ROME, Mardi 23 février 2010 (ZENIT.org) - « Eduquer signifie habiliter à la capacité de juger et de choisir », a déclaré jeudi dernier, le secrétaire général de la conférence épiscopale italienne (CEI), Mgr Mariano Crociata, lors de la messe d'ouverture du congrès national sur la pastorale scolaire, qui s'est achevée le 20 février dernier.
La rencontre, organisée par le bureau national pour l'éducation, l'école et l'université de la CEI avait pour thème : « La pastorale de l'école face à l'instance éducative ».
« Eduquer signifie accompagner et conduire à élaborer la capacité de distinguer, donc à juger et choisir », a poursuivi Mgr Crociata dans son homélie, dont les propos sont rapportés par l'agence SIR.
« En cela, a-t-il souligné, réside une grande leçon, hélas souvent dramatiquement oubliée, pour ne pas dire refoulée ou rejetée, car il n'est pas rare d'entendre dire que la personne se forme en suivant un mouvement spontanéité, autonome et incontrôlée, privée de jugement et de points de référence ».
Toutefois, a-t-il précisé « il ne saurait y avoir croissance et maturité humaine, ni réalisation sociale et professionnelle, sans le prix de la fidélité, de la fatigue et du travail assidu et onéreux, sans la capacité à se sacrifier et à renoncer à quelque chose de soi ou, tout simplement, à soi-même ».
Lors de l'ouverture des travaux du congrès, jeudi soir, le secrétaire de la commission épiscopale pour l'éducation catholique, l'école et l'université, Mgr Michele Pennisi, a soulevé la nécessité de « revendiquer la liberté d'éducation non comme une bataille pour défendre des privilèges confessionnels, mais comme une bataille civile qui garantisse un vrai pluralisme et une vraie laïcité, en valorisant des écoles paritaires catholiques ou d'inspiration chrétienne comme un lieu d'éducation pour la société civile, essentiel pour le bien commun ».
L'évêque de Piazza Armerina a jugé quant à lui, « inacceptable » la thèse selon laquelle « l'école publique serait un monde séparé et étranger à la mission propre à la communauté chrétienne, qu'il s'agisse d'une école agréée ou civile, fondée sur l'autonomie et donc ouverte au territoire ».
L'évêque a ensuite sollicité plus de soutien de la part des autorités civiles et des institutions locales, affirmant que « l'apport des enseignants de religion, le service des écoles paritaires et des centres de formations professionnelles d'inspiration chrétienne, sont des points de force du système d'éducation, comprenant l'instruction et la formation ».
Pour sa part, le père Cesare Bissoli, professeur émérite de catéchèse biblique à l'université pontificale salésienne, est intervenu vendredi pour rappeler que « Jésus n'a jamais fait le gourou solitaire », mais que c'était « vraiment un homme du peuple, ou plutôt de chaque homme, souvent pauvre, marginal et exclu » et qu'« il s'est toujours occupé de l'individu, tout en rencontrant les masses ».
Le bibliste, intervenu sur la figure de l'éducateur dans les Evangiles, a ensuite fait remarquer que le style de Jésus était « un style éducatif », certainement suggestif et attirant, fait de dévotion amoureuse, totale et fidèle, aujourd'hui classé dans la catégorie de l'hospitalité, de « la sainteté hospitalière ».
Pour le père Cesare Bissoli, « dans l'art d'éduquer de Jésus le but est le facteur décisif, il est son héritage majeur, car l'objectif pour lui ne relevait pas de la théorie du bien, à la manière de Kant, mais du visage du Père à révéler aux hommes ».
Après lui, est intervenu le père Riccardo Tonelli, professeur émérite de pastorale des jeunes à l'université pontificale salésienne, qui a parlé d'une « pastorale orientée vers l'intégration entre la foi et la vie » qui a besoin du « support culturel d'une éducation axée sur la maturité humaine ».
« En même temps, a-t-il dit, la pastorale dialogue avec l'éducatif, offrant cette inspiration radicale qui soutient, encourage et analyse la recherche autonome et compétente ».
Nous accueillons habituellement les raisons de sens et d'espérance, les perspectives d'avenir et les invitations à la responsabilité dans le présent, a expliqué le père Tonelli, à travers cette relation qui garantit un dialogue entre les jeunes avec les générations qui les ont précédés ».
Par contre, nous sommes « dans l'urgence » quand cette relation se rompt et nous ne savons plus où aller rechercher les raisons de vivre et d'espérer ».
Mais « pour vivre nous avons besoin au moins de survivre », a-t-il poursuivi : « Et très souvent, ces raisons nous les accueillons du premier venu, de celui qui crie plus fort ou qui a plus de pouvoir pour séduire. Le résultat est celui que nous voyons et qui nous inquiète tant ».
D'où la nécessité, a-t-il conclu, de « reconstruire un profil d'éducation, qui sache imaginer des contenus au service de la vie et de l'espérance, à l'intérieur d'une relation intergénérationnelle renouvelée et reconstruite ».