ROME, Vendredi 16 avril 2010 (ZENIT.org) – L’évêque auxiliaire de Khartoum, au Soudan, Mgr Daniel Adwok Kur, évêque titulaire de Mossori, a mis en garde contre la grave crise politique que pourrait déclencher « un jeu sale » dans les élections du pays .
Au regard des comptes-rendus des élections, sur lesquelles pèsent des soupçons de fraude et sur le retrait au dernier moment de partis et de candidats, Mgr Adwok Kur craint que le peuple ne perde confiance et ne croie plus au processus politique.
Interrogé dans la capitale soudanaise par l’association internationale « Aide à l’Eglise en détresse » (AED), l’évêque souligne le climat d’inquiétude croissant après la parution de nouvelles non confirmées provenant de différentes régions du pays, faisant état d’une mauvaise organisation des registres électoraux et des sièges, de cas d’intimidation et autres irrégularités, dont des fraudes de la part du National Congress Party, le parti au pouvoir du gouvernement national de Khartoum.
Face à ces signalements d’irrégularité, « on peut se demander si à la fin ces élections pourront être qualifiés de ‘libres et justes’ », a commenté Mgr Adwok Kur.
Les opérations de vote avaient commencé dimanche 11 avril. Il s’agit des premières élections pluralistes depuis 24 ans au Soudan, et sont considérées comme un précurseur fondamental du référendum de janvier prochain sur l’indépendance du sud du pays.
Soulignant l’extension de la période de vote, qui renvoie les résultats définitifs à la semaine prochaine, Mgr Adwok partage ses craintes sur le fait que les élections ne puissent respecter les recommandations pour le développement politique du pays prévues dans l’Accord cadre de Paix (Comprehensive Peace Agreement, CPA).
L’Accord, qui a mis fin à plus de 20 années de guerre civile, a établi un pacte temporaire pour le partage du pouvoir entre le gouvernement islamique, basé à Khartoum, et l’Armée de libération du peuple soudanais (Sudan People’s Liberation Army, SPLA), le mouvement rebelle du sud.
« Il est plus que juste de se demander si ces élections apporteront aux personnes la transformation politique promise par le CPA », a commenté l’évêque.
« Quand les résultats seront publiés, il est probable que se vérifient des tensions ou des affrontements entre les parties. Le respect des règles électorales sera certainement mis en discussion », a-t-il ajouté.
« Pour nous ici dans le nord, reconnaît-il, demeure l’impression qu’il manquait des candidats disposés à promouvoir un Soudan multiculturel, plurilingue, pluriracial, multiethnique et multireligieux, comme le prévoit la Constitution ad interim ». « La population veut l’unité dans la diversité ».
Bien que le retrait du Parti de libération du peuple soudanais (Sudan People’s Liberation Movement, SPLM) soit à l’origine du désordre dans le nord du pays, a-t-il rapporté, les électeurs sont disposés à voter.
« L’attitude de la population montre bien que chacun veut ces élections. Chacun aspire à une vraie transformation démocratique après des années de dictature militaire dans le nord. Pour le sud, on veut la liberté de décider de son propre destin lors du référendum de 2011 ».
« Ces élections sont un test avant le référendum, a conclu Mgr Adwok. Elles nous permettront de mesurer les compétences des candidats qui seront élus durant la période qui conduit à la consultation de janvier ».