L'Église en première ligne dans la lutte contre la corruption

Séminaire international du CELAM sur la corruption en Amérique

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ROME, Lundi 21 juin 2010 (ZENIT.org) – Dans le contexte de la mission continentale que vit l’Église en Amérique latine et dans les Caraïbes, le Département pour la justice et la solidarité du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) a organisé du 7 au 11 juin à Guayaquil (Équateur) un séminaire international sur la corruption.

L’objectif était de faire le point sur les informations ayant trait à la corruption en Amérique et sur ses connexions au plan international et national, d’arriver à des conclusions, de poser des défis et des lignes d’action pastorale et de collaboration entre l’Église et la société civile, en proposant des normes qui permettraient, toutes forces confondues, de lutter contre la corruption sur le continent.

Évêques, agents pastoraux, représentants de la société civile et fonctionnaires publics de 16 pays latino-américains et des Caraïbes, étaient présents à la rencontre, rapporte le CELAM sur son site.

Les trois verbes « voir, juger et agir » ont servi de fil conducteur aux sujets soulevés lors de la rencontre. Les premières journées ont permis d’analyser les situations, les causes et les conséquences de la corruption en Amérique ; les suivantes, d’apporter un éclairage en partant de la doctrine sociale de l’Église, et de chercher des lignes d’action pastorale pour l’Eglise dans son service au monde grâce à la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.

La corruption a été décrite comme un acte, un abus dont les pouvoirs public et privé se servent à des fins personnelles. Bien qu’il soit difficile de lui donner une définition, de mesurer son ampleur ou de la décrire de manière univoque en raison de la multiplicité de ses manifestations, on peut quantifier la perception qu’on en a dans la société. L’environnement dans lequel on vit, disent les participants, favorise une croissance démesurée de la corruption.

« D’un côté, on constate l’apparition de nouveaux monopoles ; de l’autre, une détérioration éthique de la pratique politique. Il y a des responsables publics, mais très souvent le secteur privé se trouve impliqué. Le patrimoine de l’État et le patrimoine personnel finissent par se confondre ».

« Nous remarquons également avec tristesse qu’il y a des dirigeants du monde professionnel et social qui ne rendent pas de comptes à leurs affiliés. Nous pourrions dire que la corruption s’est institutionnalisée », affirme la déclaration finale de la rencontre.

« Même si l’histoire du continent a déjà connu plusieurs périodes de corruption, ajoute le texte, nous pourrions dire que dernièrement, nous assistons à sa progression ‘géométrique’. On s’en rend compte à l’augmentation du nombre de réseaux organisés impliqués dans le trafic de drogue et souvent, lors des compétitions électorales, en particulier durant les processus de réélection qui mettent à mal les institutions démocratiques ».

« Nous observons des modèles anciens et nouveaux de corruption, parmi lesquels ceux liés aux privatisations, à l’endettement public, à l’achat d’armes, qui évoluent dans le cadre d’une résistance à appliquer les conventions internationales contre la corruption ».

Les causes à l’origine de ce phénomène sont nombreuses. Parmi celles-ci, l’effet d’imitation, la crise des valeurs que vivent les peuples, le manque de volonté politique pour punir ce mal, les bas salaires, les anachronismes administratifs.

Les participants à la rencontre ont insisté sur la nécessité d’établir de toute urgence des mécanismes de contrôle visant à surmonter ce fléau, en prévoyant des plans de formation éthique et de formation aux valeurs pour les citoyens.

De même qu’a été souligné la nécessité de travailler en équipe et de manière coordonnée avec les initiatives de la société.

L’Église catholique, a-t-il été dit, doit établir des alliances avec d’autres organisations pour avoir une présence internationale dans la lutte contre la corruption.

Il est ensuite nécessaire de retrouver la valeur de la parole qui s’est perdue dans les cultures, et de déraciner les mythes qui se sont créés et ont affaibli les valeurs des citoyens.

Le travail de l’Église a par ailleurs été mis en valeur, montrant qu’il a été un soutien efficace dans la lutte contre la corruption, formant aux valeurs, établissant des alliances et favorisant l’accès aux informations, et qu’il est possible de réaliser une force de travail commune pour déraciner ce mal, un mal qui est en train de saper sérieusement les structures de la société.

Les participants ont garanti qu’ils n’avaient pas perdu espoir de trouver des solutions aux problèmes qui affligent la société : « Nous ne saurions restés inactifs devant ce que nous pouvons changer avec un sérieux engagement qui nait de la foi ».

Nieves San Martín

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ZENIT Staff

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