ROME, Mardi 13 avril 2010 (ZENIT.org) – L’évangélisation le dessin, la guitare et.. la raison ! Brunor ne cesse pas de surprendre avec ses « indices pensables ». Après le succès de son album « Le Mystère du soleil froid », voilà son « Monsieur Vincent- La vie à sauver », mais aussi un nouveau CD avec le groupe Ararat, qu’il présente tous les deux aux lecteurs de Zenit.
Brunor est marié, père de quatre enfants de 24 à 17 ans, qu’il nourrit avec des dessins pour la presse, l’édition et la communication d’entreprise. Il a été responsable des pages BD de l’hebdo Tintin-Reporter. Il réalise des albums BD sous forme d’enquêtes pour rendre accessibles des sujets réputés difficiles comme la philo, les sciences, et la théologie. Il écrit et compose des chansons pour communiquer directement avec des publics variés et poursuit ces démarches en peinture et sculpture.
Zenit – Brunor, sous quel angle aimez-vous être présenté ?
Brunor – Mon métier étant de communiquer par le dessin et la Bd, je suis heureux de préciser que j’aime communiquer des choses qui ne sont pas très à la mode, mais qui s’avèrent essentielles. Comme ces indices sur l’existence de Dieu que je suis tellement heureux de partager à ceux qui cherchent, croyants ou non, car je viens de les découvrir et je ne peux pas les garder pour moi.
Zenit – Vous avez participé au Salon d’Angoulême: quels souvenir de ce grand rendez-vous dans cette capitale de la BD ?
Brunor – Depuis 23 ans, à Angoulême je contribue a animer avec d’autres dessinateurs et les efficaces « bédévoles », une dynamique oecuménique rare qui consiste à assembler les forces des différents courants chrétiens pour une présence au milieu de ce festival qui attire des dizaines de milliers de visiteurs. En visitant nos expos gratuites, beaucoup d’agnostiques découvrent ainsi une réflexion intelligente sur le Christ et le Créateur, certains repartent donc différents.
Zenit – Pour ceux qui ne les connaissent pas encore: quel est « l’itinéraire » que vous proposez d’un album à l’autre?
Brunor – Ma démarche est toujours celle de l’enquête. Elle a le mérite d’apporter au lecteur des informations précieuses, vérifiables, pour avancer dans une réflexion, ou pour la mettre en route si elle était restée bloquée par tel ou tel malentendu vis-à-vis de l’Eglise ou de son histoire…
« Je ne suis pas chargé de vous convaincre, mais de vous le dire » comme disait Bernadette de Lourdes.
Je ne cherche pas à convaincre par des « preuves de l’existence de Dieu », mais je tâche de dire des indices sur Dieu. Il y en a de plus en plus, grâce aux progrès dans la connaissance de l’univers et de l’homme.
Les papes Jean-Paul II, et Benoit XVI ont rappelé aux catholiques que Foi et Raison marchent ensemble, à nous de traduire cette réalité trop oubliée dans nos albums, nos dessins, et même nos chansons, car nous pouvons rejoindre nos contemporains dans une réflexion ou la raison conduit à la possibilité foi.
Zenit – Pouvez-vous donner un exemple de ces indices pour la raison ?
Brunor – Dans mes rencontres avec des jeunes je réalise à quel point nos jeunes chrétiens sont envoyés « tout nus » dans leurs cours de récréation, leurs cafétérias, absolument désarmés pour répondre aux questions de leur entourage fermé ou hostile au Christ et à l’Eglise.
Même les adultes, quand nous osons aborder des thèmes chrétiens avec nos amis ou proches sceptiques, nous sommes si souvent démunis. Nous voyons nos interlocuteurs se fermer dès que nous employons l’incontournable vocabulaire religieux. Comment parler du Christ sans employer des mots comme évangile, apôtres, disciples, Notre Dame, la Sainte Vierge, Lourdes, etc ?
C’est aussi pour cela que les enquêtes à partir de remarques scientifiques accessibles à tous sont précieuses.
Pour dialoguer sur ce vocabulaire commun, il suffit d’avoir compris, par exemple, que le petit peuple Hébreu est un peu comme le village gaulois bien connu : tout le monde autour d’eux s’imagine que le soleil est un dieu éternel. Les Sumériens, Babyloniens, Perses, Egyptiens, Grecs, Romains… Tous ? Non : les seuls à refuser cette croyance depuis plus de 3000 ans, c’est l’irréductible petit peuple Hébreu qui affirme que le soleil n’est pas un dieu, mais… un lampadaire !
Tant que personne ne peut vérifier, cette question reste dans le domaine des options philosophiques ou des croyances religieuses.
Et c’est le plus fort qui a raison. Jusqu’au jour où l’on connaît enfin la vérité à ce sujet.
La science vient au secours de la vérité et que dit-elle ? Le soleil est un lampadaire qui a commencé de fonctionner depuis 4,5 milliards d’années et qui s’éteindra dans 4,5 milliards d’années.
Les progrès dans la connaissance confirment que les prophètes (qui ne prétendaient pas faire un traité scientifique, certes, mais qui abordaient là un sujet vérifiable par l’astrophysique du XX° s.) avaient raison 3000 ans à l’avance. Est-ce un coup de chance ? Poursuivons notre enquête dans l’album qui offre ainsi bon nombre d’indices communicables sans faire fuir nos interlocuteurs (« Le mystère du soleil froid »).
Zenit – Comment résumer votre démarche d’évangélisation par la raison ?
Brunor – Je ne cherche pas à prouver Dieu, mais à montrer que le Créateur dont parlent les prophètes et le Christ n’est pas incompatible avec notre connaissance de l’univers et de l’homme qui ne cesse de progresser. C’est déjà beaucoup, car nos contemporains s’imaginent généralement que c’est le contraire. Comme si « la foi » était une option de croyance indépendante du réel, une foi qui n’aurait pas de fondement dans l’expérience. Alors que Dieu ne demande pas de « croire aveuglément » mais de lui faire confiance en « vérifiant », en « se souvenant », en « réfléchissant ». Quand Jésus gronde ses disciples pour leur manque de foi, il leur reproche d’être « sans intelligence »… On voit comme la Bible est remplie de ces appels à la mémoire, l’analyse, l’intelligence, qui est un don de Dieu.
Zenit – Vous allez au contact des jeunes avec votre guitare: comment conciliez-vous ces deux aspects de votre vie, la réflexion et le dessin, qui supposent un certain retrait du brouhaha du monde et ce contact avec les nouvelles générations ?
Brunor – Justement c’est une alternance très féconde. Les demandes d’interventions dans des lycées, aumôneries, paroisses, Art-Culture et Foi, festivals, me permettent de ne pas perdre contact avec des jeunes de milieux très divers et d’entendre leurs questions réelles à propos de Dieu, du mal, etc. et d’en tenir compte pour aborder ces thèmes dans mes albums ou dans de nouvelles chansons. Je viens de sortir un nouveau CD avec le groupe Ararat où plusieurs chansons abordent le thème de la mort. Car on nous en a fait la demande pour des célébrations. C’est un service que d’aborder ce thème qui n’a rien de « vendeur ». Il s’agit de dire avec poésie l’espérance qu’apporte le Christ, sans nier la déchirure de la séparation, tout en restant audible par des agnostiques si on ne veut pas se couper d’eux. (« La poussière des années lumière », Editions du Fresne) Je n’interviens jamais sans ma guitare lors de mes conférences sur les indices que la science apportent pour la foi.
Zenit – Quels sont vos projets : album et rencontres ?
Brunor – Après « Le Mystère du soleil froid », qui suscite des réactions très favorables : au festival de Pâques à Chartres, les gens achetaient un album et l’ayant lu, revenaient le lendemain en acheter encore pour offrir à leurs filleuls, petits enfants… Je prépare le deuxième album de cette série des « indices pensables », qui va aborder un sujet
épineux : Bible et évolution. Il est temps de comprendre que c’est le même Créateur a procédé par étapes « montantes » pour arriver jusqu’à aujourd’hui, et qui a « Révélé certains de ses secrets à ses serviteurs les prophètes ». Comme l’a souligné Benoît XVI aux Bernardins : « La Création n’est pas encore achevée ». Elle se poursuit depuis plus de 13 milliards d’années. Du point de vue scientifique c’est ce qu’on appelle à juste titre « évolution ». Mais l’évolution n’est pas une explication, c’est un constat qu’il faut expliquer, comme le rappelle le Cardinal Schönborn.
Un autre album bd est en train de sortir en librairie : « Monsieur Vincent – La vie à sauver » (Ed Edifa-Mame) pour l’anniversaire de cet apôtre de la Charité, qui permet de mieux comprendre les enjeux du concile de Trente et le drame du Jansénisme naissant qui niait la participation de l’homme à son salut.
Zenit – Où peut-on faire connaissance avec Brunor ?
Brunor – Sur mon site www.brunor.fr et en m’invitant à venir parler de mes livres. Un gros dossier de coupures de presse est accessible sur le site de France Catholique http://www.france-catholique.fr/IMG/pdf/BrunorLivrePresse1.pdf
Propos recueillis par Anita S. Bourdin