Le Saint-Siège appelle au respect de tous les migrants

En rappelant les bases de la citoyenneté romaine

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ROME, Jeudi 22 avril 2010 (ZENIT.org) – « Défendre les droits de chaque homme et de chaque femme » est un des piliers de l’action du Saint-Siège, a rappelé mercredi à Rome, Mgr Agostino Marchetto, secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. 

Mgr Marchetto a prononcé au Capitole, le discours d’ouverture du XXXème séminaire international d’études historiques sur le thème : « De Rome à la troisième Rome », intervenant sur : « Empires et migrations. Lois et continuité de Rome à Constantinople à Moscou ».

Mgr Marchetto a voulu tout d’abord souligner « le caractère universaliste de la tradition de Rome à la troisième Rome, qui concerne l’humanité tout entière, puisque l’histoire de cette capitale, depuis sa fondation, coïncide avec le dépassement des barrières ethniques, c’est-à-dire, dirait-on aujourd’hui, antiracistes ». 

« La citoyenneté romaine ne se fonde ni sur les origines, si sur le territoire ; chaque homme, sans distinctions ethniques ou religieuses, peut l’acquérir, a-t-il souligné. Autrement dit, c’est sur la citoyenneté et non sur le principe de territorialité que la notion et la réalité de l’Empire se construisent ».

Dans ce contexte, la stratégie pastorale de l’Eglise occidentale a du faire l’expérience de ces grands changements : « Si dans les premiers siècles, celle-ci touchait principalement le monde gréco-romain, au travers d’un travail d’inculturation, ensuite, avec les invasions barbares, l’Eglise la transforme en acculturation, spécialement avec l’enseignement des saintes Ecritures et du patrimoine ‘classique’ qu’elle transmet dans le temps ». 

Refoulements

Se concentrant sur la situation actuelle, le représentant du Saint-Siège a rappelé la tendance, parmi les pays européens, de « délocaliser les contrôles de frontières, encourageant leurs partenaires des côtes méridionales du Mare Nostrum, à effectuer des contrôles plus rigides sur les migrants, tout en leur donnant la possibilité de demander asile ».

Mais cette tendance pose de « sérieuses questions humanitaires », a-t-il souligné, rappelant en premier lieu que les interceptions et les décentralisations opérées par les autorités européennes empêchent, dans de nombreux cas, « des milliers de personnes d’atteindre la côte nord de la Méditerranée, voir même de quitter leur pays d’origine ou de transit ».

« Pour avoir une idée de la gravité de la question, on n’a pas besoin de recourir à la doctrine sociale de l’Eglise, d’ailleurs très explicite sur la question, il suffit de penser que le droit à émigrer est inclus dans la déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948 (art. 13§2) », a-t-il relevé.

Il juge « paradoxal » que tant de pays européens reconnaissent le statut de réfugiés « aux personnes qui sont arrivées sur le territoire par voie non maritime, mais provenant des mêmes pays d’où viennent les migrants interceptés et repoussés dans la mer Méditerranée ».

Mgr Marchetto a donc réaffirmé sa « position » condamnant « ceux qui n’observent pas le principe de non refoulement, un principe qui est à la base du traitement que l’on doit à tous ceux qui fuient des persécutions ». 

« Je me pose la question : Si en temps de paix, on ne parvient pas à faire respecter ce principe fondamental du droit humanitaire international, comment fera-t-on pour en demander le respect en temps de guerre ? », a-t-il dit.

Droits violés

Un autre droit violé dans l’acte d’intercepter et refouler les migrants sur les côtes africaines de la Méditerranée, a poursuivi Mgr Marchetto, est celui au « juste procès », qui comprend le droit à se défendre, à être écouté, à faire appel contre une décision administrative, le droit à obtenir une décision motivée, et celui d’être informé des faits sur lesquels repose la sentence, le droit à une cour indépendante et impartiale ».

Le « Code des frontières de Schengen » (n. 3), rappelle-t-il, « déclare que toutes les personnes auxquelles aura été refusée l’entrée sur le territoire auront le droit de faire appel ».

Les personnes refoulées n’ont cependant pas la possibilité d’exercer ce droit. En plus de cela, « on ne leur dit pas où et comment elles peuvent exercer ce droit, de même qu’il n’existe pas pour ces personnes un acte administratif qui leur interdise de poursuivre leur voyage du désespoir vers les eaux internationales ni ne prédispose leur retour à leur lieu de départ ou à un autre destin sur la côte africaine ».

Dans ce contexte, Mgr Marchetto a appelé au respect des droits de tous les migrants. 

« Ceci, a-t-il conclu, fait partie de la tradition pérenne de l’Eglise, en même temps que son combat pour la protection des droits de chaque homme et de chaque femme, âgé(e) ou pas, même dans le cas des migrants en situation irrégulière et des demandeurs d’asile qui naviguent sur les eaux de la Méditerannée ».  

Roberta Sciamplicotti 

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ZENIT Staff

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