Le P. Michel Remaud, lauréat du Prix de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France

« Une bonne nouvelle pour ceux qui ont à cœur le rapprochement entre chrétiens et juifs »

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ROME, Lundi 15 mars 2010 (ZENIT.org) – Le Père Michel Remaud, directeur de l’Institut Chrétien d’Études Juives et de Littérature Hébraïque (Institut Albert Decourtray, Jérusalem), est le lauréat 2010 du Prix de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France.

Après Armand Abécassis en 2009, le 8 mars 2010, le Comité Directeur de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France a en effet élu le Père Michel Remaud pour 2010.

Le Prix de l’AJCF lui sera remis en octobre prochain, à une date qu’il reste encore à déterminer, en présence de nombreuses personnalités juives et chrétiennes.

Depuis 1988, l’AJCF décerne un Prix à une personnalité, juive ou chrétienne, qui a œuvré pour le dialogue judéo-chrétien.

Le P. Remaud a confié à Zenit ses premières réactions et ses réflexions à ce sujet.

Zenit – P. Remaud, quelle a été votre réaction à la nouvelle de l’attribution de ce Prix de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France vous, prêtre catholique, engagé depuis longtemps dans l’étude du judaïsme et le dialogue?

P. Remaud – D’abord de surprise totale ! Aucun indice, dans les semaines ou les jours précédents, ne m’avait mis la puce à l’oreille, et il m’a fallu quelque temps pour reprendre mes esprits après avoir raccroché le téléphone lorsque j’ai été informé de la décision de l’AJCF de m’accorder ce prix.

Ensuite, le sentiment que le signe dépasse largement la personne qui le reçoit. Le ton général des messages qui me parviennent montre que ce choix est une bonne nouvelle pour ceux qui m’écrivent et qui ont à cœur le rapprochement entre chrétiens et juifs.

Zenit – Selon vous, qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

P. Remaud – Autant que je puisse l’interpréter, ce choix confirme la nécessité d’un travail multiforme dans ce domaine.nIl illustre d’abord l’importance d’un travail de fond pour établir sur des bases théologiques solides la relation renouvelée de l’Église au peuple juif – travail auquel j’ai essayé d’apporter une contribution. Il faut aussi faire découvrir par les chrétiens la parenté qui unit le Nouveau Testament à son milieu d’origine, et les amener à comprendre que cette parenté littéraire est le signe d’une autre parenté, de nature théologique, entre nos deux communautés.

Zenit – Cela suppose encore un grand travail de formation et d’information…

P. Remaud – Effectivement, il y a, d’abord, ou en même temps, tout un travail d’information pour corriger les idées fausses, dénoncer éventuellement les mensonges ou les déformations des faits, faire connaître ce qui peut amener les chrétiens à mieux apprécier le monde juif en général et le monde israélien en particulier, et mettre en lumière, sans rien dissimuler de la vérité, ce qui peut donner des juifs une autre image que celle qui est malheureusement trop répandue.

Zenit – Les instructions de Rome sur la catéchèse de 1975 et 1985 ne semblent pas avoir été suivies d’effet ?!

P. Remaud – En 1973 déjà, le comité épiscopal français écrivait, dans son document intitulé « L’attitude des chrétiens à l’égard du judaïsme » : « Le juif mérite notre attention et notre estime, souvent notre admiration, parfois certes notre critique amicale et fraternelle, mais toujours notre amour. C’est peut-être ce qui a le plus manqué et ce en quoi la conscience chrétienne a été le plus coupable. » Près de quarante ans après cette déclaration, ce devoir d’établir et de maintenir la confiance demeure la priorité.

Propos recueillis par Anita S. Bourdin

Michel Remaud est né en 1940 en Vendée. Membre de la Congrégation des Fils de Marie Immaculée (FMI), il est ordonné prêtre le 16 juillet 1966. Après diverses responsabilités en France, il est depuis 1985 en Israël. Enseignant à l’Institut Pontifical Ratisbonne à Jérusalem de 1986 jusqu’à sa fermeture en 2001, il a créé depuis l’Institut Français Albert-Decourtray d’Études Juives à Jérusalem, aujourd’hui l’Institut Chrétien d’Études Juives et de Littérature Hébraïque, dont il est le directeur.

Diplômes :

– Doctorat en théologie sur « Le ‘mérite des pères’ dans la tradition juive ancienne et dans la liturgie synagogale », soutenue le 12 janvier 1993, à l’Institut Catholique de Paris. Mention : Très Bien.

– Licence ès-sciences sociales

– Licence d’histoire

Principales publications :

– Chrétiens devant Israël, Serviteur de Dieu, éd. du Cerf, 1983.

– Le Midrash, (en collaboration avec Eliane Ketterer), Supplément aux Cahiers Évangile, Cerf, 1992.

– A cause des pères. Le ‘mérite des Pères’ dans la tradition juive, Paris et Louvain, Peeters, 1997 (sa thèse).

– Chrétiens et Juifs entre le passé et l’avenir, Lessius, 2000.

– Évangile et tradition rabbinique, Lessius, 2003.

– Le Judaïsme, éd. Fidélité, 2003.

– L’Église au pied du Mur, éd. Bayard, 2007.

Il est l’un des rédacteurs du site « Un Echo d’Israël ».

Le n° de mars 2010 de Sens a publié deux conférences récentes :

– Faut-il être juif pour lire le Nouveau Testament ?

– Le sens d’une solidarité.

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ZENIT Staff

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