ROME, Jeudi 9 juillet 2009 (ZENIT.org) - Pour améliorer la santé mondiale, une « approche éthique » du développement est nécessaire, déclare Mgr Tomasi qui plaide notamment pour le respect du « droit à la vie ».
Mgr Silvano M. Tomasi, représentant permanent du Saint-Siège aux Nations Unies à Genève est intervenu le 9 juillet lors de la session du Conseil économique et social (ECOSOC).
« Une approche éthique du développement est nécessaire, qui implique un nouveau modèle de développement global centré sur la personne humaine plus que le profit, et incluant les besoins et les aspirations de toute la famille humaine », fait observer Mgr Tomasi.Il souligne que la délégation du Saint-Siège tient à attirer l'attention sur le fait que pour répondre aux « défis » que pose la crise économique « aux efforts mondiaux visant à assurer un accès universel aux soins de santé », il faut davantage que des solutions financières.
Mgr Tomasi cite ce passage de la nouvelle encyclique de Benoît XVI, Caritas in Veritate : « L'activité économique ne peut résoudre tous les problèmes sociaux par la simple extension de la logique marchande. Celle-là doit viser la recherche du bien commun, que la communauté politique d'abord doit aussi prendre en charge » (n. 36).
En effet, Mgr Tomasi fait observer que « la communauté internationale bataille pour « trouver des solutions à la crise économique et financière que l'avidité et le manque de responsabilité éthique » ont provoquée.
L'archevêque souligne les conséquences de la crise : pauvreté nouvelle, perte d'emplois, malnutrition, suffocation du développement, qui « frappent les groupes les plus vulnérables » et réclament pour cela des réponses efficaces urgentes.
Pourtant, Mgr Tomasi fait aussi observer que pour assurer « la santé pour tous », procurer les médicaments qui sauvent des vies, améliorer la santé mondiale, et promouvoir une réponse globale, il faut aussi promouvoir « l'impératif moral de la solidarité ».
Il faut aussi « respecter et promouvoir le droit à la vie », « de la conception à la mort naturelle », quelle que soit « la race, le handicap, la nationalité, la religion, le sexe, le statut socio-économique ».
« Si l'on ne place pas la promotion de la vie au centre des décisions » concernant les soins de santé, on obtient une société qui limite « le droit absolu de l'individu à des soins de santé et à la vie », à sa « capacité de payer », la perception de sa « qualité de vie », et à d'autres « décisions subjectives » qui « sacrifient la vie et la santé » à d'autres « avantages sociaux, économiques et politiques à court terme », avertit Mgr Tomasi.
D'autre part, les effets de la crise sont augmentés par la pandémie de la grippe A (A-H1N1), qui expose davantage aux risques les populations dénutries.
Mgr Tomasi cite les chiffres très inquiétants de la Banque mondiale qui estime qu'en 2009, « 53 ou 65 millions de personnes seront à leur tour victimes de la pauvreté extrême et que le nombre des personnes souffrant chroniquement de la faim devrait atteindre un milliard, dont 800 millions dans des zones rurales, là où la santé publique » est la pire.
C'est pourquoi Mgr Tomasi insiste sur l'esprit de « justice » - plus que de « solidarité » - qui doit présider aux décisions de ne pas réduire les services publics - en vue d'un bénéfice à court terme - : ceci produirait, à long terme un « coût humain » élevé.
Plus encore, c'est une voie de sortie de la crise : « l'aide au développement doit être maintenue, déclare Mgr Tomasi, et même augmentée, en tant que facteur essentiel au renouveau de l'économie » et pour « sortir de la crise ».
Le Saint-Siège indique un autre « obstacle » au progrès de la santé : les « inégalités » existant entre les pays et dans un même pays entre les groupes ethniques ou raciaux, et entre hommes et femmes. « Les femmes continuent, tragiquement, dans de nombreuses régions à recevoir les soins de santé les plus pauvres », a déploré Mgr Tomasi.
Il rappelle que l'Eglise catholique soutient financièrement 5.378 hôpitaux, 18.088 cliniques, 15 .448 maisons pour les personnes âgées et d'autres programmes de santé, dans le monde entier mais « surtout dans les régions les plus isolées et marginalisées et au milieu de populations qui n'ont pas souvent accès aux soins de santé » gouvernementaux.
Et de citer l'Afrique où l'Eglise a choisi de rester aux côtés des plus pauvres du continent, de façon à défendre « la dignité inhérente » à toute personne humaine.
Mgr Tomasi insiste sur le principe de « subsidiarité » (dont Benoît XVI parle longuement dans son encyclique) pour réussir à assurer la mise en œuvre du « droit humain aux soins de santé de base » et dans ce sens, il souligne l'importance des organisations catholiques et des autres organisations confessionnelles, spécialement, par exemple dans la lutte contre le SIDA. Mais Mgr Tomasi déplore que l'aide qu'elles reçoivent ne soit pas « équitable » c'est-à-dire proportionnelle au service qu'elles assurent auprès des personnes.
Anita S. Bourdin