Deux élements de la conscience européenne : explications de Benoît XVI

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Audience du mercredi sur la réforme de Cluny

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ROME, Mercredi 11 novembre 2009 (ZENIT.org) – Pour Benoît XVI deux éléments appartiennent à l’héritage clunisien pour la « conscience européenne » : la dignité de la « personne humaine » et le bien primordial qu’est la « paix ». Un patrimoine à redécouvrir à la fois pour « un authentique humanisme » et « l’avenir de l’Europe ».

Benoît XVI a consacré sa catéchèse du mercredi, en la salle Paul VI du Vatican, en ce 11 novembre, anniversaire de l’armistice de 1914-1918, mais aussi en ce XXe anniversaire de la Chute du Mur de Berlin, qui allait réunifier l’Europe, à la grande réforme issue de l’abbaye de Cluny, au XIIe s.

La valeur de la personne humaine

« Dans la conscience des peuples de l’Europe grandissait ainsi ce processus de longue gestation, qui allait conduire à la reconnaissance, de manière toujours plus claire, de deux éléments fondamentaux pour la construction de la société : la valeur de la personne humaine et le bien premier de la paix », a expliqué Benoît XVI dans sa catéchèse en italien sur le mouvement clunisien.

Benoît XVI a souligné en outre la contribution de Cluny – et des moines en général – au développement matériel de l’Europe : « Comme ce fut le cas pour d’autres fondations monastiques, les monastères clunisiens disposaient de vastes propriétés qui, exploitées avec diligence, contribuèrent au développement de l’économie ».

Il a également relevé l’impact culturel et éducatif des centres monastiques : « A côté du travail manuel, ne manquèrent pas certaines activités culturelles typiques du monachisme médiéval comme les écoles pour les enfants, la constitution de bibliothèques, les scriptoria pour la transcription des livres ».

Par conséquent, Benoît XVI souligne la « contribution importante et précieuse » – « y a mille ans, alors que la formation de l’identité européenne était en plein développement » – de cette « expérience clunisienne, diffusée dans de vastes régions du continent européen ».

Le pape souligne l’équilibre du rapport entre Dieu et l’homme, indissolublement liés, apporté par cette « expérience » : à la fois parce qu’elle « a rappelé le primat des biens de l’esprit » et qu’elle « a tenu en éveil la tension vers les choses de Dieu » et parce qu’elle a « inspiré et favorisé des initiatives et des institutions pour la promotion des valeurs humaines » et qu’elle « a éduqué à un esprit de paix ».

L’avenir de l’Europe

Benoît XVI souligne l’actualité de cette œuvre clunisienne pour l’Europe de demain en invitant à prier pour que « tous ceux qui ont à cœur un authentique humanisme et l’avenir de l’Europe sachent redécouvrir, apprécier et défendre le riche patrimoine culturel et religieux de ces siècles ».

Le pape avait tout d’abord insisté – il l’a résumé ainsi en français – sur la spiritualité profonde de Cluny, ancrée dans le silence et la liturgie : « Au début du douzième siècle, l’Ordre de Cluny, en revitalisant la Règle de saint Benoît, a contribué à un profond renouvellement de la vie monastique, garantissant le rôle central que la Liturgie occupe dans la vie chrétienne et accentuant l’importance du silence pour protéger et alimenter le climat de prière ».

Or Cluny fit école dans toute l’Europe : « De nombreux monastères se lièrent à Cluny, esquissant ainsi une Europe de l’esprit. Le succès de cet Ordre est dû à sa haute spiritualité, mais aussi à l’encouragement des Papes aux idéaux qu’il poursuivait pour la purification et le réveil de la vie monastique ».

En cette Année sacerdotale – à l’occasion du 150e anniversaire de la mort du saint curé d’Ars – le pape souligne les bienfaits de cette réforme spécialement « pour le renouveau de la vie sacerdotale dans l’Eglise ».

Il souligne aussi le développement d’une culture de la charité concrète et de la paix : « Elle permit un développement des œuvres de charité et, dans un monde fortement marqué par la violence, elle institua ‘la trêve de Dieu’ et ‘la paix de Dieu’. »

Un courageux prophète de la paix

Benoît XVI lui-même chérit la paix de façon spéciale. Certes il a pris le nom de saint Benoît dont la devise est « Pax », mais il a aussi expliqué sa grande estime du pape Benoît XV qui a fait tous ses efforts pour empêcher la première guerre mondiale dont il parlait comme d’une « boucherie inutile ».

Ainsi, le 27 avril 2005, pour la première audience générale de son pontificat, Benoît XVI avait d’emblée déclaré vouloir « participer à la réconciliation et à l’harmonie entre les hommes et entre les peuples ».

En anglais, il disait avoir choisi son nom en souvenir de Benoît XV qui s’est montré « courageux prophète de paix qui a guidé l’Eglise pendant les temps troublés de la guerre ». Celui-ci a en effet été élu en 1914.

En allemand, le pape rappelait que Benoît XV a fait tout ce qui était en son pouvoir « pour empêcher la première guerre mondiale ».

En espagnol, il reprenait ce terme d’« authentique prophète de la paix devant le drame de la première guerre mondiale ».

En italien, le pape disait voir en Benoît XV un « courageux et authentique prophète de paix qui s’est employé avec un courage intrépide tout d’abord pour éviter le drame de la guerre puis pour en limiter les conséquences néfastes ».

En français, il expliquait ainsi le choix de son nom : « J’ai choisi le nom de Benoît en référence à Benoît XV, qui a guidé l’Église dans la période tourmentée de la première guerre mondiale. Sur ses traces, je désire participer à la réconciliation et à l’harmonie entre les hommes et entre les peuples ».

Son nom, le pape disait aussi l’avoir choisi en référence à saint Benoît de Nursie. « Le nom de Benoît évoque aussi, disait-il, le père du monachisme occidental, co-patron de l’Europe, particulièrement vénéré dans mon pays et surtout en Bavière ».

« Que la recherche de la contemplation du mystère de Dieu qui anima les moines de Cluny soit aussi pour vous aujourd’hui un stimulant sur votre chemin vers Dieu et vers vos frères. Que Dieu vous bénisse ! », a conclu ce matin Benoît XVI, spécialement à l’adresse des francophones présents à l’audience.

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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