ROME, Vendredi 26 mars 2010 (ZENIT.org) – Dieu invitait le prêtre Jérémie qui s’apitoyait sur son sort, à la conversion. Le Christ fait de même aujourd’hui avec ses prêtres. En cette période de crise provoquée par les révélations d’abus sexuels à travers le monde, le Christ rappelle au prêtre qu’il connaît ses « épreuves » et sa « pauvreté » mais que s’il « reste fidèle », il lui donnera « la couronne de vie ».
C’est ce qu’a affirmé en substance le P. Raniero Cantalamessa, ofmcap, prédicateur de la Maison pontificale, dans sa troisième prédication de Carême, prononcée ce vendredi matin, en présence du pape Benoît XVI et de la curie romaine, dans la chapelle Redemptoris Mater, au Vatican.
« Quelle est la réponse de Dieu au prophète et prêtre en crise ? Non pas ‘Mon pauvre petit, tu as raison, comme tu es malheureux !’ », mais « ‘Si tu reviens, et que je te fais revenir, tu te tiendras devant moi ; si de ce qui est vil tu tires ce qui est noble, tu seras comme ma bouche » (Jr 15, 19). En d’autres termes : conversion ! », a déclaré le P. Cantalamessa.
Après avoir expliqué, dans les prédications précédentes, que le ministère sacerdotal est d’abord un don, une grâce, le prédicateur de la Maison pontificale a expliqué quel est le devoir, l’appel « qui jaillit de ce don ». Cet appel, c’est « la conversion ».
Il invite les prêtres à un examen de conscience, citant la Lettre de Benoît XVI pour l’indiction de l’Année sacerdotale dans laquelle le pape propose le saint Curé d’Ars comme modèle de pauvreté sacerdotale. « ‘Il était riche pour donner aux autres, et bien pauvre pour lui-même’. Son secret, c’était ‘de tout donner et de ne rien garder’ », a-t-il expliqué.
Le P. Cantalamessa a mis en garde contre la tentation de l’argent, du confort, de s’approprier la foi et tout décider, au lieu d’être plutôt des « coopérateurs de la joie des gens ». Il a mis en garde contre la tiédeur en disant : « La tiédeur d’une partie du clergé, le manque d’ardeur et l’inertie apostolique : voilà, je crois, ce qui affaiblit l’Eglise, plus encore que les scandales occasionnels de quelques prêtres qui font davantage de bruit, mais contre lesquels il est plus facile de prendre des mesures ».
Le prédicateur capucin a rappelé que Dieu connaît les « épreuves » et la « pauvreté » du prêtre mais qu’il l’invite à la fidélité et à l’espérance car s’il « reste fidèle jusqu’à la mort » Dieu lui donnera « la couronne de vie » (Lettre de saint Paul à l’Eglise de Smyrne).
Il a poursuivi en expliquant que si le prêtre sait chercher l’approbation de Dieu et non celle des hommes « ce sera le monde qui cherchera (sa) faveur ».
« Je ferai de toi, pour ce peuple-là, un rempart de bronze fortifié », a-t-il déclaré en citant les paroles de Dieu au prophète Jérémie, et en ajoutant : « cette parole s’adresse maintenant à vous, Saint-Père ». « Ils lutteront contre toi, mais ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi » (Jr 15, 19-20), a-t-il ajouté.
Il a poursuivi en soulignant que « le Christ souffre plus que nous de l’humiliation de ses prêtres et de l’affliction de son Eglise ». « S’il le permet, a-t-il dit, c’est parce qu’il connaît le bien qui peut en sortir, en vue d’une plus grande pureté de son Eglise. Si elle fait preuve d’humilité, l’Eglise sortira plus resplendissante que jamais de cette guerre ! L’acharnement des médias – nous le voyons aussi dans d’autres cas – finit à la longue par obtenir l’effet contraire à celui qu’ils désiraient ».
Il a conclu en rappelant que l’invitation du Christ : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai », s’adresse aujourd’hui à ses prêtres.
« Le plus beau fruit de cette année sacerdotale sera un retour au Christ, un renouvellement de notre amitié avec lui. Dans son amour, le prêtre trouvera tout ce dont il est humainement privé et ‘cent fois plus’, selon sa promesse », a-t-il affirmé.
Il a exhorté le prêtre à remercier Dieu pour son sacerdoce en disant : « Merci Seigneur, parce que un jour tu nous a séduits, merci parce que nous nous sommes laissés séduire, merci parce que tu nous donnes la possibilité de revenir à toi et tu nous rattrapes après chaque tentative de fuite. Merci parce que tu nous confies « la garde de tes parvis » (Za 3, 7) et tu fais de nous « ta bouche ». Merci pour notre sacerdoce ! »
[Le texte intégral de la prédication du P. Cantalamessa est disponible dans la section « Documents »]Gisèle Plantec