Elle ne vient pas du nombre, du pouvoir politique. La créativité vient de l’amour. Elle doit être toujours plus l’imitation de Jésus. Nous devons aimer davantage ! Être fidèle à la Tradition, c’est aussi être créatif. Il n’y a pas seulement un passé chrétien à défendre au Moyen-Orient, mais aussi une vision du futur à affirmer en partant de la conviction que les chrétiens ont là une vocation historique : communiquer le nom de Jésus, le vivre et, ainsi, oeuvrer pour construire de manière créative une civilisation du vivre ensemble, celle dont le monde entier a besoin. Il y a ici le devoir du dialogue. Je parle au nom de la Communauté de Sant’Egidio qui, depuis 1986, continue de réaliser l’intuition qu’eut Jean-Paul Il à Assise, lorsqu’il réunit les leaders religieux et les invita à prier les uns à côté des autres pour la paix, dans la conviction que de la foi religieuse peuvent jaillir de grandes énergies de paix. Il y a un aspect spirituel de la paix, qui est la fin de la guerre, mais qui est aussi l’art de vivre ensemble en harmonie. Les Églises au Moyen-Orient peuvent être les artisans d’une civilisation du vivre ensemble, exemplaire à l’ échelle mondiale, dans la mesure où elles réintègrent et revendiquent haut et fort le sens de leur mission. 

[Texte original: français]

– Pr. Sobhy MAKHOUL, Secrétaire général de l’Exarchat Maronite Catholique de Jérusalem, des Territoires de l’Autorité Palestinienne et de Jordanie (ISRAËL)

J’ai découvert que le christianisme n’est pas avant tout une religion, mais bien plus l’ÉVÉNEMENT historique, singulier et unique, de l’Incarnation du Verbe de Dieu: Jésus Christ.
– Reconnaître cet ÉVÉNEMENT est facile: comme la reconnaissance du visage d’un ami parmi la foule. Car chaque homme a été créé pour cette rencontre: comme Jean et André, la Samaritaine, Zachée et le centurion.
– Aujourd’hui, comme partout dans le monde, dans ce monde « après Jésus Christ et sans Jésus Christ » comme l’a écrit Charles Péguy, nous aussi, chrétiens en Terre Sainte du Moyen-Orient, nous avons besoin de rencontrer ici et maintenant le regard du Christ pour repartir de Lui. Tout le reste nous sera donné en plus; nous avons besoin de renaître comme Nicodème, pour retrouver la joie et le goût pour notre vie, et pouvoir donc la montrer à tous ceux que nous rencontrons.
– Rappelons-nous en effet que nous déjà lumière du monde et sel de la terre, et que l’homme tout entier et tous les hommes attendent le Christ, comme nous l’a rappelé Jean-Paul II dans sa première encyclique « Redemptor Hominis ».
– Le chrétien est appelé dans le monde a reconnaître la présence du Christ et à partir de Lui à affronter toutes les circonstances. Sans cela, les problèmes apparaîtront toujours inexorables et
sans solution. Notre point de départ et notre jugement sont originals: le Seigneur présent dans Son Église, ici et maintenant. Seulement de cette façon, nous pourrons devenir réellement utiles pour le monde. 
-Le manque de Paix est la conséquence évidente de l’absence de justice au Moyen-Orient. Les puissances mondiales qui se vantent d’être les défenseurs de la liberté et des droits de l’homme sont les premières à sacrifier les faibles et les minorités sur la table des négociations pour leurs intérêts politiques et économiques.
– Dans la réalité politique mondiale actuelle, l’unique garant de la présence chrétienne est le Saint-Siège; c’est pourquoi, dans ce domaine, nous demandons d’agir de façon plus incisive et avec davantage de dynamisme. 

[Texte original: italien]

– M. Jacques F. EL KALLASSI, Directeur général de « Télé-lumière » et Président du Conseil d’Administration « Noursat » (LIBAN)

– L’information est le premier pouvoir, l’arme du siècle, origine première de la connaissance.
– La nécessité urgente de construire une stratégie nouvelle et universelle de l’information.
– L’information a le devoir d’éduquer les jeunes chrétiens et musulmans.
– Nourrir l’esprit de l’acceptation de l’autre: nourrir l’esprit de la liberté, la liberté de l’esprit, la liberté d’expression, la liberté de la femme.
– Répandre dans l’information la rumeur que les chrétiens sont une minorité a comme but non seulement de faire quitter l’Orient aux chrétiens, mais également de supprimer la civilisation chrétienne de l’histoire.
– L’information est la première introduction au changement.
– La première introduction au changement et à la prospérité est de s’occuper de l’homme.- L’information doit dire que les religions, les États et les régimes doivent être tous au service de l’homme et non le contraire.
– L’information doit diffuser le fait que la présence chrétienne en Orient n’est pas seulement pour nous-mêmes, mais qu’elle est une fidélité à nos propres patries, ainsi qu’une communion avec l’autre et une ouverture à son égard.
– L’information doit diffuser le fait que chaque peuple a le droit de connaître son patrimoine et sa culture historique et la conserver.
– L’information est en mesure de mettre des limites à la violence et au terrorisme, au désordre sécuritaire, à la drogue et à la culture de la mort, aux violations contre la nature.

[Texte original: arabe]

– Mme Pilar LARA ALÉN, Présidente de la « Fundación Promoción Social de la Cultura » (ESPAGNE)

Au cours de mon premier voyage au Liban en 1992, je me suis rendue compte de la situation du pays et des chrétiens et je l’ai racontée à S.E. Monseigneur Álvaro del Portillo, à cette époque Prélat de l’Opus Dei, qui m’a répondu, que c’était un des sujets qui importait le plus au Pape Jean-Paul II. En 1996, j’ai eu la chance d’avoir une conversation avec S.S. Jean-Paul II qui m’a dit que le Liban est une terre de martyrs et que « Tant qu’elle aura des saints, il y aura des chrétiens ». Il m’a aussi demandé de travailler pour aider les chrétiens de Terre Sainte à ne pas l’abandonner, pour qu’elle ne se convertisse pas en un musée. 
La Fondation aujourd’hui est présente dans 41 pays et 4 continents. Dans les 5 pays du Moyen-Orient, notre zone prioritaire, nous avons géré plus de 98 programmes avec un chiffre d’affaires de plus de 60 millions d’euros. 
Après ces années d’expérience s
ur le terrain, je voudrais faire quelques commentaires sur la situation . Au Moyen-Orient, nous assistons à la disparition de communautés chrétiennes entières, dans l’indifférence du monde entier, et spécialement de l’Europe. En même temps, la guerre fait partie de la vie quotidienne. La pauvreté n’est pas l’unique cause des conflits, c’est plus tôt le facteur religieux. Et finalement, les chrétiens continuent à vivre autour de leurs Églises, même si parfois, il s’agit d’un simple formalisme social.
La conclusion est que la présence des chrétiens est fondamentale pour la paix et la réconciliation. Mais ils devraient agir sans déplacer la religion de la vie publique, comme cela s’est passé en Europe, parce que cela ne sert pas au développement. Les valeurs religieuses, nous permettent de progresser, à la fois, sur le plan social et personnel. En conséquence, les chrétiens doivent adapter leurs comportements à leurs croyances, dépasser la haine et les rancoeurs et rechercher le pardon. Ils ne devraient pas prêcher en parole, le message évangélique, et en action la vengeance et la lutte armée. 
Toute personne, a l’obligation de se procurer une formation qui lui permette d’acquérir les conditions pour progresser dans sa vie professionnelle et chrétienne. 

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ZENIT Staff

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