ROME, Mercredi 17 février 2010 (ZENIT.org) – C’est dans le Cœur du Christ que s’est joué « en termes décisifs et définitifs, tout le drame de la liberté », a expliqué Benoît XVI en ce premier jour de carême.
Le pape a présidé la messe du Mercredi des Cendres en la basilique Sainte-Sabine sur l’Aventin, première des « stations » de carême à Rome. Auparavant, il avait présidé, à 16 h 30, la traditionnelle procession pénitentielle de Saint-Anselme à Sainte-Sabine.
Le cardinal slovaque Jozef Tomko, préfet émérite de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples et titulaire de cette basilique a imposé les cendres à Benoît XVI qui les a imposées, à son tour, aux nombreux cardinaux, dont le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat, le cardinal Agostino Vallini, vicaire de Rome et son prédécesseur et ancien président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Camillo Ruini.
« Dans le Cœur du Christ, c’est-à-dire au centre de sa Personne divino-humaine, s’est joué, en termes décisifs et définitifs, tout le drame de la liberté (…) Grâce à l’action du Christ, nous pouvons entrer dans une justice « plus grande », celle de l’amour (cf. Rm 13, 8-10) », a dit le pape dans son homélie.
Benoît XVI a placé son homélie sous le signe de l’amour en expliquant qu’au fondement de tout l’itinéraire du carême, il y a « la toute puissance d’amour de Dieu, sa souveraineté absolue sur toute créature, qui se traduit par une indulgence infinie, animée d’une volonté de vie constante et universelle. De fait, pardonner à quelqu’un, cela revient à lui dire : je ne veux pas que tu meures, mais que tu vives ; je veux toujours et uniquement ton bien ».
Pour Benoît XVI, les quarante jours passés par Jésus dans le désert de Judée, après le baptême reçu de Jean au Jourdain, « long temps de silence et de jeûne », ont été comme un « baptême », c’est-à-dire une « immersion » dans la volonté du Père : « Ton amour me suffit, je me nourris de ta volonté (cf. Jn 4, 34): cette conviction habitait l’esprit et le cœur de Jésus durant son « carême ». »
Or, a fait observer le pape, « tout ceci, le Seigneur Jésus l’a fait pour nous. Il l’a fait pour nous sauver, et en même temps, pour nous montrer le chemin pour le suivre ».
Mais ce salut, pour atteindre la personne humaine, sollicite l’adhésion de sa liberté : il requiert, dit le pape, « mon consentement, un accueil démontré dans les faits, c’est-à-dire dans la volonté de vivre comme Jésus, de marcher derrière lui ».
Pendant le carême, le chrétien va au désert, non pas « seul », mais « avec Jésus », pour un choix libre : « pour renouveler le choix de suivre le Christ sur le chemin de l’humilité pour participer à sa victoire sur le péché et sur la mort ».
L’homme se reconnaît « poussière », mais il est aussi une créature « aimée, façonnée par son amour, animée par son souffle vital, capable de reconnaître sa voix, et de lui répondre ; libre, et, pour cela, capable aussi de lui désobéir, en cédant à la tentation de l’orgueil et de l’auto-suffisance. Voilà le péché, maladie mortelle entrée très tôt et qui a pollué la terre bénie qu’est l’être humain », a expliqué le pape.
C’est encore au cœur de l’homme que se joue la conversion : le pape explique que « les « jeûnes », les « pleurs », les « lamentations » (cf. Jl 2,12) et toute expression pénitentielle n’ont de valeur aux yeux de Dieu que s’ils sont le signe de cœurs sincèrement repentis. L’Evangile aussi, tiré du « discours de la montagne », insiste sur l’exigence de pratiquer sa « justice » – aumône, prière, jeûne – non devant les hommes, mais seulement sous le regard de Dieu, qui « voit dans le secret » (cf. Mt 6,1-6.16-18) ».
« La vraie « récompense », insiste le pape, n’est pas l’admiration des autres, mais l’amitié de Dieu et la grâce qui en dérive, une grâce qui donne la paix et force à accomplir le bien, à aimer aussi qui ne le mérite pas, à pardonner à qui nous a offensé ».
Le Christ a remporté cette victoire de la liberté : « Dans le Cœur du Christ, c’est-à-dire au centre de sa Personne divino-humaine, s’est joué, en termes décisifs et définitifs, tout le drame de la liberté, a expliqué le pape. Dieu a porté son dessein de salut jusqu’en ses conséquences exrêmes, en demeurant fidèle à son amour même au prix de livrer son Fils unique à la mort, et à la mort sur la croix. Comme je l’ai écrit dans le message de carême, « ici, la justice divine se montre profondément différente de la justice humaine (…). Grâce à l’action du Christ, nous pouvons entrer dans une justice « plus grande », celle de l’amour (cf. Rm 13, 8-10) » ».