Synode : Interventions du 13 octobre, après-midi

Cinquième congrégation générale

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ROME, Vendredi 15 octobre 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les synthèses des interventions des pères du Synode de la cinquième Congrégation générale (13 octobre, après-midi).

Sont intervenus:

 Rév. P. Umberto BARATO, O.F.M., Vicaire patriarcal émérite de Jérusalem des Latins pour Chypre (CHYPRE)
– S. Exc. Mgr Béchara RAÏ, O.M.M., Évêque de Jbeil des Maronites (LIBAN)
– S. Exc. Mgr Gregory John MANSOUR, Évêque de Saint-Maron de Brooklyn des Maronites (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)
– S. B. Nerses Bedros XIX TARMOUNI, Patriarche de Cilicie des Arméniens, Archêveque de Beyrouth des Arméniens (LIBAN)
– S. Exc. Mgr Paul HINDER, O.F.M. Cap., Évêque titulaire de Macon, Vicaire apostolique de Arabie (ÉMIRATS ARABES UNIS)
– S. Exc. Mgr Nicolas SAWAF, Archevêque de Lattaquié des Grecs-Melkites (SYRIE)
– S. Exc. Mgr Guy-Paul NOUJAIM, Évêque titulaire de Césarée de Philippe, Évêque auxiliaire et Syncelle pour Sarba (LIBAN)
– S. Exc. Mgr Elie Béchara HADDAD, B.S., Archevêque de Sidon des Grecs-Melkites (LIBAN)
– Rév. P. Khalil ALWAN, M.L.M., Secrétaire général du « Conseil des Patriarches Catholiques d’Orient » (C.P.C.O.) (LIBAN)
– S. Exc. Mgr Antoine AUDO, S.I., Évêque d’Alep des Chaldéens (SYRIE)
– S. Exc. Mgr Berhaneyesus Demerew SOURAPHIEL, C.M., Archevêque d’Addis Abeba, Président du Conseil de l’Église Éthiopienne, Président de la Conférence épiscopale (Éthiopie et Érythrée) (ÉTHIOPIE)
– S. Exc. Mgr Youssef Anis ABI-AAD, Archevêque d’Alep des Maronites (SYRIE)
– S. Exc. Mgr Bohdan DZYURAKH, C.SS.R., Évêque titulaire de Vagada, Évêque de Curie de Kyiv-Halyč (UKRAINE)
– S. Exc. Mgr Virgil BERCEA, Évêque d’Oradea Mare, Gran Varadino des Roumains (ROUMANIE)
– S. Exc. Mgr Youhanna GOLTA, Évêque titulaire d’Andropoli, Évêque de Curie d’Alexandrie des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)

Voici les résumés des interventions publiés par la secrétairerie générale du synode (traductions de travail, non officielles).

– Rév. P. Umberto BARATO, O.F.M., Vicaire patriarcal émérite de Jérusalem des Latins pour Chypre (CHYPRE)

En juin dernier, Chypre a vécu des journées intenses et mémorables lorsque Sa Sainteté Benoît XVI a visité l’île. Prions afin que l’effet spirituellement bénéfique de la visite puisse se prolonger.
Chypre fait partie du Patriarcat de Jérusalem. À Chypre, il y a quatre paroisses: trois administrées par les Franciscains de Terre Sainte et une par un prêtre du Patriarcat.
Le nombre des catholiques latins est exigu. Les quatre paroisses, et les quatre congrégations religieuses féminines, travaillent surtout pour les immigrés et pour les touristes.
Les immigrés constituent une richesse ajoutée pour l’Église de Chypre. La pastorale qui leur est destinée est particulière et délicate. Ils restent peu d’années à Chypre et ne sont généralement libres que le dimanche. Mais l’action pastorale doit par contre être conduite comme s’ils devaient rester de manière permanente dans la paroisse. La catéchèse est fondamentale surtout pour la préparation aux sacrements. Les groupes ecclésiaux (Legio Mariae, charismatiques, néo-catéchuménaux, Ordre franciscain séculier, groupes nationaux de prière, etc.) peuvent constituer une aide importante pour le contact avec les fidèles, leur connaissance et la collaboration aux activités paroissiales.
L’action pastorale doit s’inspirer de la charité et de l’acceptation indiscriminée, en suivant l’exemple de Jésus.

[Texte original: italien]
– S. Exc. Mgr Béchara RAÏ, O.M.M., Évêque de Jbeil des Maronites (LIBAN)

Nous lisons au n° 34 de l’Instrumentum Laboris: « Au Liban, les chrétiens sont divisés au plan politique et confessionnel et personne n’a un projet acceptable par tous ». Il n’existe pas une division au plan confessionnel, mais une diversité d’Églises sui iuris catholiques, orthodoxes et évangéliques ayant chacune son propre patrimoine, liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire. Il existe par contre une division sur le plan politique, qui ne touche pas l’essence mais les options stratégiques. Quant à l’essence, les chrétiens sont d’accord autour des constantes nationales, définies dans le document dit « les constantes » publié par le Patriarcat Maronite le 6 décembre 2006, lequel a été accepté et signé par les chefs des partis politiques chrétiens. Ces constantes ont été développées dans un autre document paru en 2008 sous le titre: Charte de l’action politique à la lumière de l’enseignement de l’Église et de la spécificité du Liban. 
Quant aux options politiques, la division des Chrétiens est centrée sur la stratégie relative à la protection desdites constantes et à la présence efficace et effective des chrétiens. Cette division est causée par les conditions politiques actuelles, tant internes que régionales et internationales. 
Car il existe dans le monde arabe une forte division entre les sunnites et les chiites, apparente, sur le plan régional, dans la coalition, du côté sunnite, entre l’Arabie Saoudite, l’Égypte et la Jordanie, et du côté chiite entre l’Iran et la Syrie. Cette division s’est transformée en conflit sanglant entre les sunnites et les chiites en Irak. Sur le plan international, le conflit se situe entre les États-Unis et ses alliés en faveur des sunnites d’un côté, et l’Iran de l’autre à cause de ses ambitions régionales et de son programme nucléaire. Au Liban, c’est le conflit politique entre les chiites et les sunnites, où se situe la division des Chrétiens. Pour sauver le régime libanais et leur présence effective, une partie choisit l’alliance avec les sunnites, une autre avec les chiites et une troisième appelle à de bonnes relations avec les sunnites et les chiites et à ne pas se laisser entraîner dans la politique des axes régionaux et internationaux. 
Le projet politique acceptable par tous consiste à parfaire l’État civil, dont les éléments se trouvent dans les « Constantes », la « Charte de l’action politique » et la Constitution. C’est ce qui différencie le Liban des autres pays du Moyen-Orient, ayant tous de régimes religieux. 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Gregory John MANSOUR, Évêque de Saint-Maron de Brooklyn des Maronites (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)

La Préface des Lineamenta (Grandes lignes), nous rappelle que la situation liée à l’engagement missionnaire des premiers chrétiens est très semblable à celle de nos jours. Au tout début de l’Église, les petites communautés chrétiennes du Moyen-Orient devaient faire face à de nombreux défis et étaient en minorité. Aujourd’hui, après des siècles d’histoire, nous sommes encore en minorité et devons affronter de nombreux défis.
De la perspective d’un Maronite qui vit aux États-Unis, chaque fois que je me rends au Moyen-Orient, je constate avec grande satisfaction combien les catholiques réussissent à faire une différence profonde dans les vies de ceux qui les entourent. Les écoles, les universités, les hôpitaux, les cliniques, les centres de réhabilitation pour les toxicomanes, les hospices, les orphelinats, ainsi que les autres structures qu’ils gèrent, sont ouverts à tous, musulmans, juifs et chrétiens. Ces Catholiques sont le « sel de la terre » et la « lumière du monde » (Mt 5, 13-14).
Tout comme les premiers Chrétiens, nous aussi nous affrontons des défis qui semblent insurmontables, et nos chances de succès sont très minces. Mais nous vivons dans la foi, non dans la vision (2Co 5, 7). Nous pourrions ne pas réussir à convaincre, avec des mots, nos voisins musulmans ou juifs que notre présence est vraiment une bénédiction pour eux, mais nous disposons du même antidote qui a aidé les premiers Chrétiens à survivre et à surmonter tous les défis: la participation au généreux Esprit Saint de Dieu et l’amour apostolique réciproque qui
a le pouvoir de nous rendre, une fois encore, capables d’être « un seul coeur et une seule âme » (Ac 4, 32).

[Texte original: anglais]
– S. B. Nerses Bedros XIX TARMOUNI, Patriarche de Cilicie des Arméniens, Archêveque de Beyrouth des Arméniens (LIBAN)

La Parole de Dieu qui a été choisie comme thème pour cette Assemblée synodale : « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul coeur et une seule âme » (Ac 4,32) est comme un phare venu éclairer la route que nous devons prendre pour notre vie de foi, de témoignage chrétien, avec nos confrères non pleinement unis avec le Siège de Pierre et avec nos autres frères, bien que différents de nous dans la croyance. 
Le retour à la première communauté chrétienne nous montre que les premiers chrétiens n’ont pas eu une vie facile, exempte de difficultés et d’adversités; bien au contraire, ils subirent outrages et persécutions. Mais cela ne les a pas empêchés de proclamer l’enseignement de Jésus intégralement et de pardonner. 
Nous trouvons des situations similaires dans notre époque contemporaine. Les chrétiens non éclairés par le Saint-Esprit croient qu’ils devraient être épargnés par les difficultés. Ceci est important à relever, et dans ce sens à réévangéliser nos fidèles, en leur proposant la foi vécue aux premiers siècles du christianisme. 
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas lutter pour rétablir la justice et la paix au Moyen-Orient. Mais il serait erroné de considérer que, sans cette justice et cette paix, le chrétien ne peut pas vivre pleinement sa foi ou devrait émigrer. D’ailleurs, personne n ‘émigre pour rechercher une vie chrétienne meilleure. 
Le chrétien convaincu qu ‘il est appelé, de par son baptême, à témoigner de sa foi et qui mène une vie chrétienne en communauté, n’a pas comme première préoccupation la recherche du bien-être matériel ou de la paix, ou bien encore la fuite des problèmes pour sa tranquillité et celle des siens. Au contraire, prenant exemple du témoignage de ses ancêtres du Moyen-Orient, il travaille en groupe avec d’autres confrères chrétiens, pour témoigner par la vie et par l’exemple, pour rendre plus convainquant le message d ‘amour de Jésus. 
Partant de ce principe, le chrétien engagé du Moyen-Orient vivra, sous la conduite de l’évêque et en communion avec d’autres chrétiens, pour faire progresser l’esprit de communion des premiers chrétiens, qui avaient « un seul coeur et une seule âme » (Ac 4,32) et qui mettaient leurs biens en commun, comme le font de nos jours les membres de certaines communautés, comme le Néocatéchuménat, les Focolari et le Renouveau Charismatique, qui sont répandues dans plusieurs pays du Moyen-Orient.
Aux disciples qui vivront selon ces principes, Jésus promet « la joie et l’allégresse ainsi qu’une grande récompense dans les cieux » (Mt 5,12). 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Paul HINDER, O.F.M. Cap., Évêque titulaire de Macon, Vicaire apostolique de Arabie (ÉMIRATS ARABES UNIS)

Les deux vicariats de la péninsule Arabique, comprenant le Koweït, le Bahreïn, le Qatar, les Émirats arabes unis, l’Oman, le Yémen et l’Arabie saoudite, ne comptent pas de chrétiens originaires de ces pays. Les 3 millions de catholiques, sur une population de 65 millions d’habitants, sont tous des travailleurs immigrés venant d’une centaine de pays, pour la plupart des Philippines et de l’Inde. Environ 80% d’entre eux sont de rite latin, les autres appartiennent aux Églises catholiques orientales. Les deux Vicaires apostoliques sont l’un comme l’autre de rite latin; l’Ordre des frères mineurs capucins a la ius commissionis pour le territoire; deux tiers des 80 prêtres sont des frères capucins ressortissants d’Inde, des Philippines, d’Europe et d’Amérique et appartenant à différents rites.
La situation particulière des vicariats du Golfe:
1. La présence catholique dans les pays arabes où l’Islam est la religion d’État. Les lois restrictives relatives à l’immigration (restriction concernant le nombre des prêtres) et le système de sécurité. Droits individuels et assistance sociale très limités. Pas de liberté de religion (un musulman ne peut pas se convertir, mais les chrétiens sont les bienvenus dans l’Islam), liberté de culte limitée aux lieux désignés, accordée par des dirigeants éclairés (sauf en Arabie saoudite). Un nombre trop petit d’églises, un taux de présence très élevé; une seule paroisse accueille jusqu’à 25 000 personnes le vendredi avec 10 messes voire plus. Pour un grand nombre de fidèles, la participation est impossible à cause de la distance de l’église, de leur emploi ou des règles du camp. L’Église catholique est respectueuse de la loi et le gouvernement lui fait confiance.
2. L’unité de l’Église catholique dans la diversité des rites et des nationalités. L’Église doit adapter ses structures et son action pastorale aux limites imposées par les circonstances extérieures. Le Rescript ex audientia , approuvé par Jean-Paul II en 2003 et confirmé par le Pape Benoît XVI en 2006, donne juridiction sur tous les fidèles de n’importe quelle Église, rite ou nationalité, aux deux Ordinaires sous la juridiction desquels tous les prêtres des vicariats travaillent. Les Ordinaires sont tenus d’assurer aux fidèles d’autres Églises sui iuris la possibilité de pratiquer et d’observer les normes de leur rite, ce qu’ils font le mieux possible. Le Rescript a aidé à maintenir et promouvoir l’unité, à éviter la fragmentation et à assurer le mieux possible le ministère pastoral à tous les fidèles catholiques. Tous les prêtres doivent rendre service à tous les fidèles, aidés par les milliers de bénévoles laïcs dans la catéchèse, le ministère des jeunes et de la famille, l’apostolat des hôpitaux et des prisons et l’action sociale.
Grâce aux relations fraternelles entre les deux Vicaires apostoliques et les chefs des Églises orientales sui iuris, la communion sera renforcée et des accords de collaboration seront souscrits dans le respect de toute situation particulière afin de rendre plus vibrant le témoignage de l’Église dans le Golfe, qui est une Église composée uniquement de pèlerins et d’immigrés.

[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr Nicolas SAWAF, Archevêque de Lattaquié des Grecs-Melkites (SYRIE)

« Les Chrétiens ne se distinguent des autre hommes, ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. Ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne servent pas de quelques dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier…Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde »(Lettre à Diognète).
Nous vivons dans un monde sécularisé et globalisé, où le nombre des hommes qui n’ont aucun intérêt pour la question de Dieu ou qui agissent sans référence chrétienne est démesurée par rapport au nombre de ceux qui se reconnaissent chrétiens et croyants. 
Ceux auxquels s’adresse la catéchèse doivent s’établir dans une double relation: relation d’appartenance à une communauté fondée sur l’unité de foi et relation à une communauté fondée sur l’unité de l’acceptation du pluralisme et de la diversité.
La foi chrétienne se dit toujours dans le champ des cultures humaines.
Nous manquons au Moyen-Orient d’une catéchèse qui tienne compte de notre culture arabe, de nos traditions chrétiennes et de nos richesses liturgiques.
Nous manquons d’un programme catéchistique pour les catéchumènes.
Nous demandons un effort dans la formation spirituelle des séminaristes.

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Guy-Paul NOUJAIM, Évêque titulaire de Césarée de Philippe, Évêque auxiliaire et Syncelle pour Sarba (LIBAN)

L’Instrumentum Laboris (§ 76), citant le Concile Vatican II, déclare que la division des chrétiens
est objet de scandale et fait obstacle à la plus sainte des causes : la prédication de l’Évangile. Plus loin (§ 78), il rappelle que Sa Sainteté le pape Jean Paul II a souhaité une nouvelle forme d’exercice de la primauté qui ne porte pas atteinte à sa mission, et qui soit inspirée par les formes ecclésiales du premier millénaire qui, bien que diverses, n’empêchaient pas les chrétiens de se sentir chez eux dans toutes ces formes, qu’elles appartiennent à la spiritualité, à la vie morale, ou à la structure.
C’est là une invitation à revoir le rôle et la place des patriarches d’Orient en fonction des origines. Un principe régissait alors l’organisation de l’Église : pour un même espace, une seule juridiction. Et l’Église, qui en avait essaimé d’autres ou qui était plus centrale que d’autres, étant élevée au rang de patriarcat et assurait l’unité. Le concile de Nicée en 325 cite trois patriarcats : Rome, Alexandrie et Antioche. Au cinquième siècle, la Pentarchie est atteinte selon l’ordre suivant: le Pape de Rome en premier, puis le patriarche de Constantinople, puis celui d’Alexandrie, puis celui d’Antioche et enfin celui de Jérusalem. 
Un retour à l’unité suppose donc une théologie et une organisation juridique de l’Église qui redonnent aux patriarches d’Orient leurs privilèges des premiers temps dans l’Église universelle, auprès du pape, tête de toute l’Église. Les principales difficultés pour un tel projet sont les suivantes : 
– la fondation, depuis le premier millénaire, de nouveaux patriarcats ;
– l’existence, pour un même siège, de plusieurs patriarches catholiques et d’un orthodoxe;
– une curie romaine aux prérogatives mal définies par rapport à celles des patriarches. 
Proposition: Sa Sainteté charge une commission d’experts théologiens, d’historiens et de pasteurs, qui propose des solutions concrètes à ces difficultés et l’Église s’engage à les appliquer sans tarder.

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Elie Béchara HADDAD, B.S., Archevêque de Sidon des Grecs-Melkites (LIBAN)

La vente de terrains des chrétiens au Liban devient un phénomène dangereux. Il risque de menacer la présence chrétienne jusqu’à l’anéantir à un minimum dans les quelques années qui viennent. Pour remédier à ce phénomène nous proposons: 
– De créer une stratégie de solidarité entre les Églises sous le patronage du Saint-Siège.
– Modifier le discours de l’Église envers l’Islam afin de distinguer nettement entre Islam et fondamentalisme. Ceci facilite notre dialogue avec les musulmans en vue de nous aider à persévérer dans notre terre.
– Passer du concept d’aide aux chrétiens d’Orient au concept de développement pour les enraciner dans leur terre et leur trouver des emplois.
Notre expérience dans le diocèse de Saïda est prépondérante à ce niveau. 

[Texte original: français]
– Rév. P. Khalil ALWAN, M.L.M., Secrétaire général du « Conseil des Patriarches Catholiques d’Orient » (C.P.C.O.) (LIBAN)

Le paragraphe 55 de l’Instrumentum laboris n’a pas pris en considération le grand rôle que le Conseil des Patriarches catholiques d’Orient (CPCO) a joué dans le renforcement de la communion entre les Églises catholiques et dans l’encouragement du dialogue oecuménique et interreligieux.
Après l’énumération des activités du CPCO, à 20 ans de son existence, au niveau de la théologie pastorale, de l’oecuménisme, de la pastorale commune et de la coordination entre églises catholiques, je constate que le CPCO souffre d’un handicap au niveau de la communication. Je propose donc à l’Assemblée synodale:
– La modification des statuts du CPCO pour permettre aux assemblées des évêques de chaque pays d’être représentée dans les congrès annuels du CPCO, et que leur représentant ait le pouvoir de transmettre et d’exécuter les décisions au sein de son assemblée.
– L’organisation des congrès des Patriarches et évêques Catholiques en Moyen Orient.
Enfin, je constate que les autorités ecclésiastiques, à savoir les dicastères romains, les conférences épiscopales en occident et leurs associations, semblent ignorer cette instance par manque d’information. C’est pourquoi, je propose aussi que le CPCO soit inclu dans l’Annuarium Pontificium, à l’instar de toutes les instances pontificales et autres. 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Antoine AUDO, S.I., Évêque d’Alep des Chaldéens (SYRIE)

Soigner la formation spirituelle et intellectuelle des futurs prêtres.
I – Formation 
Malgré la diminution du nombre des vocations, éprouver les candidats avant de les admettre au séminaire. 
Former les séminaristes au sens profond de chaque liturgie et être capable d’ouverture à l’universalité de l’Église. En théologie, se baser sur Vatican II, répondre aux questions de la modernité dans le contexte arabo-musulman, en donnant une attention particulière à l’usage correct de la langue arabe. Enfin, à la suite et selon les conseils de Benoît XVI, accorder de l’importance à une formation doctrinale solide et vivante, se traduisant dans la vie quotidienne. La dimension pastorale: apprendre à prêcher, enseigner le catéchisme, accompagner les familles, écouter les confessions, sont des éléments vitaux dans la formation.
II – Accompagnement pastoral et spirituel au cours de l’ exercice du ministère sacerdotal.
a. Veiller à ce que le prêtre soit mobilisé par la passion d’annoncer la Bonne Nouvelle.
b. Assurer une formation permanente de qualité. 
c. Prodiguer des moyens de relecture du service pastoral et du progrès spirituel et humain (retraite annuelle, sessions, etc …. ) Se souvenir que le prêtre est avant tout un homme de Dieu.
III- Assurance, comptabilité transparente 
a. Regarder objectivement les besoins des prêtres, et arriver à une comptabilité transparente du diocèse qui aide à développer la confiance parmi les prêtres et les fidèles. 
b. Que la Congrégation pour les Églises orientales aide chaque Patriarcat et diocèse à la mise en place d’un système d’assurance maladie et d’assurance vieillesse. Les ressources sont là, manquent la compétence et la rigueur. 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Berhaneyesus Demerew SOURAPHIEL, C.M., Archevêque d’Addis Abeba, Président du Conseil de l’Église Éthiopienne, Président de la Conférence épiscopale (Éthiopie et Érythrée) (ÉTHIOPIE)

L’Éthiopie compte quelques 80 millions d’habitants, dont la moitié a environ moins de 25 ans. Le grand défi que ce pays est amené à affronter est celui de la pauvreté et de ses conséquences, telles que le chômage. De nombreux jeunes, désireux de fuir la pauvreté, tentent, par tous les moyens, d’émigrer. Ceux qui émigrent au Moyen-Orient sont pour la plupart de jeunes femmes qui vont, légalement ou illégalement, chercher un emploi de domestique parce que, pour la plupart d’entre elles, elles manquent de formation professionnelle. Afin de faciliter leurs voyages, les chrétiens transforment leurs noms chrétiens en noms musulmans et s’habillent comme les musulmans de manière à ce que leur demande de visa puisse aboutir plus facilement. De cette façon, les chrétiens sont indirectement forcés à renier leurs racines chrétiennes et leur héritage.
Selon les données du Ministère du Travail et des Affaires sociales , et celles de l’Organisation mondiale pour les Migrations, 13 498 travailleurs éthiopiens ont immigré au Moyen-Orient entre septembre 2005 et août 2006 (www.American Chronicle/Ethiopian Human Trafficking Hub in the Horn of Africa.html). Leurs destinations sont généralement le Liban, les Émirats Arabes Unis, le Koweit, le Yémen et l’Arabie Saoudite. En moyenne, environ 12 500 éthiopiens partent chaque année en direction du Moyen-Orient.
Même s’il existe des situations exceptionnelles dans lesquelles les travailleurs sont bien traités, la
grande majorité d’entre eux souffre d’exploitations et d’abus. Beaucoup ont honte de revenir en Éthiopie où leurs familles s’attendent à ce qu’ils reviennent avec beaucoup d’argent. Cependant, certains sont contraints à rentrer chez eux, désespérés et malades, souffrant de troubles mentaux. Les chrétiens qui meurent en Arabie Saoudite ne semblent pas être autorisés à y être enterrés. Leurs corps sont renvoyés en Éthiopie afin d’y être enterrés. Pourrait-on demander aux autorités saoudites d’accorder un cimetière aux chrétiens en Arabie Saoudite?
De nombreux éthiopiens se tournent vers les Églises catholiques au Moyen-Orient pour en obtenir aide et conseil. Je désire remercier les Hiérarchies catholiques du Moyen-Orient qui font de leur mieux pour assister les victimes d’abus et d’exploitations. Nous sommes reconnaissants, par exemple, pour le travail important réalisée par Caritas Liban. La migration moderne est considérée comme un « esclavage moderne ». Mais laissez-nous rappeler que les immigrés d’aujourd’hui seront les citoyens et les responsables de demain, que ce soit dans leurs patries que dans les pays qui les accueillent.

[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr Youssef Anis ABI-AAD, Archevêque d’Alep des Maronites (SYRIE)

 » Nous ne pouvons accueillir ceux que Dieu met sur notre route, si nous n’ accueillons pas Dieu en personne. Plus nous découvrons Dieu, plus nous découvrons la sainteté de l’homme »
Le lieu privilégié de l’accueil de nos frères, en l’occurrence nos frères musulmans est, sans aucun doute, la prière.
Il est une prière qu’on appelle prière contemplative.
Contempler, c’est d’abord contempler Dieu Trinité. Contempler c’est aussi contempler, dans l’Esprit, la vie des hommes, et, partant, l’offrir à Dieu avec ses joies et ses peines, ses avancements et ses reculs… tout en ayant à l’esprit que nous ne voyons pas tout de la vie de l’autre, laquelle demeure pour nous un mystère.
Dans la contemplation, il arrive que nous croisions, dans un instant fugitif, un reflet du regard de Dieu sur les gens . C’est un instant de grâce, un instant de joie, car ce regard est créateur, sauveur et plein d amour . 
Il est de première nécessité de chercher à établir une présence avec nos frères musulmans et aussi avec les autres, avec lesquels nous vivons: présence simple, humble, fraternelle, qui pourrait favoriser le dialogue sous toutes ses formes et une compréhension réciproque.

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Bohdan DZYURAKH, C.SS.R., Évêque titulaire de Vagada, Évêque de Curie de Kyiv-Halyč (UKRAINE)

Je voudrais rappeler votre attention sur un aspect particulier de la pastorale des vocations, à savoir la formation des Pères spirituels appelés à remplir leur mission dans les séminaires et dans les instituts de formation des religieux. Le Père spirituel remplit un rôle déterminant dans le discernement de chaque vocation et a une responsabilité précise et fondamentale dans le chemin de mûrissement de chaque vocation; un rôle qui, à mon avis, ne cesse certainement pas au moment de l’ordination sacerdotale ou de l’émission des voeux perpétuels. Je vous pose donc les questions suivantes: dans quelle mesure nous préoccupons-nous de former les futurs Pères spirituels pour les séminaires et les instituts religieux ? J’ai l’impression que souvent le choix se fait sur la base d’urgences immédiates et sur l’idée qu’un tel prêtre convient parce qu’il semble avoir une bonne vie spirituelle personnelle. Mais qu’en est-il du reste des compétences demandées et qui ne sont pas moins importantes ? Je me permets donc de nous recommander à tous la plus grande attention à la formation de cette figure précieuse et irremplaçable de la pastorale des vocations, en assurant aux personnes vraisemblablement adéquates, tous les instruments de la théologie, de la psychologie et de tout ce qui est demandé à travers des parcours de formation spécialisés.
Avant tout, je voudrais exprimer la plus profonde gratitude aux Évêques latins pour l’accueil fraternel réservé à nos fidèles, pour l’attention qu’ils expriment à leur égard, mais il ne s’agit évidemment pas simplement de garantir un « cadre liturgique » et de « renforcer – je cite textuellement – le lien avec les fidèles des Églises orientales catholiques dans les pays d’émigration », mais plutôt de quelque chose de plus important et de plus profond. Dans l’exercice de leur ministère, les Éparques ne peuvent pas simplement se limiter à ces garanties ni même à une simple « visite ». Je pose la question suivante: un père peut-il réduire sa fonction naturelle à l’égard de ses enfants lointains à une simple « visite » ? La réponse est trop évidente pour que je l’explicite. Alors, il faut approfondir de façon responsable ce thème de la paternité des Patriarches et des Évêques éparchiques et identifier les instruments juridiques et organisationnels qui, en collaboration évidente avec les Ordinaires locaux, puissent porter à un exercice effectif de leur responsabilité ministérielle là où vivent leurs propres fidèles.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr Virgil BERCEA, Évêque d’Oradea Mare, Gran Varadino des Roumains (ROUMANIE)

Plusieurs aspects unissent notre Église roumaine avec les Églises soeurs du Moyen-Orient: en tout premier le fait d’être un « petit troupeau ». L’Église gréco-catholique en Roumanie vit sa mission en étant une minorité; une présence qui est pourtant très forte dans l’histoire de notre pays, en ce qu’elle exprime cette heureuse et providentielle synthèse entre la pleine communion avec le siège de Pierre et la richesse des trésors de la tradition spirituelle, liturgique et disciplinaire byzantine.
Chers frères d’Orient, nous sommes appelés avec vous à affronter les défis de notre époque: la forte vague d’émigration et la mondialisation avec toutes ses provocations et ses idoles, dont nous a parlé le Pape Benoît XVI et que nous sommes tous appelés à démasquer. En outre, cette situation d’émigration – dont nous n’avons jamais fait l’expérience dans l’histoire de notre peuple roumain – dans laquelle, sur une population totale de 22 millions de nationaux, presque cinq millions se trouvent désormais en Europe et dans le monde, ouvre également la possibilité d’une confrontation féconde et d’un enrichissement mutuel.
L’immigration dans le partage valorise tout un chacun; donc tenons toujours les yeux fixés sur Jésus, le premier qui a dû se rendre en terre d’Égypte, afin de lui demander et de recevoir de Lui cet élan toujours renouvelé que nous devons ensuite communiquer à nos fidèles et à nos communautés.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr Youhanna GOLTA, Évêque titulaire d’Andropoli, Évêque de Curie d’Alexandrie des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)

Relations avec les Églises orthodoxes dans nos pays : 
Elles sont nos racines, nos ancêtres, ce sont elles qui ont lutté pour défendre la foi chrétienne et la garder pour nous jusqu’à aujourd’hui. Ce sont elles qui ont offert les martyrs, des saints, des grands théologiens. Par conséquent, l’unité de l’Église, qui est la prière de l’Église, reste toujours l’espérance de l’histoire chrétienne. 
Relation avec les citoyens musulmans : 
Le moyen-âge nous a laissé des fruits amers faits de haine et de mépris, une vraie tragédie.
Pouvons-nous, ensemble, chrétiens et musulmans écrire une nouvelle page d’histoire, d’amour, de respect et de pardon pour construire ensemble pour les générations futures un avenir sans tragédie?

[Texte original: français]

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ZENIT Staff

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