ROME, Mercredi 6 Janvier 2010 (ZENIT.org) – Dans la soirée du jeudi 31 décembre 2009, le pape Benoît XVI a présidé, dans la basilique Saint-Pierre, les premières Vêpres de la solennité de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, et le chant du Te Deum à l’occasion de la clôture de l’année civile. Au cours de la célébration le Saint-Père a prononcé l’homélie suivante :
Chers frères et sœurs !
Au terme d’une année riche d’événements pour l’Eglise et pour le monde, nous nous retrouvons ce soir dans la basilique vaticane pour célébrer les premières vêpres de la solennité de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, et pour élever un hymne d’action de grâce au Seigneur du temps et de l’histoire.
Ce sont, tout d’abord, les paroles de l’apôtre Paul que nous venons d’entendre qui jettent une lumière particulière sur la conclusion de l’année : « Mais lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils; il est né d’une femme… pour faire de nous ses fils » (Ga 4, 4-5).
Cet intense passage paulinien nous parle des « temps accomplis » et il nous éclaire sur le contenu de cette expression. Dans l’histoire de la famille humaine, Dieu a voulu introduire son Verbe éternel en lui faisant assumer une humanité comme la nôtre. A travers l’incarnation du Fils de Dieu, l’éternité est entrée dans le temps, et l’histoire de l’homme s’est ouverte à l’accomplissement dans l’absolu de Dieu. Le temps a été – pour ainsi dire – « touché » par le Christ, le Fils de Dieu et de Marie, et il en a reçu des sens nouveaux et surprenants: il est devenu temps de salut et de grâce. C’est précisément dans cette perspective que nous devons considérer le temps de l’année qui se termine et de celle qui commence, pour placer les événements les plus divers de notre vie – importants ou petits, simples ou indéchiffrables, joyeux ou tristes – sous le signe du salut et accueillir l’appel que Dieu nous adresse pour nous conduire vers un objectif qui se trouve au-delà du temps lui-même: l’éternité.
Le texte paulinien veut également souligner le mystère de la proximité de Dieu avec l’humanité tout entière. C’est la proximité propre au mystère de Noël: Dieu se fait homme et la possibilité inouïe d’être un fils de Dieu est offerte à l’homme. Tout cela nous remplit d’une grande joie et nous conduit à élever notre louange à Dieu. Nous sommes appelés à dire, à travers notre voix, notre coeur et notre vie, « merci » à Dieu pour le don de son Fils, source et accomplissement de tous les autres dons avec lesquels l’amour divin comble l’existence de chacun de nous, des familles, des communautés, de l’Eglise et du monde. Le chant du Te Deum, qui retentit aujourd’hui dans les églises de tous les lieux de la terre, veut être un signe de la joyeuse gratitude que nous adressons à Dieu pour ce qu’il nous a offert dans le Christ. Vraiment, « tous nous avons eu part de sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce » (Jn 1, 6).
En suivant une heureuse tradition, je voudrais ce soir rendre grâce au Seigneur avec vous, en particulier pour les grâces surabondantes qu’il a accordées à notre communauté diocésaine de Rome au cours de l’année qui touche à son terme. Je désire tout d’abord adresser un salut particulier au cardinal-vicaire, aux évêques auxiliaires, aux prêtres, aux personnes consacrées, ainsi qu’aux nombreux fidèles laïcs ici rassemblés. Je salue également cordialement M. le maire et les autorités présentes. Ma pensée s’étend ensuite à tous ceux qui vivent dans notre ville, en particulier ceux qui se trouvent dans des situations de difficulté et d’épreuves: j’assure tous et chacun de ma proximité spirituelle, soutenue par mon souvenir constant dans la prière.
En ce qui concerne le chemin du diocèse de Rome, je renouvelle mon appréciation pour le choix pastoral de consacrer du temps à analyser l’itinéraire parcouru, dans le but de faire grandir le sens d’appartenance à l’Eglise et de favoriser la coresponsabilité pastorale. Pour souligner l’importance de cette analyse, j’ai voulu moi aussi offrir ma contribution, en intervenant, dans l’après-midi du 26 mai dernier, au Congrès diocésain à Saint-Jean-de-Latran. Je me réjouis car le programme du diocèse avance de manière positive à travers une action apostolique ramifiée, qui se déroule dans les paroisses et dans les divers groupes ecclésiaux dans deux domaines essentiels pour la vie et la mission de l’Eglise, tels que la célébration de l’Eucharistie dominicale et le témoignage de la charité. Je désire encourager les fidèles à participer nombreux aux assemblées qui se dérouleront dans les diverses paroisses, de manière à pouvoir apporter une contribution concrète à l’édification de l’Eglise. Aujourd’hui encore, le Seigneur désire faire connaître son amour pour l’humanité aux habitants de Rome et il confie à chacun, dans la diversité des ministères et des responsabilités, la mission d’annoncer sa parole de vérité et de témoigner la charité et la solidarité.
Ce n’est qu’en contemplant le mystère du Verbe incarné que l’homme peut trouver la réponse aux grandes interrogations de l’existence humaine et découvrir ainsi la vérité sur sa propre identité. C’est pourquoi l’Eglise, dans le monde entier et ici aussi, dans l’Urbs, est engagée dans la promotion du développement intégral de la personne humaine. J’ai donc appris avec joie la programmation d’une série de « rencontres culturelles dans la cathédrale », qui auront pour thème ma récente encyclique Caritas in veritate.
Depuis plusieurs années de nombreuses familles, de nombreux enseignants et les communautés paroissiales se consacrent à aider les jeunes à construire leur avenir sur de solides fondements, en particulier sur le roc qui est Jésus Christ. Je souhaite que cet engagement éducatif renouvelé puisse toujours plus réaliser une synergie féconde entre la communauté ecclésiale et la ville pour aider les jeunes à projeter leur vie. Je forme également des voeux pour que le congrès organisé par le vicariat et qui se tiendra au mois de mars prochain apporte une précieuse contribution dans ce domaine.
Pour êtres des témoins faisant autorité de la vérité sur l’homme, une écoute en prière de la Parole de Dieu est nécessaire. A cet égard, je désire surtout recommander l’antique tradition de la lectio divina. Les paroisses et les différentes réalités ecclésiales, également grâce au document de travail préparé par le vicariat, pourront promouvoir de manière utile cette ancienne pratique, de façon à ce qu’elle devienne une partie essentielle de la pastorale ordinaire.
La Parole, crue, annoncée et vécue, nous pousse à des comportements de solidarité et de partage. En louant le Seigneur pour l’aide que les communautés chrétiennes ont su offrir avec générosité à ceux qui ont frappé à leurs portes, je désire encourager chacun à poursuivre l’engagement de soulager les difficultés dans lesquelles se trouvent aujourd’hui encore de nombreuses familles, touchées par la crise économique et le chômage. Que le Noël du Seigneur, qui nous rappelle la gratuité avec laquelle Dieu est venu nous sauver, en en assumant notre humanité et en nous donnant la vie divine, puisse aider chaque homme de bonne volonté à comprendre que ce n’est qu’en s’ouvrant à l’amour de Dieu que l’action humaine change, se transforme, devient levain pour un avenir meilleur pour tous.
Chers frères et soeurs, Rome a besoin de prêtres qui soient des annonciateurs courageux de l’Evangile et, dans le même temps, qui révèlent le visage miséricordieux du Père. J’invite les jeunes à ne pas avoir peur de répondre par le don total de leur propre existence à l’appel que le Seigneur leur adresse à le suivre sur la voie de la prêtrise ou de la vie consacrée.
Je souhaite dès à présent que la r
encontre du 25 mars prochain, 25 anniversaire de l’institution de la Journée mondiale de la jeunesse et 10 anniversaire de celle, inoubliable, de Tor Vergata, constitue pour toutes les communautés paroissiales et religieuses, les mouvements et les associations un moment fort de réflexion et d’invocation pour obtenir du Seigneur le don de nombreuses vocations au sacerdoce et à la vie consacrée.
Alors que nous prenons congé de l’année qui se conclut et que nous avançons vers la nouvelle année, la liturgie d’aujourd’hui nous introduit dans la solennité de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu. La Sainte Vierge est la Mère de l’Eglise et la mère de chacun de ses membres, c’est-à-dire la Mère de chacun de nous, dans le Christ. Demandons-lui de nous accompagner de sa protection attentive aujourd’hui et toujours, pour que le Christ nous accueille un jour dans sa gloire, dans l’assemblée des saints: Aeterna fac cum sanctis tuis in gloria numerari. Amen!
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