ROME, Jeudi 4 mars 2010 (ZENIT.org) – Après s’être penché attentivement sur la question, un groupe de catholiques d’Osaka est arrivé à la conclusion que les conditions de vie du clergé à la retraite ne sont pas satisfaisantes, indique « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris.
Faiblesse des ressources financières et insuffisance des structures d’accueil se combinent pour dessiner un paysage peu enthousiasmant, dont l’état va en se dégradant à mesure que les départs à la retraite se multiplient.
« Dans les cinq ans à venir, le nombre des religieuses et des prêtres âgés va exploser, explique le docteur Hitomi Shigeki, vice-président de la l’Association médicale catholique du Japon. Pour ce qui concerne les religieuses, on constate que les structures adaptées à l’accueil des sœurs âgées sont inexistantes ou très insuffisantes. A l’heure actuelle, ce qui se passe, lorsqu’une religieuse atteint l’âge de la retraite, est qu’elle reste vivre dans sa communauté ou son couvent. Ce sont ses collègues qui s’occupent d’elles, ce qui revient en fait à voir ‘les vieux s’occuper des vieux’. La situation ne pourra qu’aller en s’aggravant dans les années à venir. »
Pour les prêtres et les religieux, la situation n’est pas tellement plus satisfaisante, poursuit le docteur Hitomi, 73 ans. Il existe bien des maisons de retraite pour prêtres et religieux mais les listes d’attente pour y être admis sont terriblement longues. Ils pourraient aller vivre dans des maisons de retraite classiques, médicalisées ou non, mais les frais de pension sont très supérieurs aux ressources dont ils disposent.
Dans l’archidiocèse d’Osaka, un prêtre en activité perçoit une indemnité mensuelle d’environ 130 000 yens (1 070 euros). Une fois à la retraite, son niveau de vie est maintenu par une allocation, versée par le diocèse, de 80 000 yens et une pension de retraite de quelque 50 000 yens (1). Toutefois, les frais médicaux, qui ne sont pas pris en charge dans leur totalité par les systèmes d’assurance santé (2), peuvent atteindre jusqu’à 400 000 yens par mois pour les patients les plus malades ou diminués par le grand âge. De manière évidente, les prêtres, religieux et religieuses n’ont, le plus souvent, pas les moyens de faire face aux frais induits par la retraite.
Pour tenter de remédier à cette situation, un groupe de catholiques, composé de médecins, d’infirmières et de travailleurs sociaux, s’est monté à Osaka. Un voyage d’étude a été mené à la fin de l’année dernière pour visiter la Villa Nibuno, sise à Himeji, dans la préfecture de Hyogo (Kobe). Construite il y a huit ans, cette villa est le fruit d’un partenariat entre l’archidiocèse d’Osaka et des congrégations religieuses, auquel s’est adjoint un peu plus tard le diocèse de Kyoto. A ce jour, les onze résidents de la Villa Nibuno sont tous des prêtres âgés, dont les frais de santé sont couverts par une assurance maladie. Les soins y sont dispensés par les infirmières de l’Hôpital Sainte-Marie, installé dans la ville de Himeji et géré par les Religieuses hospitalières de Saint-François. Les conclusions du voyage d’étude sont que la solution mise en œuvre à Himeji n’est pas idéale, explique le docteur Hitomi. « La Villa Nibuno n’est pas une maison médicalisée. Légalement, elle est un centre résidentiel comme un autre et les soins qui y sont dispensés sont considérés comme relevant des soins à domicile, une catégorie de soins pour lesquels les remboursements des assurances santé sont faibles », poursuit-il.
De retour à Osaka, le groupe de catholiques est arrivé à la conclusion qu’il est nécessaire de réunir des fonds pour venir en aide au clergé âgé. Pour cela, il a prévu de faire appel à la générosité des paroissiens, ce qui devrait permettre d’embaucher des aides médicales. Par ailleurs, la section d’Osaka de l’Association médicale catholique du Japon étudie la possibilité de nommer dans chaque paroisse un médecin référent dont la tâche serait de conseiller les prêtres et les religieuses en matière de santé. Enfin, il a été décidé d’agir sur un plan préventif : les prêtres actifs ou en situation de retraite se verront prochainement conseiller d’améliorer leur régime alimentaire ; des fonds devraient être débloqués pour permettre aux prêtres de bénéficier des services de cuisinières attentives à préparer des repas équilibrés.
Le docteur Hitomi explique : « Je crains que, lorsque des parents entendent leur fils leur dire qu’il souhaite devenir prêtre, ceux-ci prennent peur s’ils savent que les vieux jours de leur fils ne sont pas assurés. Se soucier de l’avenir des prêtres et mettre en place les mesures nécessaires à faire de leurs vieux jours une période heureuse contribuera à favoriser les vocations. »
(1) La retraite des prêtres âgés au Japon varie en fonction de ce qu’ont été leurs activités. Ainsi, ceux qui ont été enseignants ou directeurs de jardin d’enfants (yochien) et de crèche (hoikuen) bénéficient de retraites correctes. De plus, les situations varient d’un diocèse à l’autre. Ainsi, le diocèse d’Osaka est par exemple, depuis ses choix et engagements après le tremblement de terre de Kobe (1995), est dans une situation plus fragile que d’autres.
(2) Le système de santé au Japon est organisé sur une base départementale, et non nationale. La couverture qu’il offre varie donc d’un département à l’autre. D’une manière générale, la couverture est d’autant plus forte que la personne est âgée.
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