ROME, Mercredi 28 avril 2010 (ZENIT.org) – Attention aux continents et sociétés qui se barricadent face au flux des migrations : Mgr Veglio tire le signal d’alarme et rappelle les principes de protection des migrants et de leur dignité qui pour l’Eglise sont « non-négociables ».
C’est Mgr Antonio Maria Veglio qui a lu le message du pape Benoît XVI aux participants du VIIIe Congrès européen sur les Migrations du Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe, organisé à Malaga (Espagne) du 27 avril au 1er mai 2010 sur le thème : congrès sur « L’Europe des personnes en déplacement. Surmonter les peurs. Tracer des perspectives ».
Il les a lui-même exhorté à se laisser guider par la « charité » dans leur façon de regarder la réalité des migrations et d’envisager l’avenir (cf. Ci-dessous in Documents pour le texte intégral en français).
Commentant l’encyclique du pape « Caritas in Veritate », il a insisté sur cet aspect « non-négociable » pour l’Eglise : « Tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance » (CIV, 62).
Il a déploré les sociétés et même les « continents » qui se barricadent : « A une époque récente, on a vu augmenter les dites « communautés blindées » et on est peut-être sur le point d’assister à la naissance de « continents blindés », l’Europe et l’Amérique du Nord occupant le premier rang. Il est probable que, bientôt, de nouveaux rideaux de fer seront fermés, avec des patrouilles fréquentes aux frontières et de nouvelles mesures de défenses côtières. Certains se hasardent à affirmer que le renforcement des frontières ne sert pas seulement, ou principalement, à arrêter les mouvements migratoires – qui, en fait, se poursuivent -, mais aussi à définir comme clandestins les migrants qui les traversent, en leur attribuant une identité qui les met dans une situation d’infériorité et d’absence de droits : une armée de personnes invisibles pouvant faire l’objet de chantage et susceptibles d’être exploitées ».
Il rappelle un chiffre : 24 millions d’imigrés dans les 27 pays de l’Union européenne, et une immigration clandestine évaluée entre 4 et 8 millions de personnes.
Il constate aussi qu’en Europe « les flux de la mobilité humaine sont perçus négativement par la population », comme en témoignent des sondages « qui relèvent l’impression toujours plus répandue que les étrangers sont trop nombreux, qu’ils constituent une menace pour la culture et l’identité, pour l’ordre et la sécurité, sans oublier l’augmentation préoccupante des attitudes négatives à l’égard des immigrés, motivées par l’opinion qu’en partie du moins, les préjudices en termes de marché du travail sont dus à la présence des étrangers ». L’Europe se ressent comme « une « forteresse » assiégée », et « se met sur la défensive pour affronter le phénomène de la mobilité », constate l’archevêque italien.
Il invite au contraire à regarder les migrations avec un « regard de foi » un regard biblique , à favoriser une « culture de l’accueil » et le « dialogue ».
Il conclut sur un appel à l’union des chrétiens pour affronter la question en Europe : « Face au phénomène de la mobilité humaine, l’Eglise pose des questions pressantes, de nature historique, culturelle, économique, sociale et politique, en se rapportant à l’Evangile, lequel sollicite les chrétiens de l’Union Européenne, les Eglises sœurs et les sociétés civiles, à contribuer ensemble, afin que soit accordé un accueil humain et digne aux hommes et aux femmes migrants, aux réfugiés, aux personnes déplacées et à tous ceux qui, sous une forme ou sous une autre, sont impliqués dans la mobilité ».
« En outre, consciente des tragédies passées, ajoute Mgr Veglio, l’Eglise sait que la pleine intégration de toute minorité est essentielle pour le maintien de la concorde civile et de la démocratie. Elle entend, sur la base de la foi chrétienne, contribuer à la construction d’une Europe au visage humain, où soient sauvegardés les droits humains et les valeurs fondamentales de la paix, de la justice, de la liberté, de la tolérance, de la participation et de la solidarité ».
Anita S. Bourdin