ROME, Vendredi 2 Avril 2010 (ZENIT.org) – Appelé au service de Jean-Paul II pour seconder le premier secrétaire du pape, Stanislas Dziwisz, Mieczyslaw Mokrzycki, plus connu sous le nom de Mietek ou Mieciu (le surnom que lui donnait le pape), a livré d’émouvants souvenirs de son quotidien auprès du pape polonais.
Dans un livre-entretien intitulé Le mardi était son jour préféré. Dans l’intimité de Jean-Paul II, paru en mars aux Editions des Béatitudes, il évoque ses journées auprès du pape, ponctuées par la prière – « sa nature, son quotidien », les audiences privées (il évoque sa rencontre avec Ali Agça, avec Yasser Arafat, Fidel Castro, qui lui fit une forte impression), les voyages (de son premier voyage en Pologne à son dernier à Lourdes).
Un quotidien ponctué aussi de « fort nombreux » moments de détente et de rire, des chants que Jean-Paul II connaissait « par cœur », et des visites d’amis de Pologne dans une ambiance « alors très familiale et chaleureuse ». Sans oublier cette journée du mardi, « le jour de la semaine qu’il préférait » et qu’il consacrait à des excursions en montagne.
A plusieurs reprises, Don Mietek évoque cette « force » qui « émanait du Saint-Père : la sainteté ». « Lorsqu’il marchait à travers la foule, j’avais l’impression que Dieu marchait avec lui. Comme si l’ombre de Dieu passait à côté », confie-t-il.
Dans ce long témoignage, l’ancien second secrétaire du pape, aujourd’hui archevêque de Lviv en Ukraine, livre aussi le récit des derniers jours de Jean-Paul II dont nous publions un extrait ci-dessous.
Brygida Grysiak : Avez vous fait vos adieux au pape ?
Mgr Mokrzycki : Il était environ 16 heures. Nous savions que ses forces l’abandonnaient. Nous nous sommes seulement approchés du Saint-Père, nous lui avons baisé la main, l’anneau. Et chacun de nous disait au Saint-Père ce qu’il voulait lui dire pour terminer. Cela pouvait être « merci », « que Dieu vous bénisse pour tout », ou tout simplement « je vous prie de le bénir ».
Brygida Grysiak : Et vous qu’avez vous dit ?
Mgr Mokrzycki : Je lui ai dit : « Merci pour tout Saint-Père » et « je vous prie de me bénir ».
Brygida Grysiak : Le Saint-Père vous a-t-il répondu quelque chose ?
Mgr Mokrzycki : Non, il m’a seulement regardé. Un regard tellement serein et conscient. De la main, il a tracé le signe de bénédiction. Il n’y avait aucune trace de désespoir en lui. Comme s’il voulait dire : « n’ayez pas de chagrin », « n’aie pas de chagrin, Mieciu ». Il était comme d’habitude. Et c’est cela qui était très difficile pour moi. Car d’une part, je ne voulais pas montrer que c’étaient les adieux, que c’était la fin, je ne voulais pas de cette atmosphère, et d’autre part, nous avions tous besoin d’une parole, d’un geste. Un homme croyant sait que c’est le début d’une vie meilleure, mais lorsqu’il fait ses adieux à quelqu’un qu’il aime, à quelqu’un de tellement proche, il lui est difficile d’y penser sans tristesse, sans chagrin.
Brygida Grysiak : Quelle était l’expression de son visage ?
Mgr Mokrzycki : Il était serein. Son visage n’était pas celui d’un vieillard, il n’était pas ridé. Jusqu’à la fin, le visage du Saint-Père est resté beau, intact, lisse.
Brygida Grysiak : Etait-il beau lorsqu’il entra en agonie ?
Mgr Mokrzycki : Oui, son visage rayonnait. Parfois, nous avions vu le Saint-Père dans les moments particulièrement difficiles de sa maladie. Il avait alors sur son visage des rides et des grimaces. Puis, juste avant la fin, son visage s’est transformé. Il n’était ni ridé, ni pâle.
Brygida Grysiak : C’est ainsi que meurent les saints…
Mgr Mokrzycki : C’est vrai. Dieu conserve leur corps intact, avec un visage lumineux. C’est ainsi que Jean-Paul II a quitté ce monde.
© Extrait du livre « Le mardi était son jour préféré ». Editions des Béatitudes, 2010, 168 pages.