ROME, Lundi 19 avril 2010 (ZENIT.org) – Le pasteur Alain Joly souligne l’importance d’une « question morale » : celle de « la nécessité d’une éthique de responsabilité dans l’information, particulièrement quand on aborde la dimension religieuse ».
Benoît XVI a rendu visite, le 15 mars, à la communauté évangélique luthérienne de Rome, et ce pasteur luthérien français vient de signer « l’appel à la vérité » lancé en France pour soutenir Benoît XVI par des intellectuels, journalistes, et personnalités de la société civile, chrétiens ou pas. Un signe des temps ? Nous lui avons demandé ses motivations.
Né en 1964, le pasteur Alain Joly, est pasteur luthérien, en charge de l’église des Billettes (Paris 4ème). Il a dirigé pendant 14 ans le Centre culturel luthérien de Paris. Intervenant régulier à la radio Fréquence protestante, il est conférencier, auteur de nombreux articles, et engagé dans l’œcuménisme, donc dans la recherche de l’unité des chrétiens.
Zenit – Pasteur Alain Joly, qu’est-ce qui a motivé votre signature de « l’appel à la vérité »?
Pasteur Joly – Le pape Benoît XVI est injustement et quasiment systématiquement attaqué dès lors qu’il a une parole courageuse et fidèle à la foi chrétienne, souvent en contradiction avec les discours ambiants.
Quand on s’en prend ainsi au chef de l’Eglise catholique, c’est le christianisme dans son ensemble qui est aussi visé et qu’on cherche à discréditer.
Dans leur grande majorité, les chrétiens luthériens du monde entier ont, pour Benoît XVI, beaucoup de respect et d’estime pour sa sûreté théologique et son désir sincère et pastoral de l’unité. Je n’ai donc pas hésité un instant à figurer publiquement parmi les signataires.
Zenit – Ce geste est un signe des temps et d’une solidarité entre confessions chrétiennes sur un nouveau terrain?
Pasteur Joly – L’oecuménisme est exigeant. Combattre le même combat pour la vérité permet d’avancer ensemble en vue d’un témoignage commun.
Une recherche de l’unité dans les circonstances présentes ne peut plus laisser les confessions chrétiennes dans l’indifférence quand l’une d’entre elles est la cible d’un certain monde hostile. Ce qui touche l’une des Eglises concerne toutes les autres.
Zenit – Comment analysez vous ce que le card. Vingt-Trois a diagnostiqué comme une « campagne de dénigrement »?
Pasteur Joly – Le cardinal Vingt-Trois a tout a fait raison de parler ainsi. Les torts de certains catholiques indignes et qui sont causes de souffrances irréparables ne doivent pas masquer la réalité d’une entreprise orchestrée contre le christianisme.
Zenit – Les chrétiens ne sont-ils pas très passifs devant les media comme une « fatalité » alors que d’autres communautés religieuses sont très réactives ?
Pasteur Joly – Malheureusement, les chrétiens sont trop souvent frileux dans leurs interventions publiques. Pourtant, il faut reconnaître que beaucoup de médias sollicitent l’avis des autorités ou des fidèles de nos Eglises, mais ce n’est pas toujours pour mettre en valeur leurs déclarations.
C’est pourquoi notre appel insiste sur la nécessité d’une éthique de responsabilité dans l’information, particulièrement quand on aborde la dimension religieuse.
Zenit – Où en est la récolte des signatures ?
Pasteur Joly – Plus de 31.000 personnes ont rejoint notre appel. Ceci est très encourageant, mais je ne sais pas quelle influence cette communauté virtuelle aura sur la presse, les médias, les chrétiens désabusés ou vindicatifs, les politiques… L’appel aura au moins soulevé une vraie question morale.
Propos recueillis par Anita S . Bourdin