ROME, Jeudi 1er avril 2010 (ZENIT.org) – « Dans notre pays démocratique, les chrétiens sont encore des citoyens à part entière, il n’est pas certain qu’ils le soient dans le traitement de l’information », a fait observer le cardinal André Vingt-Trois mercredi, 31 mars, à Notre-Dame de Paris, dans son homélie pour la Messe Chrismale (cf. Documents pour le texte intégral).
Une offensive pascale des media
« Au moment où nous entrons dans la célébration du Triduum Pascal, notre Église est mise en accusation à la face des hommes. Elle est chargée des péchés du monde. Au mépris de la réalité des faits, dont nul ne conteste l’horreur et le scandale qu’ils ont pu causer, on s’emploie à faire endosser à notre Église, -et en particulier à ses prêtres- la responsabilité morale des actes de pédophilie qui ont été commis depuis plusieurs dizaines d’années », a constaté l’archevêque de Paris, président de la conférence des évêques de France.
Il a aussi constaté que la pédophilie est hélas un fléau qui atteint les relations familiales. Il fait aussi observer que les faits sont déjà connus et met en cause l’information : « Ressortir des faits anciens et connus depuis longtemps comme des révélations nouvelles donne beaucoup à penser sur l’honnêteté intellectuelle des informateurs et suffit à dévoiler leur véritable objectif : faire peser le doute sur la légitimité morale de l’Église ».
L’archevêque de Paris ne met pas en cause « la réalité des actes de pédophilie » et surtout ne veut pas oublier « la souffrance, souvent irréparable, des victimes ».
Il cite ses interventions à Lourdes, lors de la récente Assemblée plénière de l’épiscopat français : « Nous sommes plongés dans la honte et le désarroi. Nous nous joignons aux regrets exprimés par le Pape dans sa lettre aux catholiques irlandais ».
Confiance dans leur fidélité
Il affirme en même temps : « Nous ne sommes pas prêts à laisser jeter l’opprobre sur l’ensemble des vingt mille prêtres et religieux de France ».
Et de citer un autre chiffre : « De ceux-ci, une trentaine de prêtres et de religieux purgent la peine à laquelle ils ont été condamnés, conformément à la loi ».
« C’est beaucoup trop, ajoute immédiatement l’archevêque de Paris, mais ce n’est pas un phénomène massif. L’immense majorité des prêtres et des religieux de notre pays vivent avec joie leur engagement au service de l’Évangile. Je n’en doute pas. Nous n’en doutons pas et nous avons confiance en leur fidélité ».
Il n’hésite pas à parler « d’offensive » pour « déstabiliser le Pape, et à travers lui l’Église ».
Mais, il avertit que «cela « ne doit cependant pas nous masquer nos faiblesses et nos fautes éventuelles ».
Il analyse le conteste actuel et en appelle à la responsabilité des baptisés: « Notre société qui vit dans l’exhibition du sexe sans limite nous oblige à être plus que jamais vigilants et modestes dans nos manières de vivre. Chers frères et sœurs, prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs, nous ne sommes que des êtres humains et nous ne devons jamais vivre dans la présomption que nous sommes au-dessus des tentations ordinaires. Mais cette prudence ne doit pas nous transformer en coupables potentiels dans toutes nos relations ».
Le dynamisme missionnaire
Il décrypte cette « offensive des médias audiovisuels qui célèbrent Pâques à leur manière en concentrant sur les soirées de la Semaine Sainte leurs capacités critiques sur l’Église et la foi chrétienne ».
Il craint pour « tous ceux qui sont les moins informés et les moins impliqués dans la vie de notre Église » et qui « seront bombardés d’émissions qui se présentent comme « critiques » et qui ne sont que des opérations de propagande, et même de propagande grossière ».
« Dans notre pays démocratique, les chrétiens sont encore des citoyens à part entière, il n’est pas certain qu’ils le soient dans le traitement de l’information », fait remarquer le cardinal Vingt-Trois.
Mais à la lumière des fêtes pascales, il invite à ne pas s’étonner d’un tel traitement : « Nous y avons été préparés par le Seigneur lui-même : « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son Seigneur, etc. » (Mt 10, 24).
Et après avoir expliqué la signification de la messe chrismale il invite à l’action de grâce : « Pour cette vitalité de l’Evangile nous rendons grâce à Dieu qui continue d’ouvrir « aux païens la porte de la foi. » (Act. 14, 27) ».
Pour encourager ce « dynamisme missionnaire », l’archevêque de Paris a « appelé le diocèse de Paris à vivre pendant trois années le programme : « Paroisses en mission » », avec pour « objectif » : « Ne pas dissocier notre vie sacramentelle, dont l’Eucharistie dominicale est le centre, de la mission globale de l’Église en ce monde ».
Pour les prêtres et les futurs prêtres
A la fin de son homélie, avant qu’ils ne renouvellent leurs promesses sacerdotales, l’archevêque encourage plus spécialement les prêtres : « Un message d’amitié d’abord et un message d’encouragement. La semaine prochaine plus de deux cents quatre-vingt d’entre nous iront en pèlerinage à Ars pour célébrer le cent cinquantième anniversaire de la mort du saint Curé. Nous n’avons pas l’illusion de reproduire la vie et la pastorale du curé d’Ars à Paris au XXIème siècle. Mais nous avons l’espérance que l’exemple de sa sainteté nous fortifiera dans notre responsabilité présente au service de l’Église. Je sais, par expérience, qu’il n’est pas facile tous les jours d’être prêtre à Paris. Mais je sais aussi que notre ministère est source de grandes joies. Et je pense avec une affection particulière à ceux d’entre nous qui sont atteints par l’âge ou la maladie et à ceux qui ont accepté de partir en mission hors du diocèse ».
Il mentionne deux prêtres présents dans la cathédrale, « ordonnés il y a juste soixante et soixante-cinq ans ! », ainsi que Mgr Jacques Benoit-Gonnin qui « vient d’être nommé évêque de Beauvais, Noyons et Senlis, et est encore pour quelques jours curé de la paroisse de La Trinité ».
Enfin, il rappelle que les ordinations du 26 juin seront l’occasion d’un « grand rassemblement diocésain », avec écrans géants sur le parvis et « les jardins attenants serviront pour que le fête se poursuive autour des nouveaux prêtres ».
Plus encore « ce rassemblement sera précédée d’une semaine de manifestations, de prière et de réflexion dans différents lieux du diocèse ».
Enfin, à la fin de la prière d’intercession, l’archevêque a demandé à l’assemblée de dire avec lui une prière distribuée à chacun et « qui pourra être le support de [la] prière pour les prêtres dans les semaines et les mois qui viennent ».
Son homélie s’est achevée par un encouragement aussi aux jeunes et tous « ceux qui souhaitent répondre » à l’appel du Christ.
Anita S. Bourdin