Quel modèle d’intégration pour l’immigré d’aujourd’hui?

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Débats au VIème congrès mondial de la pastorale pour les migrants

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ROME, Mardi 10 novembre 2009 (ZENIT.org) – « Quand on parle d’intégration, veut-on dire par là que l’immigré doit s’adapter au modèle de la vie locale, jusqu’à devenir une copie de l’autochtone, négligeant ses propres et légitimes racines culturelles? ». 

C’est la question soulevée par Mgr Agostino Marchetto, secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, durant les travaux du VIème congrès mondial de la pastorale pour les migrants et les réfugiés sur le thème : « Une réponse pastorale au phénomène migratoire à l’ère de la mondialisation. Cinq ans après Erga migrantes caritas Christi » qui s’est ouvert lundi au Vatican. 

S’il en était ainsi, a poursuivi Mgr Marchetto, « l’immigré serait assimilé et non intégré » et cette assimilation ne peut qu’« entraîner un appauvrissement également de la société d’accueil, dans la mesure où ce que l’immigré apporte à la société qui l’accueille, au plan culturel et humain, se retrouve minimisé, si ce n’est annulé ». 

Il peut même arriver qu’« aux prises avec un nouvel environnement l’immigré prenne plus que jamais conscience de sa propre identité », finissant par rechercher « compagnie et sécurité parmi ceux qui viennent de sa même nation ou sont issus de la même culture », courant alors le risque « de former un ghetto et de connaître une certaine marginalisation ».

« Il faut se rappeler, a souligné le secrétaire du Conseil pontifical pour les migrants et les personnes en déplacement, que la route de l’intégration n’est pas une route à sens unique ». Il ne s’agit en effet pas d’un chemin que seul l’immigré doit parcourir mais également « la société d’arrivée qui, à son contact, découvre sa ‘richesse’, saisissant les valeurs de sa culture ». 

Par conséquent, « la vraie intégration se réalise là où l’interaction entre les immigrés et la population autochtone ne se limite pas aux seuls domaines économique et social, mais se manifeste partout, s’étendant également au domaine culturel ». La disponibilité des deux parties est nécessaire car c’est « le dialogue qui est le moteur de l’intégration », et le dialogue suppose « un rapport réciproque ». 

« Dans le monde actuel, a déclaré pour sa part l’économiste Stefano Zamagni, on assiste à ce qu’on appelle le ‘syndrome de Johannesburg’, selon lequel les ‘riches’ doivent se défendre des ‘pauvres’, en réduisant ou entravant leurs déplacements ».  

D’où ce « paradoxe déconcertant » qui fait que « si d’un coté la mondialisation économique accélère et magnifie la liberté du transfert de biens et de capitaux, de l’autre elle entrave les mouvements des personnes ». Une « nouvelle rhétorique » a fait son apparition et se répand au niveau culturel qui consiste à attribuer aux migrants la responsabilité « des crises sociales et des nouvelles peurs collectives » et de les percevoir comme « une menace sérieuse contre la sauvegarde des identité nationales ».  

C’est pourquoi, a ajouté Stefano Zamagni « le problème migratoire et celui de la sécurité sont liés ». 

Tout ceci, auquel il faut ajouter les erreurs commises dans les politiques gouvernementales, « est le fruit d’une ignorance, c’est-à-dire d’un manque de connaissance du phénomène migratoire ». On estime, par exemple « qu’il faut bloquer les frontières de nos pays à l’immigration et promouvoir plutôt le développement dans les pays de départ pour que le phénomène s’arrête ».  

Or, « s’il est vrai, a déclaré l’économiste, qu’il est important d’investir dans le développement des pays pauvres, les études montrent pourtant que les effets du développement, produisant une baisse des migrations, ne se manifestent qu’après un certain temps. Dans la première phase de ce processus, la pression migratoire, au contraire, augmente ». 

De plus, « la traditionnelle distinction entre pays d’origine, pays de transit et pays de destination, n’a plus de sens ». « Les pays du bassin méditerranéen, a expliqué Stefano Zamagni, en sont un exemple : l’Afrique du nord, en effet, considérée terre de départ est devenue terre de transit et s’apprête à devenir terre de destination. En 10-20 ans le phénomène de la mobilité migratoire a changé du tout au tout ». 

Une chose est claire : « Pour toutes ces raisons, le phénomène migratoire, a conclu Stefano Zamagni, n’est plus gérable individuellement, pays par pays. Il faut accélérer la mise en place d’une autorité pour les migrations au niveau mondial qui ait le pouvoir d’édicter des règles et de les faire respecter en cas de défaillance de la part des Etats ». 

Chiara Santomiero 

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ZENIT Staff

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