Le pontificat de Benoît XVI, un échec ?

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Pas même selon les critères de la société, affirme Carl Anderson

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ROME, Vendredi 23 avril 2010 (ZENIT.org) – Au début d’avril, le magazine allemand « Der Spiegel » a renchéri sur les récentes attaques contre l’Eglise en titrant à la une du journal : « L’échec du pontificat de Benoît XVI ». « Pontificat raté ? Loin de là ! », répond Carl Anderson, Chevalier Suprême des Chevaliers de Colomb.

Même selon les critères de ce monde, le pontificat de Benoît XVI a été remarquable. Il a fait avancer l’Eglise, mettant l’accent sur l’implication de la culture environnante avec amour. Ses deux encycliques sur la charité, son encyclique sur l’espérance et sa lettre sur l’eucharistie – le Christ au centre de notre foi – nous ont ramenés au message le plus fondamental, le plus profond, du christianisme : foi, espérance et charité. Le christianisme de Benoît XVI est le christianisme des Béatitudes.

Si certains voient dans ce pontificat un « échec », c’est que justement ils veulent le voir ainsi. Ils sont très nombreux en Europe à souhaiter l’échec de ce pontificat – comme de tout autre pontificat – parce que la position de l’Eglise va à l’encontre de leur programme séculier.

Ce qui leur est intolérable, c’est la claire vision du pape Benoît XVI exprimée dans sa dernière encyclique « L’amour dans la vérité », dans laquelle le pape nous rappelle : « Sans Dieu, l’homme ne sait où aller et ne parvient même pas à comprendre qui il est » (No. 78).

La semaine dernière, nous avons entendu proclamer l’évangile dans lequel le Christ demande à Pierre « M’aimes-tu ? » Et Pierre répond oui, qu’il l’aime. Mais il ne peut donner cette réponse que parce que Dieu l’a aimé en premier. Le laïc tourne le dos à l’amour de Dieu. Il refuse l’invitation du Christ à l’aimer en retour.

Nous devons nous rappeler que les deux grands commandements du Christ sont d’aimer Dieu de tout notre cœur – et notre prochain comme nous-mêmes. Le premier doit mener au second. Mais si vous éliminez le premier commandement – l’amour de Dieu -, la mise en pratique du second – l’amour du prochain – ne pourra pleinement remplir sa promesse.

Le rêve de la société laïque est un rêve utopique, dans le meilleur des cas.

Dans « Caritas in veritate », (L’amour dans la vérité ), le pape Benoît a répété ce qu’il avait déjà affirmé dans « Deus Caritas Est » – à savoir qu’aucun Etat ne sera jamais assez parfait pour ne plus avoir besoin de charité. Il écrit : « L’engagement pour le bien commun, quand la charité l’anime, a une valeur supérieure à celle de l’engagement purement séculier et politique. » (N. 7)

L’idée que des solutions aux problèmes du monde peuvent être trouvées dans l’Evangile, et pas dans la laïcité, est un thème cher au pape depuis longtemps. Avec constance, il a soutenu que l’Eglise se différencie de la société laïque en ce qu’elle ne cherche pas un messie politique, mais appelle le monde à une conversion constante.

Une société qui ne laisse pas de place pour Dieu – ainsi que les médias de cette société – n’en laisse pas non plus, semble-t-il, pour son message, et c’est ainsi que certains ont attaqué le messager, se raccrochant à n’importe quoi pour le discréditer.

Le pape qui nous a appelé à l’amour dans la vérité, qui nous a prévenu que l’économie allait s’effondrer si l’on excluait les valeurs religieuses du marché, qui a tant fait pour aborder et corriger les actes de ces prêtres qui ont causé le scandale – cet homme a été pris pour cible, parce qu’il croit que nous ne pouvons authentiquement aimer notre prochain que si nous permettons d’abord à Dieu de nous aimer.

Cette idée – peu importe le nombre de fois qu’elle s’est vérifiée dans les faits – est justement quelque chose qui est insupportable pour certains esprits laïcs. Ainsi, on se hâte de juger, on saute aux conclusions, on tente de discréditer le pape.

Le champion de la charité dans la vérité n’a reçu ni charité ni vérité de la part de trop de médias.

Il existe aujourd’hui une culture de suspicion contre l’Eglise catholique, dans laquelle chaque accusation venant de détracteurs de l’Eglise est jugée crédible, tandis que les explications en masse données pour défendre l’Eglise ne semblent pas suffire.

Comment expliquer autrement la frénésie actuelle des médias contre l’homme qui a fait plus que quiconque pour gérer efficacement les cas de ceux qui ont commis des abus sur des mineurs?

L’Esprit Saint continuera à guider le pape Benoît XVI dans l’accomplissement de la grande oeuvre qu’il nous a été donné de connaître, son grand témoignage de l’amour du Christ.

C’est à nous aujourd’hui qu’il revient de suivre le témoignage de notre pape. Nous devons nous tenir du côté du pape et dire oui à l’amour du Christ, et ensuite transmettre cet amour à notre prochain, à notre société. Nous devons évangéliser à travers notre témoignage.

Le piètre témoignage de quelques-uns – leurs manipulations et leurs abus au lieu de leur amour – ont ensuite été instrumentalisés par certains pour tenter de discréditer le véritable message et la manière de vivre chrétiens. C’est pourquoi les scandales sont tellement dommageables, mais c’est aussi pourquoi notre témoignage aujourd’hui est si important.

En 2000, le cardinal Ratzinger affirmait à propos de l’art de vivre que « cet art ne peut être communiqué que par celui qui a la vie – celui qui est l’Evangile en personne ».

Nous devons être cet évangile en personne, dire d’abord oui à l’amour du Christ, et oui pour aimer le Christ, et ensuite étendre à notre prochain l’authentique amour dans la vérité. Alors le monde verra que nous sommes chrétiens à la façon dont nous nous aimons les uns les autres – et la façon dont nous nous aimons reflètera la façon dont nous avons été aimés en premier par Dieu.

Carl Anderson est Chevalier Suprême des Chevaliers de Colomb et auteur de best-sellers selon la classification du New York Times.

Traduit de l’anglais par Elisabeth de Lavigne

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ZENIT Staff

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